Entre fin mai et début juillet 2023, sept cas de paludisme liés à une transmission locale ont été confirmés en Floride et au Texas, une situation inédite depuis deux décennies. Ces cas inhabituels dans deux territoires éloignés géographiquement ont incité les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) à lancer une alerte au niveau national afin d’informer le personnel de santé et les autorités sanitaires de l’existence de ce risque ré-émergent.
Environ 2000 personnes contractent la malaria chaque année aux États-Unis, mais ces cas sont généralement liés à des voyages à l’étranger. Le paludisme était un grave problème de santé publique aux États-Unis jusqu’à son élimination dans les années 1950, principalement par pulvérisation de l’insecticide DDT pour tuer les moustiques qui le propageaient. Aucun cas de paludisme transmis localement n’a pas été observé aux États-Unis depuis 2003, où huit cas avaient été identifiés dans le comté de Palm Beach, en Floride.
Les personnes affectées en Floride et au Texas, elles, n’avaient pas voyagé à l’étranger, ce qui indique que la transmission s’est produite sur le sol états-unien. Pour que cette transmission locale de la malaria ait lieu, une personne doit avoir été infectée à l’étranger et revenue aux États-Unis, piquée par un vecteur (le moustique) et que ce vecteur pique et infecte une nouvelle victime (ces derniers cas identifiés). Ceci dans un environnement propice à la rencontre des personnes et du vecteur.
Plasmodium vivax
Le paludisme, appelé aussi malaria, est une protozoose potentiellement mortelle transmise par les moustiques femelles du genre Anopheles. Les parasites protozoaires du genre Plasmodium sont transmis à l’homme par la piqûre de moustiques infectés. Il existe cinq espèces de Plasmodium qui infectent habituellement l’homme, le plus dangereux étant Plasmodium falciparum, très répandu en Afrique sub-saharienne. Les Plasmodium s’attaquent aux hématies (globules rouges) et provoquent des anémies sévères, principale cause de mortalité, avec le neuropaludisme chez les enfants et les jeunes adultes infectés.
Dans les cas locaux récemment identifiés, l’espère responsable de l’infection (comme en 2003) est Plasmodium vivax, qu’on trouve couramment en Asie du Sud-Est et en Amérique latine. Moins dangereux que falciparum, vivax peut toutefois provoquer des symptômes sévères et potentiellement mortels, comme des œdèmes cérébraux, des congestions pulmonaires ou des insuffisances rénales.
L’incertitude demeure quant aux causes exactes de ces transmissions locales. Bien qu’elles puissent n’être que passagères, le changement climatique et la modification des conditions météorologiques favorisent la migration des moustiques vers de nouveaux territoires, permettant ainsi au paludisme de s’installer dans des zones où il était auparavant absent.
S’il est trop tôt pour s’inquiéter d’une propagation généralisée du paludisme aux États-Unis, ces cas soulèvent des questions de santé publique et appellent à une vigilance accrue quant à la possibilité de nouvelles transmissions locales.