Immunologie — SIV : une activation immunitaire rapide

Chez le singe, hôte naturel du virus de l’immunodéficience simienne (SIV), à l’origine du VIH, il existe un mécanisme actif de protection contre l’activation immunitaire. C’est ce que montrent deux études publiées dans le volume de décembre 2010 du Journal of Clinical Investigation.

Les singes verts d’Afrique et les mangabés sont des réservoirs naturels du virus de l’immunodéficience simienne (SIV), virus à l’origine du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. Chez l’Homme, le VIH induit très rapidement une inflammation et une activation chroniques et généralisées des cellules de l’immunité qui engendrent des dysfonctionnements majeurs de notre système de défense et conduit à la déplétion progressive des lymphocytes T CD4 et au sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome.

Les hôtes naturels représentent un modèle unique d’étude des mécanismes de protection contre le sida. En effet, contrairement à l’Homme, ces singes, lorsqu’ils sont infectés ne développent pas de sida en dépit d’une charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. élevée. Ce phénomène serait lié à une réduction voire une absence d’activation immunitaire chronique.

Une réponse immune innée

Deux études qui paraîtront dans le volume de décembre 2010 du Journal of Clinical Investigation montrent que ces hôtes naturels développent une réponse immune innée (interféron-alpha) en réponse à l’infection mais que cette réponse est rapidement et activement contrôlée empêchant ainsi l’état d’activation généralisé du système immunitaire et la survenue d’effets délétères comme ceux observés chez les patients.

Ces résultats ouvrent la voie pour de nouvelles stratégies thérapeutiques ou vaccinales visant à contrôler l’activation immunitaire rapidement après l’infection par le VIH.

Les travaux ont été réalisés :

1- En France, à l’Institut Pasteur, dans l’équipe de Michaela Müller-Trutwin, dans l’unité de régulation des infections rétrovirales (RIR), dirigée par le Pr. Françoise Barré-Sinoussi, Prix Nobel de médecine en 2008 pour la découverte du VIH.
Jacquelin B et al, 2009. Nonpathogenic SIV infection of African green monkeys induces a strong but rapidly controlled type I IFN response. doi: 10.1172/JCI40093

2- Aux Etats-Unis, par les équipes d’Ashley T. Haase, Guido Silvestri et David J. Kelvin.
Bosinger SE et al, 2009. Global genomic analysis reveals rapid control of a robust innate response in SIV-infected sooty mangabeys. doi : 10.1172/JCI40115