«VIH et usage de drogue par injection : un appel global à l’action» : la déclaration officielle de la Conférence internationale sur la réduction des risques 2011 s’inspire de celle de Vienne, en 2010. Ses promoteurs entendent réunir un maximum de signatures pour présenter ce texte aux leaders internationaux lors de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale de l’ONU sur le VIH/sida, qui se tiendra en juin.
Publié dans l’édition online du Lancet daté 4 avril, le texte demande que soit reconnu le fait que les usagers de drogues sont souvent exclus des actions de prévention, de traitement, de soins et de soutien en ce qui concerne le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. et qu’un engagement fort soit pris pour remédier à ces carences à travers le financement, la mise en place et l’extension à grande échelle d’interventions de réductions des risques basées sur les connaissances scientifiques. Enfin, l’appel demande que les barrières légales et politiques à la mise en place de ces actions soient levées, particulièrement en passant d’un traitement punitif à des approches basées sur les connaissances scientifiques et les droits de l’homme.
Le coût de l’inaction est en effet excessivement lourd, comme l’a rappelé David Wilson, de la Banque mondiale, lors de la conférence : l’épidémie VIH s’étend chez les usagers de drogues, mais aussi à travers eux, les infections par le VHC atteignent des niveaux extrêmes dans certains pays (plus de 40 millions de cas en Chine) et la tuberculose est aussi souvent présente, particulièrement en prison. A cela il convient d’ajouter les coûts sociaux, tout aussi dramatiques : prix des traitements, des incarcérations, du marché des drogues illégales et de la criminalité qui y est associée…
Or, de nombreuses mesures de réduction des risques ont fait la preuve non seulement de leur efficacité contre l’épidémie VIH, mais aussi de leur rapport coût-efficacité et de leur capacité à améliorer la qualité de vie des usagers.
Situation dans la région MENA
Ghina Mumtaz, chercheuse libanaise travaillant au Qatar, a apporté des éclaircissements sur l’état de l’épidémie VIH chez les usagers de drogues de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), « où les données sont limitées, et il y a beaucoup de drogue pas chère »… En se basant sur une revue systématique des données disponibles sur Medline ou dans les rapports nationaux et internationaux, elle parvient à une estimation de 1 million d’usagers de drogues par injection dans la région, qui va du Maroc à l’Afghanistan, ce qui représente 0,2% de la population.
Le partage de matériel est estimé à 50%, on compte en moyenne 1 à 3 injections par jour, l’âge de la première injection est compris entre 20 et 28 ans. Le pourcentage d’usagers infectés par le VHC est très variable, allant de 5% à 94%. Autre point inquiétant, les pratiques sexuelles à risque sont répandues.
L’usage de drogue par voie intraveineuse est un important facteur de transmission du VIH en Afghanistan, en Iran, au Pakistan, en Libye, à Bahreïn et en Tunisie.
L’épidémie VIH est concentrée en Iran et au Pakistan, elle est émergente en Afghanistan et en Egypte, elle est de type « croissance rapide » (« outbreak ») en Algérie, au Maroc, en Libye, à Bahreïn et peut-être en Tunisie, et elle semble basse au Liban, en Jordanie, Syrie, Arabie saoudite et au Koweït (mais avec souvent un manque criant de données).
En conclusion, Ghina Mumtaz alerte sur le fait que les comportements à hauts risques relevés font craindre un développement plus important de l’épidémie.