Résistances transmises et premières lignes d’inhibiteurs d’intégrase en Europe

Les schémas thérapeutiques à base d’inhibiteurs de l’intégrase (INI) sont recommandés pour les traitements antirétroviraux (ARV) de première ligne. L’objectif de cette étude était d’étudier la prévalence de la résistance transmise aux INI et aux INTI en traitement de fond chez les patients nouvellement diagnostiqués naïfs d’ARV.

D’après de Salazar A et al. Abstr. 516 actualisé

MeditRes HIV est un consortium qui inclut des personnes vivant avec le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. (PVVIH) naïfs de traitement antirétroviral qui ont été nouvellement diagnostiquées en France, en Grèce, en Italie, au Portugal et en Espagne au cours des années 2018-2021. La transcriptase inverse (RT), la protéase (Pro) et l’Intégrase ont été séquencées selon les méthodologies standard utilisées dans les centres participants.

Résistance transmise aux INIINI Les inhibiteurs de l’intégrase, ou anti-intégrases sont l'une des dernières classes d’antirétroviraux. Ils agissent en empêchant le VIH d’intégrer son message génétique dans celui de la cellule cible. Ces médicaments ont un profil de résistances différent des autres molécules, ce qui les rend intéressants en cas de multi-résistances face aux autres traitements. en 1ère ligne de traitement en Europe

Pour évaluer la prévalencePrévalence Nombre de personnes atteintes par une infection ou autre maladie donnée dans une population déterminée. des mutations de résistance, les auteurs ont utilisé les outils CPR (Calibrated Population Resistance) (intégrase et RT-Pro) disponibles sur le site Web de Stanford HIV. Pour évaluer la résistance transmise cliniquement pertinente, ils ont utilisé l’algorithme HIVDB de Stanford v.9.0.

Au total, ont été inclus 2 705 patients pour lesquels des données sur l’intégrase et la RT étaient disponibles. Au moment du diagnostic, 72,2% étaient des hommes, l’âge médian était de 37 ans [30-48] et la charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. médiane était de 108 006 copies/mL [25 350-420 968] ; 56,3 % des patients étaient infectés par des sous-types B.

Résistance transmise aux INI en 1ère ligne de traitement en Europe

La prévalence des mutations associées à une résistance aux INI était de 0,23% (T66I, n=1 ; T66A, n=1 ; E138T, n=1, E138K n=1, E92Q n=1 et R263K n=1). La prévalence des mutations pour les INTI était de 3,73 % (M184V n=23, 0,85 % ; M184I n=5, 0,18 % ; K65R n=1, 0,04 % ; tous TAMS n=72, 2,66 %). La résistance cliniquement pertinente, définie comme tout niveau de résistance pour l’interprétation de Stanford >= 3, était de 2,42 % pour les INI (0,18 % pour le dolutégravirDolutégravir Le dolutégravir, nom de marque de Tivicay® et présent dans Juluca® et Triumeq®, appartient à la une classe de médicaments antirétroviraux appelés inhibiteurs de l'intégrase. Il est utilisé en combinaison avec d'autres médicaments anti-VIH. et le bictégravir ; 2,29 % pour le raltégravir ; 2,33 % pour l’elvitégravir), et de 1,76 % pour les INTIINTI Les inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse du VIH ou INTI, sont des composés de synthèse utilisés dans le traitement du VIH et des hépatites. (0,89 % pour le TDF/TAF ; 1,81 % pour l’abacavir ; 1,15 % pour 3TC/FTC).

Résistance transmise aux INI en 1ère ligne de traitement en Europe

Au total, il s’agit des données les plus récentes sur la résistance médicamenteuse transmise pour les INI en Europe méditerranéenne. Compte tenu de la faible prévalence de la résistance cliniquement pertinente aux inhibiteurs d’intégrase de deuxième génération et aux INTI de première ligne, dans les années 2018-2021, il apparait très peu probable qu’un patient nouvellement diagnostiqué dans ces pays présente une résistance initiale à un traitement ARV de première ligne comportant des INI de deuxième génération (dolutégravir et bictégravir).

Cet article a été publié initialement dans le e-journal de « La Lettre de l’infectiologue » couvrant la conférence, nous le reproduisons ici avec leur aimable autorisation.