À l’appel des députés LREM Jean-Baptiste Moreau (Creuse), Sandrine Le Feur (Finistère), Ludovic Mendes (Isère) et du sénateur vert Joël Labbé, avec le Syndicat professionnel du chanvre, les atouts du cannabis sativa L ont été largement exposés. Le chanvre bien-être, ni cannabis thérapeutique, ni récréatif, fournit de nombreux débouchés : alimentation, cosmétique, mais aussi bioplastique, matériau isolant, papier, tissu, huiles, etc. Le tout «carbon-free», un hectare planté libérant autant de CO2 dans l’atmosphère qu’un hectare de forêt, avec une plante qui dépollue les sols, et pourrait offrir une diversification à des agriculteurs exsangues. Alors que les économistes fournissent des estimations fantaisistes, évoquant entre 1 à 22 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2020 pour la filière, Claude Alziar conseiller du président d’Arkopharma estime que dans les quatre ans à venir, le potentiel de marché est de 300 millions d’euros en France (220 millions d’euro sont issus de la vente d’anxiolytiques dans notre pays) et 35 milliards en Europe… «La France ne peut pas passer à côté de ce marché en pleine expansion», plaide Jean-Baptiste Moreau. L’inquiétude est palpable de voir la France devenir un supermarché pour le Canada ou les États-Unis, mais tous s’accordent à dire que la règlementation française est trop restrictive.
L’arrêté pris par la Mildeca en décembre 2018 a ainsi limité les variétés de chanvre autorisées à la culture à celles répertoriées dans l’arrêté du 22 août 1990, seules les graines et fibres peuvent être utilisées et la plante doit avoir une teneur en THC inférieure à 0,2%. En Suisse, décrit Cédric Heeb du syndicat helvète CI Chanvre, le taux de 1% est admis, «car la plante fait ce qu’elle veut selon l’ensoleillement». Pour certains, la loi française est en contradiction avec la législation européenne qui autorise la culture de la plante entière. La Cour de justice européenne est ainsi saisie de la question.
Bref, il y a urgence à faire évoluer la législation, pour que la filière chanvre française puisse se développer en toute sécurité. À cet effet, la création d’une mission d’information parlementaire sur les différents usages du cannabis a été annoncée à l’issue du colloque à l’instigation, fait inédit, de quatre présidents de commissions de l’Assemblée nationale: Affaires sociales, Développement durable, Loi et Affaires économiques. Premières conclusions, courant de l’année 2020.