IAS 2017 — Ajouter le D à l’ABC : introduire les traitements (drugs) dans l’abécedaire de la prévention

Après avoir rappelé les avancées des deux dernières décennies dans le domaine de la prévention (TasP, Circoncision, Vaccins, PrEP sous différentes formes), S. Mc Cormack a fait le point de la situation actuelle dans le domaine de la PrEP.

Pour la pratique anale, une double dose 2h à 24h avant a montré son efficacité dans les modèles animaux et dans l’essai Hypergay. L’analyse de la phase ouverte d’Hypergay permet d’être hautement rassuré concernant l’efficacité anti-VIH de la PrEPPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. puisque l’incidence est très faible (0,19/100 personnes années, contre 7/100 chez les personnes recevant le placeboPlacebo Substance inerte, sans activité pharmacologique, ayant la même apparence que le produit auquel on souhaite le comparer. (NDR rien à voir avec le groupe de rock alternatif formé en 1994 à Londres par Brian Molko et Stefan Olsdal.) dans la phase initiale). Chez les femmes, les données scientifiques sont un peu moins étayées, mais au moins 7 jours de traitement continu paraît devoir être la règle pour assurer une PrEP en toute sécurité. Une fois débuter, il faut également savoir comment arrêter la PrEP : pour les relations anales, 2 jours après le rapport à risque est également validé dans les modèles animaux et dans Hypergay, et pour les rapports vaginaux les connaissances sont moins bonnes mais 7 jours semblent raisonnables. La PrEp par TDF-FTC ayant montré une bonne tolérance, les contrôles cliniques peuvent être assez espacés (tous les 6 mois en UK après la période d’initiation), mais certaines situations comme des problème rénaux préalables, des comédications potentiellement néphrotoxiques, des problèmes préexistant de densité osseuse, ou la grossesse (pour réévaluer le rapport bénéfice risque) peuvent être l’occasion de visites plus rapprochées…

La couverture « PrEp » en Europe est très inégalitaire, avec un bloc Ouest (ave programmes et +/- prise en charge par l’assurance maladie) et un bloc « Est » où rien n’est mis en place (y compris en Allemagne où la population concernée et pourtant particulièrement importante. Mais il ne faut pas oublier que la PrEP ne concerne pas que les européens…

L’OMS vient de lancer un kit de 11 modules pour mieux implémenter la PrEP à travers le monde, chaque module étant destiné à des utilisateurs spécifiques (soignants, pharmaciens, Prepeurs, activistes, décisionnaires etc…).

Les horizons s’élargissent au-delà de la PrEP par TDF-FTC : bien qu’un peu décevant par leurs taux de protection proches de seulement 30%, les essais d’anneau vaginaux de dapivirine Ring et Aspire ont donné naissance à des suites en ouvert (Hope et Dream) qui permettent un accès à la PrEP avec anneau vaginal dans les zones où elle est le plus utile (incidence annuelle chez les jeunes femmes > 10%).

L’utilisation les médicaments à longue durée d’action avance également vite. 

Enfin, des technologies encore plus avancées pointent leur nez : des implants de TAF, des anneaux vaginaux associant anti-VIH et contraceptifs…

Donner les bons services aux bonnes personnes est également essentiel : le dépistage systématique du gonocoque et la notification au partenaire a permis une diminution de 25% de l’incidence entre 2015 et 2016 à la Dean Street Express Clinic de Londres, pionnière dans le domaine du dépistage chez les HSH : cela doit nous rappeler qu’un bon service de PrEP ne se délivre pas tout seul et particulièrement pas sans dépistage et traitement des IST…

Adding D to the ABC: putting the drugs in the ABCABC Acronyme anglophone pour «Abstinence, Be faithful, Condom», startégie de prévention développé par le programme américain Pepfar en Afrique sous le président Bush, à très forte connotation idéologique et à très faible niveau d’efficacit. of prevention S.McCormack, University College London (UCL), United Kingdom

Ce compte-rendu a précédemment été publié par son auteur, dans sa version étendue, sur le site du COREVIH-Bretagne.