Efficacité sanitaire et impact «sur la tranquillité et l’ordre publics», les HSA au rapport

Le Média social a révélé le 10 décembre 2024 le rapport, daté d’octobre 2024, des deux inspections générales sur les haltes soins addictions, appelant à les inscrire dans le droit commun. Un rapport que le gouvernement de Michel Barnier n’a pas trouvé le temps de publier…

« L’expérimentation » des haltes soins addictions (HSA) devant s’achever à la fin de l’année 2025, les ministères de l’Intérieur et de la Santé ont commandité un rapport aux deux inspections générales de l’administration (IGA) et des affaires sociales (Igas) pour les évaluer, sur les plans de l’efficacité sanitaire et de l’impact sur la tranquillité et l’ordre publics. Leur rapport, rendu en octobre dernier, salue le dispositif, jugé utile « pour préserver la vie et la santé des personnes consommatrices de drogues dans l’espace public, mais également pour la tranquillité publique dans les quartiers concernés ».

Implantation et nombre de espaces de consommation supervisée dans l’Union
européenne (2023)
Carte: Implantation et nombre de espaces de consommation supervisée dans l’Union européenne (2023).
Source: European Network of Drug Consumption Rooms (ENDCR) and Correlation – European Harm Reduction Network (C-EHRN), rapport de l’IGAS et de l’IGA.

Diverses, mais efficaces

«Depuis 2016, seules deux HSA ont été ouvertes, à Paris et à Strasbourg ; elles accueillent 1 600 personnes, soit moins de 1 % des 342 000 usagers problématiques de drogues estimés en France en 2023», écrivent les rapporteurs. Les deux salles présentent des caractéristiques différentes: avec une file active similaire en 2023 (autour de 800 usagers dans chaque salle), il y a huit fois plus de consommations à Paris (194 par jour vs 25 à Strasbourg, où les usagers inscrits fréquentent moins souvent la salle). Le public accueilli est en situation de grande précarité (79% des usagers parisiens sont sans domicile fixe), pour lesquels «les stupéfiants permettant d’apaiser les conséquences les plus immédiates de la vie à la rue (troubles anxieux, insécurité, froid ou faim)».

La salle de Strasbourg, située dans l’enceinte des hôpitaux universitaires, propose 20 places d’hébergement depuis 2021 (expérimentation au titre de l’article 51), elle accueille aussi les inhalateurs. Celle de Paris installée à l’extérieur de l’hôpital Lariboisière est ouverte uniquement aux injecteurs depuis 2020. Même si le plan crackCrack Le crack est inscrit sur la liste des stupéfiants et est la dénomination que l'on donne à la forme base libre de la cocaïne. Par ailleurs, ce dernier terme est en fait trompeur, car le mot cocaïne désigne en réalité le chlorhydrate de cocaïne. L'origine du mot 'crack' provient du craquement sonore qu'il produit en chauffant. (lire notre article) prévoyait une mise à l’abri des inhalateurs, le manque de places d’hébergement accompagné en aval ne permet pas de répondre à tous les besoins. Les responsables de la salle de Paris estiment que « ce dispositif serait complètement sous-dimensionné au regard de l’agglomération, alors même que la file active des injecteurs ne cesse d’augmenter. »

Réduction de tous les risques

Rappelant les données des évaluations précédentes, notamment celle de l’Inserm en 2021 (lire notre article), les inspecteurs estiment que les HSA remplissent leur mission sanitaire, en réduisant « les risques infectieux, les surdoses et les affections somatiques » et permettant par ailleurs une surveillance des nouveaux usages. À ce titre, la mission recommande d’intégrer les HSA dans les dispositifs de veille sanitaire pilotés par l’OFDT.

En diminuant les consommations de rue, « les salles améliorent la tranquillité publique », rappelle aussi la mission, même si avec une seule salle à Paris, contre 7 à Berlin ou 4 à Hambourg, des consommations dans l’espace public demeurent. Dans un contexte de consommation croissante notamment de cocaïne, le rapport appelle à mener l’expérimentation à son terme et dès aujourd’hui, il recommande d’inscrire les HSA dans le droit commun et d’ouvrir de nouveaux espaces.

Plus de 170 personnes ont été auditionnées: usagers, associations de riverains, professionnels des HSA et de la réduction des risques, représentants de la police et de la justice, élus locaux et responsables institutionnels… Gaïa Paris et Ithaque, associations gestionnaires des deux salles existantes, réaffirment dans un communiqué commun avec la Fédération Addiction «leur engagement auprès des usagers, des riverains et des institutions, et appellent à modifier la loi afin de pérenniser cet outil».