Recherche en maladies infectieuses : l’ANRS et de REACTing fusionnent

Emmanuel Macron a annoncé le 4 décembre la création d’un nouvel organisme public visant à rassembler l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) et le consortium scientifique REACTing, particulièrement actif depuis le début de la pandémie de Covid-19.

La crise du Covid-19Covid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. continue de bouleverser le monde de l’infectiologie. Cette fois, elle est à l’origine de la fusion de l’agence emblématique française de recherche sur le VIH/sida, l’ANRS, créée en 1988, et du consortium REACTing, plus récent, créé par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en 2013, pour travailler sur les menaces infectieuses émergentes comme Ebola, Zika ou le Covid-19. «Les activités de l’ANRS et de REACTing vont se poursuivre. L’idée de cette convergence est de trouver des synergies pour faire mieux et de manière plus efficiente sur les pathologies émergentes », a expliqué l’Élysée. Dans un communiqué daté du 16 décembre 2020, le ministère de la Santé et des Affaires Sociales précise que «la nouvelle agence sera dédiée à la coordination et au financement de la recherche scientifique sur les maladies infectieuses émergentes, sur le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. les infections sexuellement transmissibles et sur les hépatites virales ».

Cette nouvelle structure, qui devrait s’appeler «ANRS, maladies infectieuses émergentes», dépendra de l’Inserm, en partenariat avec l’Alliance pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan). Elle sera présidée par Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat (AP-HP) et membre du conseil scientifique Covid-19. Selon le ministère de la Santé, ses missions seront articulées autour de trois grands axes:

  • la coordination de la recherche et l’animation scientifique ;
  • la mise en place d’un processus fluide d’autorisations réglementaires pour les recherches sur la Covid-19 et sur les maladies infectieuses émergentes impliquant la personne humaine ;
  • le soutien des laboratoires et infrastructures de recherche. 

Continuité des moyens et des missions

Comme toujours quand on parle de fusion, on pourrait craindre que ce regroupement soit l’occasion de diminuer les moyens mis à dispositions des structures. Le ministère de la Santé se veut rassurant et déclare que «les activités de l’ANRS de financement et de coordination de la recherche sur le VIH-Sida, les ISTIST Infections sexuellement transmissibles.  et les hépatites virales seront intégralement reprises par la nouvelle agence. Pour faciliter sa mise en place, un budget de lancement permettant notamment de couvrir la hausse des frais de fonctionnement sera alloué par le MESRI dès décembre 2020».

Une confiance partagée par François Dabis, directeur de l’ANRS : «Une motion demandant un budget à la hauteur des nouvelles missions de cette agence a également été votée en conseil d’administration de l’Inserm le 3 décembre et les discussions se poursuivent à cet égard avec les tutelles». La reprise intégrale du personnel de l’ANRS et de celui de REACTing est également assurée.

Enfin, l’ANRS travaille depuis longtemps avec le milieu associatif et les représentants des malades, et là encore, Olivier Véran affirme que «l’ouverture sur la société civile, les milieux associatifs, les réseaux de soins et de recherche, qui a fait la richesse de l’ANRS, est un atout qu’il faudra cultiver au sein de cette nouvelle structure tout comme le lien qu’elle entretiendra avec les pays du Sud »

Le collectif associatif TRT-5 CHV, qui oeuvre pour la défense intérêt des personnes concernées dans la recherche sur le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. et les hépatites virales, se félicite, quant à lui, de la création de cette agence. Le regroupement associatif souhaite  retrouver dans cette structure «ce qui a fait l’efficacité de l’ANRS: indépendance, flexibilité, transversalité, réactivité et implication des associations et de la société civile». Il espère que ce sera l’occasion de voir «des ponts et synergies» se créer «entre les recherches dans le domaine des maladies émergentes et celles dans le champ du VIH/Sida, des hépatites et des IST», (les infections sexuellement transmissibles). Le TRT-5 CHV restera néanmoins vigilant «à ce que les moyens consacrés à ce dernier ne souffrent pas de ce rapprochement, car les besoins sont nombreux» tant en recherche thérapeutique qu’«en sciences sociales»

De leurs côtés, Aides et Sidaction expriment leur «immense» préoccupation dans un communiqué commun. Selon les deux associations, la nouvelle agence requiert «76 millions d’euros de subvention d’Etat dès 2021, soit 36 millions de plus que l’enveloppe dont bénéficie l’ANRS pour la recherche sur le sida et les hépatites». «Seuls deux millions ont pourtant été attribués à ce jour», regrette elles. «Si nous sommes définitivement favorables à l’innovation que représente cette fusion, nous ne pouvons nous résoudre à une mise en œuvre opaque qui ne saurait garantir le maintien de la qualité de structures qui ont démontré leur efficacité depuis des années. Ce manque d’ambition risquerait à terme de ne faire que des perdants : la lutte contre le VIH/sida tout comme la lutte contre les épidémies émergentes.»

Dans tous les cas, cette nouvelle agence devrait voir le jour le 1er janvier, l’ANRS et REACTing cessant en tout cas d’exister juridiquement au 31 décembre.