
Suivre l’intégralité des décisions du nouveau gouvernement américain en matière de sciences est un défi déprimant. Nature annonce ce 26 mars que les fonds dédiés à la recherche sur le covid-19 sont désormais réduits. Ces fonds «ont été émis dans un but limité : pour améliorer les effets de la pandémie», selon un document interne du National Institute of Health (NIH) que Nature a consulté. «Maintenant que la pandémie est terminée, les subventions ne sont plus nécessaires».
Le NIH, le plus grand bailleur de fonds public mondial pour la recherche biomédicale, a accordé des subventions à près de 600 projets qui comprennent «covid» dans le titre, pour près de 850 millions de dollars. Selon Nature, ces projets représentent près de 2 % du budget de 47 milliards de dollars du NIH. De leur côté, les Centers for Disease Controls (CDC) prévoient d’annuler 11,4 milliards de dollars de fonds pour la lutte pandémique, selon CNN, fonds dédiés aux agences d’États et au secteur de la santé pour la réponse au covid (testing, vaccination), mais aussi pour en tirer les enseignements et se préparer contre de futures pandémies.
Sale temps pour la santé publique
«La pandémie de covid-19 est terminée, et le département de la Santé et des Services sociaux (HHS) ne gaspillera plus des milliards de dollars des contribuables pour répondre à une pandémie inexistante dont les Américains se sont remis il y a des années. Le HHS accorde la priorité au financement de projets qui permettront de concrétiser le mandat du président Trump : lutter contre l’épidémie de maladies chroniques et « rendre l’Amérique en bonne santé » (Make America Healthy Again)», a déclaré le ministère de la Santé et des Services sociaux dans un communiqué.
Ces annonces continuent de sidérer la communauté scientifique américaine, mais aussi internationale (lire notre édito). «C’est un coup dévastateur porté à la santé publique», selon Brian Castrucci, président de la Fondation de Beaumont, une ONG qui soutient le secteur de la santé publique. Le 5 mars, le NIH avait déjà suspendu près de 400 subventions, notamment pour des projets portant sur les populations transgenres, l’identité de genre, la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI), ainsi que la justice environnementale.
Pour Nature, «ces décisions à grande échelle sont sans précédent ; le NIH ne met généralement fin qu’à quelques dizaines de projets chaque année en réponse à de graves préoccupations au sujet de fautes commises par la recherche ou la fraude – et ne le fait qu’en dernier recours, après avoir pris d’autres mesures».