En raison de la surpopulation, de la mauvaise alimentation, de l’accès limité aux soins, de la persistance d’une consommation de drogues illicites et de pratiques d’injection à risque, de rapports sexuels sans protection et du tatouage, les prisons sont des environnements à très haut risque pour la transmission de maladies infectieuses. Mais ce sont aussi des lieux qui offrent de très bonnes opportunités d’intervenir, tant dans le domaine de la prise en charge que dans celui de la prévention.
Des prévalences plus élevées chez les détenus
Dans tous les Etats membres de la Région Europe de l’OMS, les taux d’infection à VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. sont plus élevés chez les personnes incarcérées que dans le reste de la population. Par exemple, en Espagne, la prévalence VIH est d’environ 1% en population générale et 14% chez les détenus; pour l’Ukraine, ces chiffres s’élèvent respectivement à 4% et 31%.
Les taux de tuberculose sont de 10 à 100 fois supérieurs dans la population carcérale que dans la population générale. En prison, la co-infection VIH/tuberculose est plus fréquente et les souches de BK transmises sont plus susceptibles d’être résistantes, voire multirésistantes aux médicaments.
On estime qu’en moyenne, 20 à 40% des personnes entrant dans les prisons européennes ont un problème d’usage abusif de stupéfiant. Une proportion importante d’usagers de drogue par voie injectable incarcérés partagent leurs aiguilles, pratique à haut risque de transmission du VIH et des hépatites virales. Entre 70 et 98% des personnes incarcérées pour des délits ou des crimes liés à la drogue et n’ayant pas accès à une prise en charge spécifique pendant leur détention, récidivent dans la première année suivant leur libération. Le risque de mortalité par overdose est élevé dans les deux premières semaines suivant la sortie de prison.
Des études ont démontré qu’un traitement de maintenance correctement conduit pendant la durée de l’emprisonnement limite le partage du matériel d’injection et a une influence positive sur les relations entre le personnel de la prison et les détenus ; et que ce même traitement, relayé à la sortie de prison, réduit la reprise de comportements à risque et la réincarcération.
Les recommandations de la Conférence de Madrid
Des représentants de décideurs politiques, de personnel des prisons, de la justice pénale, des professionnels de santé, des chercheurs et des membres d’organisations non gouvernementales ont participé du 29 au 31 octobre 2009 à une conférence europérenne à Madrid sur la protection de la santé en milieu carcéral. Ils ont émis des recommandations.
– Accès aux traitements contre les maladies infectieuses, en particulier l’infection à VIH, l’hépatite virale C et la tuberculose, pour les détenus;
– Accès aux traitements de substitution pour les usagers de drogue incarcérés;
– Mise en place de programmes de réduction des risques en prison;
– Garantie d’une continuité des soins pour les détenus lors de l’incarcération et après la sortie de prison;
– Formation de tout le personnel carcéral à la prévention et au traitement des maladies transmissibles.
Référence
Aide-mémoire santé en prison : VIH, drogues et tuberculose / OMS Europe. – 29 octobre 2009. – 4 p.
> Télécharger l’aide-mémoire (PDF, 40Ko).
> Voir le site du Projet européen Santé en prison (en anglais)