Monkeypox : qui, et comment, vacciner ?

Alors que les cas de variole du singe continuent d’augmenter en France et dans d’autres pays non-endémiques comme le Canada, comment décide-t-on de qui reçoit un vaccin avant ou après l’exposition au risque ? Le débat s’ouvre tout juste.

Au 9 juin 2022, Santé publique France faisait état de 91 cas confirmés de monkeypox en France. Parmi ces cas, 85 ont fait l’objet d’une investigation, pour identifier les personnes qui ont pu être exposées au virus de la variole du singe et leur proposer, le cas échéant un vaccin à titre préventif. Tous les cas investigués sont des hommes, âgés entre 20 et 63 ans (âge médian : 35 ans). Quatre sont immunodéprimés, deux ont été hospitalisés mais ne le sont plus à ce jour et aucun n’est décédé.

En France, la Haute autorité de santé recommande en effet «la mise en œuvre d’une stratégie vaccinale réactive en post-exposition avec le vaccin de 3e génération uniquement (…) administré idéalement dans les 4 jours après le contact à risque et au maximum 14 jours plus tard avec un schéma à deux doses (ou trois doses chez les sujets immunodéprimés), espacées de 28 jours» pour les personnes «adultes contacts à risque d’exposition au Monkeypox». 

En Île-de-France, là où on compte la très grande majorité des cas français (48), ce sont encore les centre de références (établissements de santé de référence ou ESR), dans une organisation calquée sur le modèle covidCovid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. qui prennent en charge les malades et les prélèvements (PCR), en ambulatoire ou pour hospitalisation une fois les suspicions confirmées. Ces centres sont l’Hôpital Bichat et l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière pour les adultes et l’hôpital Necker pour les enfants. Le vaccin antivariolique, lui, n’était le 8 juin disponible qu’à Bichat, où 24 personnes avaient déjà été vaccinées en début de semaine, dont 18 à moins 48h de l’exposition au virus. Les autres ESR doivent être eux-aussi fournis en vaccin, 40 doses par 40 doses. 

Pour l’instant, il n’est pas question de proposer le vaccin anti-variolique à titre préventif à un autre groupe de population que les personnes qui ont eu un contact direct avec le virus et qui ont des facteurs de risques de formes graves. 

Rappelons qu’il n’existe pas encore de vaccin contre la variole du singe. Le vaccin anti-variolique «classique» protégerait de 80% à 85% de la transmission du monkeypox, s’il est administré suffisamment tôt, mais trop peu de tests ont été effectués pour évaluer son efficacité à grande échelle. 

Des vaccins de 3e génération

En France, on utilise des vaccins de troisième génération, qui contiennent une version affaiblie du virus (vaccine de souche Ankara, proche du virus de la variole, plus proche d’ailleurs que la monkeypox). Cette souche atténuée ne peut se répliquer. Ce vaccin est commercialisé depuis 2013, par l’entreprise danoise de biotechnologie Bavarian Nordic, sous le nom de Imvanex® en Europe, Jynneos® aux États-Unis ou encore Imvamune® au Canada.

Le schéma vaccinal comprend deux injections, espacées de 28 jours voire trois chez les immunodéprimés. On ignore à l’heure actuelle si la première injection, même dans les 4 jours après exposition, est suffisante pour stopper l’infection. 

Le vaccin de seconde génération, qui constitue la majeure partie du stock mondial, ne demandait qu’une seule injection. Mais il peut, dans de rares cas, provoquer des effets indésirables assez importants. 

Il reste des inconnues, comme connaître les souches exactes en présence : le 3 juin 2022, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis ont rapporté qu’il existait deux souches distinctes du virus responsables des épidémies récentes. Cette découverte ne remet pour l’instant pas en cause l’utilité de la vaccination mais suggère que le virus circule à l’échelle internationale depuis plus longtemps que ce qu’on pensait.

Vacciner préventivement les homos et bisexuels multipartenaires

Au Canada, et en particulier à Montréal, ville qui concentre la majeure partie des cas canadiens (une cinquantaine), les autorités sanitaires ont décidé de proposer la vaccination, non seulement aux personnes ayant eu, au cours des 14 derniers jours, un contact direct (peau à peau) avec une personne infectée par la variole du singe, mais aussi aux hommes ayant eu, au cours des 14 derniers jours, des contacts sexuels avec 2 partenaires masculins ou plus. Les vaccinations auront lieu tant que des doses sont disponibles pour les publics cibles.

Si le monkeypox n’est pas considéré comme une ISTIST Infections sexuellement transmissibles.  qui concernerait uniquement les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH), la plupart des cas observés récemment hors de la zone d’endémicité concernent en effet des hommes gays ou bisexuels, ce qui suggère une transmission plus importante dans cette population. 

Notons que le virus a été trouvé dans le liquide séminal de 3 patients en Italie, assez précocement après le début des lésions (entre J5 et J7) sans qu’on sache si la quantité est suffisante pour transmettre l’infection, et que les autorités sanitaires britanniques conseillent l’abstinence et/ou le port d’un préservatif 8 semaines après l’infection, par précaution.

Si le virus ne se transmet pas à proprement parler par les relations sexuelles, mais par un contact rapproché, peut-être serons-nous rapidement amenés à quand même considérer le monkeypox comme une IST afin de proposer une réponse efficace. Et étendre, éventuellement, la vaccination à un plus grand nombre de personnes.