Les chiffres mondiaux du VIH: des progrès et des défis

A la veille de l’IAS 2017, l’Onusida annonce que 19,5 millions de personnes ont désormais accès aux traitements et le taux de mortalité du au sida a été divisé par deux depuis 2005. Des progrès qui ne doivent pas faire oublier le chemin qui reste à parcourir, en particulier en Europe de l’est et en Asie centrale.

C’est à Paris que le programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida à décidé de rendre public les derniers chiffres sur l’épidémie au niveau mondial. En 2016, 36,7 millions de personnes 1[30,8 millions – 42,9 millions] étaient porteuses du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. 1,8 million de personnes 2[1,6 million – 2,1 millions] ont été nouvellement infectées par le VIH dans le monde. Un million de personnes sont mortes des suites de leur infection par le VIH.

Estimation du nombre de personnes vivant avec le VIH en 2016, Onusida

Des progrès importants…

Malgré l’ampleur d’une épidémie qui sévit depluis plus de 30 ans, certains de ces chiffres soulignent des progrès importants : Plus de la moitié des personnes porteuses du VIH —53%, soit 19,5 millions de personnes— ont désormais accès aux traitements et les décès liés au sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. ont diminué de moitié depuis 2005 (1,9 million à l’époque). Des chiffres qui laissent penser que l’objectif mondial de 30 millions de personnes en traitement d’ici 2020 est envisageable, mais uniquement si la mobilisation mondiale est renforcée.

Nombre de décès causés par le sida de 1990 à 2016, Onusida

Les nouveaux cas d’infection ont eux aussi chuté de 29%, avec une baisse de 56% des nouveaux cas d’infection parmi les enfants depuis 2010. En Afrique de l’Est et Afrique Australe, le nombre de contaminations a baissé de 30% 2010. Le Malawi, le Mozambique, l’Ouganda et le Zimbabwe ont réduit de presque 40% ou plus le nombre de nouvelles infections par le VIH depuis 2010.

Adultes et enfants nouvellement infectés par le VIH, de 1990 à 2016, Onusida

D’importants progrès ont également été fait en ce qui concerne la prévention de la transmission de la mère à l’enfant: Près de 76% des femmes enceintes porteuses du VIH ont eu accès à des médicaments antirétroviraux en 2016, soit une augmentation de 47% depuis 2010. Les nouveaux cas d’infection par le VIH parmi les enfants au niveau mondial, sont passés de 300 0003[230 000 – 370 000] en 2010 à 160 0004[100 000 – 220 000] en 2016.

… mais pas partout

L’Europe de l’est et l’Asie centrale sont les seules régions du monde où les nouveaux cas d’infection et les cas décès liés au sida sont en augmentation. Les nouveaux cas d’infection par le VIH sont passés de 120 0005[100 000 – 130 000] en 2010 à 190 0006[160 000 – 220 000] en 2016. Les usagers de drogues par injection représentent 42% des nouveaux cas d’infection par le VIH dans la région. Dans la Fédération de Russie, les nouveaux cas signalés de VIH ont augmenté de 75% entre 2010 et 2016. Plusieurs autres pays de la région – notamment l’Albanie, l’Arménie et le Kazakhstan – connaissent également une épidémie en forte croissance.

La prise en charge est aussi largement problématique, même si l’accès aux traitements a plus que doublé en Europe de l’est et en Asie centrale au cours des six dernières années: seules 28% des personnes vivant avec le VIH ont accès à un traitement antirétroviral, même si deux séropositifs sur trois connaissent leur statut sérologique. Incidemment, le nombre de morts liés au sida a augmenté de 48% en Europe de l’est et de 38% en Asie centrale.  

Rappelons que la Fédération de Russie compte le plus grand nombre d’usagers de drogues injectables au monde : 1,8 million, soit 2,6 % de la population adulte. Depuis décembre 2015, plus d’un million de personnes y vivent avec le VIH, principalement infectées par des pratiques liées à l’usage de drogue.7Humanitarian Action, la Russie qui se bat, Transversal

Vers les objectifs 90/90/90

L’objectif fixé par l’Onusida au niveau mondial est d’atteindre en 2020 les «3 fois 90»: que 90% des personnes vivant avec le VIH soient diagnostiquées, que 90% des personnes diagnostiquées soient sous traitement antirétroviral (ARV) et que 90% des personnes sous traitement aient une virémie contrôlée). Avec, en ligne d’horizon, aller vers l’élimination de toute nouvelle infection en 2030.

Le rapport montre qu’on se rapproche de ces objectifs: Sept pays ont déjà réalisé les cibles 90/90/90:  Le Botswana, le Cambodge, le Danemark, l’Islande, Singapour, la Suède et le Royaume Uni. L’Afrique de l’Est et l’Afrique Australe, l’Europe de l’ouest et l’Europe centrale, ainsi que l’Amérique Latine devraient atteindre les cibles 90 / 90 / 90 d’ici 2020. De son côté, si la France satisfait déjà plus ou moins aux deux derniers objectifs, c’est le premier, celui de 90% de personnes vivant avec le VIH connaissant leur statut, qui reste à atteindre (il est estimé à environ 80% à ce jour).

En 2016, plus des deux tiers (70%) des personnes porteuses du VIH au niveau mondialconnaissaient leur séropositivité; 77% d’entre elles avaient accès au traitement, et 82% des personnes sous traitement avaient une charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. indétectable, protégeant ainsi leur propre santé et aidant à la prévention de la transmission du virus. 

Des populations spécifique très exposées

L’épidémie continue d’affecter de manières disproportionnée certaines populations et tranches d’âge, comme les enfants et les jeunes adultes, et particulièrement les jeunes femmes. Seulement 43% des enfants porteurs du VIH ont accès au traitement antirétroviral contre 54% d’adultes. Deux tiers des enfants de moins de deux ans ont été dépistés tardivement, et commencent un traitement avec une immunodéficience trop avancée poru que les médicaments soient efficaces.

Chez les jeunes femmes en Afrique sub-saharienne, les nouveaux cas d’infection par le VIH sont 44% plus nombreux que chez les jeunes gens du même âge dans la région. Environ 610000 nouveaux cas d’infection concernent les populations jeunes, de 15 à 24 ans; 59% de ces nouveaux cas ont touché les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans).

Les populations clés incluent les professionels et professionnelles du sexe, les consommateurs et consommatrices de drogues injectables, les personnes transgenres, les personnes en situation de privation de liberté et les hommes gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que leurs partenaires sexuels. En dehors de l’Afrique Sub-saharienne, en 2015, ces populations représentaient 80% des nouveaux cas d’infection par le VIH. Même en Afrique Sub-saharienne, ces populations clés représentent 25% des nouveaux cas d’infection par le VIH.

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