Aucun traitement ou vaccin n’est encore disponible contre le virus Nipah, se transmettant de l’animal à l’être humain, par l’intermédiaire d’aliments contaminés ou directement entre individus. Identifié pour la première fois en 1999 en Malaisie, le virus s’est depuis propagé régulièrement par flambées au Bangladesh et en Inde. La mortalité liée à ces flambées épidémiques est estimée entre 75 et 90 % avec un tableau clinique allant de l’infection asymptomatique à l’encéphalite mortelle en passant par l’infection respiratoire aiguë.
Lors du déclenchement de la première épidémie, en 1998, le virus Nipah avait tué plus de 100 personnes en Malaisie et entraîné l’abattage d’un million de porcs dans le but de contenir la maladie. L’épidémie s’était propagée à Singapour, avec 11 cas et un décès parmi les travailleurs des abattoirs entrés en contact avec des porcs importés de Malaisie. En 2001, le Bangladesh et l’Inde enregistrent leurs premières épidémies : plus de 100 personnes décèdent au Bangladesh ; l’Inde recense plus de 50 décès, notamment dans l’État du Kerala. Le virus a refait son apparition depuis août 2023 dans cet État indien, qui a enregistré deux décès et des cas positifs, faisant craindre une nouvelle épidémie mondiale.
La candidat vaccin CD40.NiV
Dans ce contexte, une équipe composée de chercheurs de l’Inserm (Unité 955-VRI) et de l’Université Paris-Est Créteil présente les résultats précliniques d’un vaccin innovant contre ce virus. Quand la plupart des candidats-vaccins cible des protéines de surface du virus nécessaires à son entrée dans les cellules humaines (protéines G et F), celui-ci baptisé CD40.NiV fait intervenir les cellules présentatrices d’antigène (CPA), en particulier les cellules dendritiques, qui jouent un rôle important dans la réponse immunitaire. Pour la construction du vaccin CD40.NiV, des parties spécifiques (ou épitopes) des protéines G, F et N du virus Nipah de la souche du Bangladesh (NiV-B) ont été attachées à un anticorps reconnaissant les récepteurs CD40 présents à la surface des cellules dendritiques.
L’étude préclinique a démontré que le candidat-vaccin CD40.NiV confère une protection contre le développement du virus Nipah, avec une survie de 100 % des animaux immunisés jusqu’à la fin de l’étude, soit 28 jours après l’infection. L’absence de signes cliniques significatifs ou de réplication du virus suggère que le candidat-vaccin procure une « immunité stérilisante », c’est-à-dire qu’il peut prévenir la maladie et sa transmission. Ces résultats sont très prometteurs pour lutter contre l’infection par le Nipah, selon l’ANRS. Ils représentent une étape importante vers le développement clinique d’un vaccin.
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