En effet, au-delà de manifestations cliniques asthéniantes du syndrome grippal (fièvre, fatigue, douleurs musculaires et articulaires), l’infection peut être compliquée d’atteintes notamment pulmonaires provoquées par le virus lui-même ou par une surinfection bactérienne. Dans ce dernier cas, le pneumocoque ou le staphylocoque doré sont le plus souvent en cause. Ces atteintes pulmonaires peuvent évoluer vers une détresse respiratoire aigüe puis une défaillance multiviscérale1Perez-Padilla R, De la Rosa-Zamboni D, Ponce de Leon S, et al. Pneumonia and respiratory failure from swine-origin Influenza A (H1N1) in Mexico. N Engl J Med 2009.. Ces manifestations pulmonaires d’origine virale ou bactérienne ont été principalement observé chez l’enfant et l’adulte d’âge moyen (moins de 60 ans) depuis le début de la pandémie à virus Influenza A (H1N1).
Chez le sujet infecté par le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. qui présente une fragilité pulmonaire spécifique même lorsque son immunité est préservée ou restaurée, le syndrome grippal est, selon plusieurs études, plus long et plus invalidant que chez le sujet non infecté. Il s’accompagne plus fréquemment d’une hospitalisation et expose aux mêmes complications infectieuses virales ou bactériennes que chez le sujet immunocompétent.
Comment se protéger au mieux?
Contre la grippe saisonnière
Le vaccin contre la grippe saisonnière, tué ou inactivé, est sans risque chez le sujet infecté par le VIH. Il peut-être pratiqué quelque soit le niveau d’immunité. D’après les données encore limitées qui sont aujourd’hui disponibles2Atashili J, Kalilani A, Adimora AA. Efficacy and clinical effectiveness of influenza vaccines in HIV-infected individuals: a meta-analysis. BMC Infect Dis 2006;6:138., il est efficace chez le sujet infecté par le VIH, c’est-à-dire qu’il protège contre la grippe, en particulier lorsque le taux est CD4 est supérieur à 100/mm3. Une seule injection est suffisante. Chez le sujet profondément immunodéprimé, une deuxième injection du vaccin n’apporte pas de bénéfices.
Contre la grippe A
Concernant la grippe pandémique, on ne dispose pas encore de vaccin permettant de se protéger contre le virus A H1N1. En revanche, un vaccin dirigé contre le pneumocoque, principale complication bactérienne associée à la grippe, est disponible (Pneumo23®, 1 injection par voie intramusculaire de préférence ou sous-cutané, tous les 3 ans). Il est relativement efficace, bien toléré, recommandé et remboursé chez le patient immunodéprimé, en particulier le patient infecté par le VIH. Cette recommandation du rapport Yéni («Prise en charge médicale des personnes infectées par le VIH», PDF, 3,6 Mo) est toutefois peu appliquée en milieu hospitalier. Dans le contexte d’une pandémie grippale en cours, il peut paraître utile de s’assurer de la mise à jour de ce vaccin.
En second lieu, les antiviraux de type oseltamivir (Tamiflu®) ou zanimivir (Relenza®) sont prescrits par le médecin. Ils réduisent la durée et la sévérité des symptômes grippaux surtout lorsqu’ils sont pris précocement, à la suite d’un contact avec une personne infectée ou dans les deux premiers jours du syndrome grippal. Les interactions avec les traitements antirétroviraux demeurent mal connues, mais il n’y a pas de contre-indication formelle à l’administration concommitante d’antiviraux et d’antirétroviraux. Une vigilance particulière du médecin est requise en cas de co-administration d’oseltamivir et d’inhibiteurs de protéase boostées (possibles effets indésirables neurologiques) et chez le patient présentant une dysfonction rénale, en cas de co-administration d’oseltamivir et de INRT à excrétion rénale (lamivudine, emtricitabine, tenofovir). La posologie de l’oseltamivir en traitement curatif est de 75 mg deux fois par jours pendant 5 jours, par voie orale.
Des mesures simples de prévention
Des mesures simples permettent de réduire -sans toutefois l’éliminer- le risque de transmission du virus de la grippe. Ces mesures comprennent en particulier le lavage fréquent des mains au cours de la journée, l’évitement de contacts entre les mains et les muqueuses (bouche et yeux), le mouchage répété dans un mouchoir.
D’autres mesures, comme le port d’un masque protecteur, pourront être le cas échéant recommandé par les autorités sanitaires.
Les précautions du voyageur
Chez le patient VIH voyageur, les mêmes précautions s’appliquent. Les destinations les plus à risque, régulièrement recensées sur le site de conseil aux voyageurs du Ministère des Affaires étrangères, seront si possible évitées. Un traitement prophylactique systématique n’est pas recommandé. Par ailleurs, le patient VIH doit être protégé contre la grippe saisonnière. Les souches en cause peuvent être similaires dans l’hémisphère Nord et l’hémisphère Sud ou au contraire, différer. L’information destinée aux professionnels de santé sur les souches circulantes et la composition des vaccins est régulièrement mise à jour par l’OMS.
Compte tenu de la situation de la pandémie grippale au virus A H1N1, aucune destination n’est spécifiquement déconseillée en ce début d’été. En revanche, les mesures vaccinales et préventives décrites ci-dessus s’appliquent pleinement et incitent à la prudence.
En cas de symptômes ou de contact
avec une personne malade : Consulter sans délai
En cas de symptômes de type fièvre, douleurs de gorge, toux, difficulté à respirer, céphalées voire douleurs abdominales, vomissements, diarrhée3Novel Swine-origine Influenza A (H1N1) Virus Investigation Team. Emergence of a novel swine-origin Influenza A (H1N1) virus in humans. N Engl J Med 2009;360:2605-15, ou de contact étroit avec une personne présentant ces symptômes, il est indispensable de contacter sans délai son médecin traitant ou le centre 15 pour être orienté. En effet, que le consultant présente des symptômes ou qu’il ait été en contact avec une personne malade, la mise en route du traitement curatif ou de la chimioprophylaxie doit être effectuée dans les 48 heures après le début des symptômes ou le contact.
Après avis médical, des prélèvements pourront être réalisés afin d’obtenir un diagnostic précis (par prélèvement naso-pharyngé). Un traitement par antiviraux, et le cas échéant antibiotique, ainsi qu’un suivi adapté, à domicile ou à l’hôpital seront mis en place par le médecin.