Alors que nous sommes entrés dans une énième période charnière de la «guerre au Covid» nous subissons un autre phénomène: celui des poupées russes –peut-on encore utiliser ce terme?– d’invisibilité. Ou comment la guerre en Ukraine invisibilise la lutte contre le CovidCovid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. qui invisibilise la campagne électorale française et ses enjeux sanitaires (défense de l’hôpital public, déserts médicaux, droit à mourir dans la dignité, lutte contre les maladies rares, le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. le cancer et toutes les politiques de réduction des risques).
Quand défilent sur les chaînes d’information continue, sous les images du désastre ukrainien, les chiffres de la pandémie Covid-19Covid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. qui se poursuit, pas un mot sur les autres maladies. Rien sur le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. les hépatites et l’impact négatif de la crise sur le dépistage et le traitement. Et puisqu’il est question de l’Ukraine, rappelons la situation de ce pays avant cette guerre monstrueuse: environ 250 000 personnes y vivent avec le VIH (pour 44 millions d’habitants), soit la deuxième prévalencePrévalence Nombre de personnes atteintes par une infection ou autre maladie donnée dans une population déterminée. après la Russie pour cette région d’Asie centrale et Europe de l’Est; dont 50% seulement sous antirétroviraux, 5% de prévalence VHC (2 millions de personnes) majo- ritairement liée aux consommations de drogues… Tout l’effort gouvernemental –l’Ukraine avait élaboré une stratégie nationale en matière de drogue pour la période 2021-2030 davantage axée sur les personnes et les droits de l’Homme– et la riposte communautaire aidée par les associations, du Fonds mondial à Sidaction en passant par le groupe Pompidou du Conseil de l’Europe, sera aussi à reconstruire.
Cette nouvelle édition de Swaps spécial «élection présidentielle» atteste que pendant les «guerres», la recherche de l’information et son analyse critique se poursuit. Une nouvelle fois, après avoir tenté l’expérience en 2002, puis en 2007 (p. 5), Swaps a soumis les candidats à l’approche sanitaire des drogues et à la question de la RdR. Contrairement à 2002 et 2007, nous avons eu surtout des… non-réponses. Y compris de candidats placés en tête des sondages et ce, malgré des relances personnalisées. Mais nous ne désespérons pas d’obtenir les réponses des candidates et des candidats du second tour, qui seront publiées comme les autres sur Vih.org. Merci donc aux équipes de campagne de Nathalie Arthaud, Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon. Malgré cette invisibilité actuelle de la santé publique et plus précisément de la RdR, en dehors de la gestion de la crise sanitaire, et sans doute plutôt à cause d’elle, nous avons voulu rendre compte de ces réponses partielles sur une thématique qui est le cœur éditorial de Swaps. Et d’idées, les candidats n’en manquent pas. Elles sont détaillées en p. 8 et sq.
Au-delà de la question spécifique du cannabis, nous avons tenté d’analyser la question des drogues à l’aune des différents courants politiques. Pour cela la rédaction de Swaps s’y est mise à plusieurs : «impressions de campagne» au sujet du cannabis (p. 16), saga historique d’Alexandre Marchant (p. 18) sur l’élan donné par la droite, en «père fouettard de papier» à la RdR. Et ce, autour de personnages politiques clés, de Michèle Barzach à Jean-François Mattei en passant par Nicole Maestracci, décédée le 6 avril et qui dirigea la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie de 1998 à 2002 (p. 30). Alors, «la RdR est-elle de gauche ou de droite»? Réponse p. 25 avec l’article de Fabrice Olivet. Il secoue au passage ce qu’il nomme «l’addictologie universitaire» qui «propose une explication des choses prétendument apolitique qui se traduit dans les faits par une répression normative». Vaste débat rouvert par cette 101e livraison de Swaps. Alors que, comme en écho, est sorti le 17 mars dernier, dans la plus grande discrétion, le rapport chemsexChemsex Le chemsex recouvre l’ensemble des pratiques relativement nouvelles apparues chez certains hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), mêlant sexe, le plus souvent en groupe, et la consommation de produits psychoactifs de synthèse. 1Gilles Pialoux est un des co-rédacteurs du rapport «Chemsex». confié au Pr. Amine Benyamina où précisément la mainmise de l’addictologie sur ce sujet n’est pas sans soulever des critiques (voir page 42).
Enfin ce copieux numéro de Swaps fait aussi le point sur l’industrie du jeu d’argent (p. 36), sur les saisies «historiques» de cocaïne en 2021 (p. 40). Et dans le paysage politique actuel qui inquiète les professionnels de la RdR et les associations, Swaps revient sur l’historique de la MILT>DGLDT>MILDECA et sur les enjeux pour cette institution dans l’après 24-avril (p. 30). Où la courbe décroissante du budget alloué à la mission ressemble étrangement aux intentions de vote de certains candidats à l’élection présidentielle qui n’ont pas daigné nous répondre…
A nos lecteurs
Précision : le compte-rendu de l’ouvrage de Bertrand Leibovici intitulé «Drogues, vers un nouveau monde», publié dans ce numéro 101-102 de Swaps, a été rédigé sur la base d’une version provisoire spécialement tirée à cinquante exemplaires pour le colloque ATHS qui s’est tenu à Biarritz du 19 au 22 octobre 2021.