Rappelant que les pays voisins européens ont assoupli leur législation, que l’Uruguay et plusieurs États américains ont légalisé, ils constatant que «la France est à la traîne». Sauf en matière de consommation, car les données de l’OFDT montrent une forte consommation: «de 18 à 64 ans, un Français sur deux a déjà expérimenté le cannabis, et un adulte sur neuf est un usager régulier. A 17 ans, 48 % des jeunes en ont déjà pris».
Pour désengorger les tribunaux, et faire preuve de pragmatismes, les signataires enjoignent les «pouvoirs publics à agir. Et vite».
Parallèlement, le Conseil d’analyse économique, organisme dépendant directement du Premier ministre, apporte des arguments chiffrés qui vont dans le sens de la légalisation: elle apporterait 2,8 milliards d’euros de recettes fiscales annuelles, avec la création d’une «filière cannabis», c’est-à-dire la culture et la commercialisation contrôlées par l’État et un gramme vendu 9 euros. Cette filière pourrait en outre représenter jusqu’à 80 000 emplois.
La légalisation permettrait en outre d’économiser 919 millions d’euros par an (dépenses liées aux actions policières ou judiciaires). Les auteurs du rapport plaident pour que l’argent ainsi gagné aille à la politique de la ville et à l’éducation afin de «réinscrire les populations vivant de l’économie de subsistance actuellement offerte par le cannabis dans le champ d’une économie sans violence et légale.»
Dernière pierre apportée au débat, une proposition de loi est déposée le 20 juin, par le député François-Michel Lambert, relative à «la légalisation contrôlée de la production, de la vente et de la consommation de cannabis». Le texte, cosigné par 22 députés dont sept de La République en marche, prévoit la création d’une Société d’exploitation du Cannabis (SECA), qui aurait le monopole de la production et de la vente.