Good cop, bad cop

Chronique sans lendemain d’un lecteur sans à priori, à l’occasion de la sortie au 2ème trimestre 2013 du volume 1 (1970-1996), et en mai 2014 du volume 2 (1997-2002) de «Cannabis 40 ans de malentendus», de Jean-Pierre Galland aux Editions Trouble Fête.

Cannabis, 40 ans de malentendus (Volume 1 : 1970-1996)

C’est quarante dernières années j’ai vu passer à bien trop grande vitesse le TGV enfumé, cannabistrot éphémère, qui n’a laissé derrière lui que quelques signaux blancs en guise de message de paix, de tolérance, et de dépénalisation du cannabis, tu parles d’un coup fumant… On s’est désespéré en autant d’années de militantisme actif, on y a laissé malheureusement beaucoup de sous pour violation de feu l’art L630 du code de la santé publique (devenu art L3421-4) et une ribambelle d’archives qui nous donnent à comprendre que ce n’est pas facile pour le pot de terre de faire son chemin au côté du pot de fer qui profitera toujours d’un vent favorable. A trop s’y frotter, on se fissure parfois…

J’ai jeté bien plus qu’un œil à tous ces documents qui attestent qu’il y a bien eu tranchées et combats incessants. Drôle de guerre où ceux qui se prennent le plus de plombs sur le champ de bataille sont ceux qui vont y laisser le plus de douilles. Bang bang de chaque côté, mais pas les mêmes effets, quoique avec 577 pétards envoyés à autant de députés en 1997, certains en rigolent encore, d’autres en ont fait un bad trip, et un dernier regrette paraît-il de ne pas avoir reçu le sien… Ici, il est question du parcours d’un clown qui rit et qui pleure, d’une vache imprimée qui fume, d’une loi de 1970 qui gène, de rapports qui font flop, d’appels du 18 joint, de rassemblements préparés ou improvisés, d’une presse spécialisée qui ne fait pas toujours long feu, d’associations partenaires bienvenues, de soutiens plus ou moins affirmés, sincères ou stratégiques, d’une candidature en herbe, de procès à répétition, d’une résistance qui essaie tant bien que mal de résister, bref de l’éternelle histoire des bons et des méchants, entre guillemets, qui se poursuivent mutuellement, mais finissent alors par tourner en rond en essayant de se mordre la queue… J’ironise, mais qui aime bien châtie bien…

Je m’allonge sur le canapé usé, un cookie vert dans l’estomac j’attends que ça fasse son impression, mais comme on le sait bien, quand le biscuit est ingéré, ses effets mettent toujours plus de temps à faire leur apparition, alors patience. 40 ans de digestion difficile pour dissiper les nombreux malentendus il faut bien ça, et c’est loin d’être fini… Mais voilà-t-il pas que ça s’agite ou plutôt que ça s’apaise de l’autre côté de la grande étendue d’eau, on fait ses expériences de légalisation contrôlée en espérant sur notre rive qu’un très long tunnel blanc à forme conique et au bout incandescent puisse relier un jour le nouveau monde au vieux continent qui attend peut-être simplement qu’on lui donne l’ordre d’en haut de modifier sa politique interne… Mes bonnes gens, qui prenez ça de haut parfois, n’attendez pas que le train vous soit passé dessus pour réagir j’entends ici et là, et je prends note, et j’essaie tant bien que mal de diffuser l’information à qui sera prêt à prendre la distance nécessaire… Quelle énergie reste-t-il aux militants? A 40 ans passés, on est sensé se présenter dans les meilleures dispositions pourtant, allez va ils ne vont pas se plaindre non juste demander que l’opinion publique bien installée dans ses représentations prenne le relais et ressasse à son tour pour qu’un changement s’opère au plus haut niveau de l’état…

Reconnaissance à ceux qui, maladroitement ou pas, à défaut de pouvoir imposer légalement la dépénalisation de l’usage, essaient au moins de dépénaliser le débat, ce qui n’est pas une mince affaire. Le combat se poursuivra visiblement dans un troisième volume à paraitre. Suite donc au prochain épisode…