L’étude ANRS AERLI (Accompagnement et Education aux Risques Liés à l’Injection) est réalisée conjointement par l’association AIDES, Médecins du Monde et l’Inserm U912 (Marseille).
Les sessions d’accompagnement ont été réalisées sur une période de 12 mois auprès de 113 usagers de drogue par voie intraveineuse, répartis sur 8 centres en France. 127 autres usagers répartis dans 9 autres centres ont constitué le groupe témoin de l’étude. On observe parmi les usagers qui ont bénéficié d’AERLI :
Une diminution de plus de 40 % en 6 mois des pratiques à risque de contamination et de transmission infectieuse (VIH et VHC)
Une diminution de plus de 40 % en 12 mois des complications observées sur les points d’injection (abcès, infection…)
En une année, le dispositif d’accompagnement a su faire évoluer les pratiques des usagers vers une réduction remarquable des risques infectieux et des dommages.
— Accompagnement à l’injection: Les résultats sont là, l’urgence sanitaire aussi, Séronet.
«En comparaison avec le groupe témoin, nous observons un effet majeur de l’éducation par les pairs sur les pratiques à risque de transmission infectieuse, commente Patrizia Carrieri (Inserm U912).C’est d’autant plus intéressant qu’une grande partie de ces injecteurs de drogues reste en marge du système de soins.»
Ce type d’intervention présente deux autres intérêts : son coût est peu élevé et il est facile à mettre en place dans les structures d’accueil et de soins des consommateurs de drogues par voie intraveineuse.
«Cet essai démontre aussi la pertinence des démarches de santé communautaire, y compris dans le domaine de la recherche, car le modèle d’intervention testé ici est directement issu des pratiques d’accompagnement par les pairs propres aux associations comme AIDES et Médecins du Monde » déclarent Jean-Marie Le Gall, AIDES et Marie Debrus, Médecins du Monde.
«Compte tenu des bénéfices observés,indique le Pr Jean-François Delfraissy,directeur de l’ANRS (France REcherche Nord&sud Sida-hiv Hépatites), il est désormais envisageable d’implanter à plus grande échelle l’intervention communautaire et ainsi de renforcer la réduction des risques parmi les usagers de drogues. Ce type d’intervention pourrait également être très utile dans les pays où la population des usagers de drogues est importante et très concernée par le risque de contamination par le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. et l’hépatite C.»
— Usagers de drogues: Une nouvelle stratégie pour réduire les risques infectieux, Médecins du Monde.
Entre le lancement du projet AERLI et la fin de cette expérimentation, qu’est-ce qui vous a le plus surpris, le plus marqué concernant cette recherche?
Evidemment, il est toujours un peu marquant de voir la réaction de certains décideurs face à une intervention qui montre pourtant des bénéfices réels en santé publique, même si cela n’est pas surprenant. Il s’agit ici d’une intervention très innovante car elle fait participer d’une part les pairs et d’autre part l’usager lui-même, mais cette évaluation scientifique montre que cette intervention audacieuse permet d’avoir un impact positif sur la santé de cette population et, à plus long terme, des bénéfices pour la collectivité. Les médecins se sentent dépossédés de leur mission de soignant avec une intervention réalisée en milieu très peu médicalisé par des intervenants non médicaux. Cependant, pour voir un passage en grand de cette intervention, la mise en place d’un groupe de travail incluant des médecins sera fondamentale afin de garantir le cadre le plus adapté et le plus efficace pour cette population.
Pour les associations, ces résultats sont la preuve que cette nouvelle dynamique dans la recherche basée sur l’approche communautaire est pertinente et doit être développée pour les usagers de drogues mais aussi appliquée à d’autres domaines.
— AERLI : « Il est crucial de faire perdurer ce type de service dédiés aux injecteurs », Aides.
Le coût peu élevé de cette démarche est un argument de poids, alors que les investissements envers les usagers de drogues injectables sont encore drastiquement insuffisants :
Les investissements internationaux dans les programmes de réduction des risques pour les personnes qui s’injectent des drogues sont nettement insuffisants, a appris la conférence de Melbourne.
Les délégués ont été informés que les donateurs n’investissent que 7% de ce qui est nécessaire dans les programmes de réduction des risques pour une population qui est extrêmement vulnérable au VIH et à l’hépatite virale.
Une enquête internationale a conclu que 160 millions de dollars ont été consacrés à la réduction des risques en 2010, une fraction des 2,3 milliards nécessaires pour assurer une couverture adéquate de la réduction des risques.
— Les investissements dans la réduction des risques pour les personnes qui s’injectent des drogues, Aidsmap.