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A la CROI a été présenté le cas extraordinaire d’un premier bébé «guéri fonctionnellement». Il faut garder la tête froide, malgré l’intérêt scientifique.
C’est toujours important un scoop à la CROI. D’autant que cette 20 ème édition sise en pleine Géorgie agite tous les «concepts» en cours: le TasP la PreP les Cascades, «The Cure», le nouveau paradigme du VHC, «Aging», Inflammation, les troubles neurocognitifs à revisiter, la fin du sida…etc. Et parfois c’est le reflux des connaissances et des espoirs.
Cette nuit dans ma chambre d’Hôtel face au Georgia World Congress Center, les sms ont troublé un peu plus mon sommeil jetlagué. Des amis journalistes qui venaient aux nouvelles sur l’affaire du «bébé guéri du sida». Une communication programmée plus tard dans la matinée ici à la CROI 2013 mais annoncé en séance plénière dès 8h30 comme un trophée.
Presse
Rapide revue de presse pour se rendre compte de l’ampleur médiatique avant de revenir à la source scientifique :
«Pour la première fois de l’histoire, un bébé, contaminé par le virus du Sida à la naissance, a été guéri après un traitement très précoce. Une première qui ouvre des perspectives en termes de recherche, mais qui ne représente pas directement un espoir de guérison pour tous les nourrissons atteints, alors que la prévention de la transmission mère/enfant semble plus efficace.» France Info.
«Une équipe de virologues américains a annoncé le premier cas de guérison « fonctionnelle » d’un enfant contaminé à la naissance avec le virus du sida transmis par sa mère séropositive non traitée.» L’Express.fr
«C’est une petite victoire, mais en forme d’espoir. Une enfant contaminée à la naissance par le virus du sida (VIH) a été guérie à l’aide d’une trithérapie antirétrovirale précoce, ont annoncé dimanche des chercheurs américains. Il s’agit du premier cas de guérison fonctionnelle chez un nouveau-né, un cas déjà très rare chez l’adulte où le système immunitaire de l’organisme du patient parvient à contrôler le virus sans traitement. De nouveaux tests devront être pratiqués pour voir si ce traitement peut s’appliquer à d’autres enfants à haut risque.» Paris-Match.fr
La transmission materno-foetal
Mais de quoi s’agit-il ? Rappelons préalablement que, dans la plupart des pays développés il n’est pas utile de récupérer «tardivement» la transmission materno foetale du VIH si la prévention de cette transmission est correctement appliquée comme c’est le cas en France à 99,9% : Dépistage de la mère, traitement de la mère, traitement durant l’accouchement et après la naissance du bébé, protection de l’allaitement, etc.
Au passage, on peut noter que tous les concepts que l’on mobilise dans la prévention sexuelle ont déjà fait leur preuve dans le schéma mère-enfant: la prévention pré-exposition (PreP), le traitement comme outil de prévention (TasP) et, comme c’est le cas pour ce bébé du Mississipi semble-t-il, la prévention post exposition (PeP). Sans compter les capacités qu’ont certains individus, adultes ou enfants, de parfaitement contrôler leur infection VIH comme l’ont montré les études ANRS VISCONTI http://vih.org/20120722/hiv-cure-prelude-n-3-31201.
Le cas du «Bébé de Berlin»
Présentation : La Lettre de l’Infectiologue.
Ce bébé «guéri fonctionnellement» est né à 35 semaines de gestation, 2,5 Kg, d’une mère dont on sait simplement (?!) qu’elle a été dépistée séropositive au VIH par un test rapide durant l’accouchement! Le bébé, né par voie basse, une fois transféré dans une unité spécialisée, s’est avéré VIH positif avec des CD4 élevés et une charge virale VIH assez basse, comme nombre d’enfants nés de mère non suivie.
Il a été, première originalité, traité très précocement (31e heure de vie) par trois antirétroviraux (AZT + 3TC + Nevirapine). Le traitement, modifié au 7e jour pour une autre trithérapie avec inhibiteur de protéase, a été poursuivi jusqu’au 18e mois. Au 25e mois, tous les tests, recherche d’anticorps, recherche d’ADN pro-viral, PCR étaient négatifs -d’où le scoop- signant une «guérison fonctionnelle» à l’instar du «patient de Berlin»; Sans que l’on puisse dire si le virus n’est pas tapi dans quelque réservoir et s’il s’agit d’une réelle infection par comparaison avec un passage passif du virus à partir du sang maternel.
Et sans que l’on puisse dire si ce bébé n’a pas aussi bénéficié d’un système immunitaire surefficace qui lui a permis de contrôler le VIH venu de sa mère. Sans compter que de tel loupés de la prévention de la transmission mère-enfant sont légion dans les classes défavorisées des grandes cités américaines. Comme dans les pays du Sud.