Vaccination contre le monkeypox : ce que nous savons

La Haute autorité de santé (HAS) recommande depuis le 8 juillet la vaccination préventive aux personnes les plus exposées au virus de la variole du singe du fait de leurs pratiques sexuelles ou de leur profession. L’occasion de faire le point sur la vaccination antivariolique et l’immunisation face au monkeypox.

Ces personnes concernées sont les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et les personnes trans multipartenaires, les personnes en situation de prostitution, les professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle. Et bien sûr le personnel médical exposé. (Voir notre article Monkeypox : ouverture de la vaccination préventive pour les personnes exposées, pour en savoir plus sur les lieux de vaccinations.)

La HAS recommande également la vaccination en post-exposition idéalement dans les 4 jours après l’exposition au virus et au maximum 14 jours plus tard. 

A quoi sert le vaccin ? 

La vaccination préventive permet de diminuer les risques de développer la maladie de 80 à 85%. On ne sait pas encore si cette protection sera efficace toute la vie (voir la question sur le vaccin variolique dans l’enfance ci-dessus.)

Quels sont les vaccins utilisés?

Pour cette vaccination, on utilise des vaccins de troisième génération commercialisés depuis 2013, par l’entreprise danoise de biotechnologie Bavarian Nordic, sous le nom de Imvanex® en Europe, Jynneos® aux États-Unis ou encore Imvamune® au Canada.

Ce vaccin, dit vivant, contient une version affaiblie du virus, celui de la vaccine de souche Ankara, proche du virus de la variole, et il est efficace contre le monkeypox grâce à la protection croisée entre les différents virus «pox». La souche atténuée utilisée ne peut se répliquer, et n’a donc que peu de risque de provoquer des effets indésirables sévères.

Pourquoi deux injections du vaccin? 

Le vaccin est administré en deux injections, espacées de 28 jours voire trois chez les personnes immunodéprimées. 

Les premiers anticorps dûs au vaccin apparaissent après une semaine et on peut a priori considérer qu’il y a une protection face au virus au bout de deux semaines, chez une proportion importante des personnes vaccinées.

Cette proportion est encore plus importante après la seconde dose, pour atteindre donc 80 à 85% de protection. Ce rappel rapproché sert à donner une immunité de long terme face au virus. Nous ne disposons pas de données pour recommander un espacement.

Le vaccin anti-variolique utilisé jusqu’en 1984 chez l’enfant protège-t-il du monkeypox?

En France, les enfants ont été vaccinés contre la variole jusqu’en 1979, et des rappels effectués jusqu’en 1984. Les générations de vaccin utilisés à l’époque provoquaient parfois des effets indésirables sévères, qui étaient tolérés face à la menace mortelle de la variole. Une fois celle-ci officiellement éradiquée en 1979, le rapport bénéfice-risque n’était plus en faveur de la vaccination et celle-ci a été arrêtée. 

Aujourd’hui, les personnes antérieurement vaccinées mais exposées à la flambée épidémique récente peuvent demander à recevoir une unique dose de rappel vaccinal. Grâce à l’efficacité des vaccins vivants, on retrouve des anticorps chez des personnes vaccinées 40 ans auparavant. Après cette injection de rappel, on détecte chez 95% d’entre elles une présence d’anticorps, suggérant une protection face au monkeypox probablement supérieure à 85%. 

Pour bénéficier d’un simple rappel, un document justifiant de la vaccination initiale et/ou la présence d’une cicatrice gaufrée au point d’injection, cohérente avec une histoire de vaccination antivariolique, constitue une preuve d’une vaccination antivariolique antérieure.

Les personnes mineures peuvent-elles se faire vacciner?

Selon la direction générale de la santé, la vaccination «ne doit être envisagée qu’au cas par cas, après avis d’un spécialiste et d’une évaluation stricte du bénéfice risque pour le mineur concerné, dans le cadre d’une décision médicale partagée et avec le consentement des parents (ou du responsable légal de l’enfant) quand il est requis, et de l’adolescent le cas échéant».

Est-ce qu’une infection guérie apporte une immunité?

Nous ne le savons pas pour l’instant. Il y a de très grandes chances que l’infection, une fois guérie, soit immunisante, à l’instar de la rougeole et de la varicelle, sauf en cas de système immunitaire déficient. Les projets de recherche en cours permettront, on l’espère, de répondre à cette question de manière plus définitive.

Les personnes ayant eu la variole du singe n’ont, a priori, pas besoin d’être vaccinées une fois guéries. Bien entendu, les données sont constamment en cours d’actualisation.

Peut-on savoir si quelqu’un a été infecté sans montrer de symptômes?

Une sérologieSérologie Étude des sérums pour déterminer la présence d’anticorps dirigés contre des antigènes. est toujours possible pour identifier des traces de l’infection. En revanche, chez quelqu’un de vacciné, nous ne disposons pas pour le moment de tests spécifiques. 

Merci au Pr Olivier Epaulard (CHU Grenoble Alpes) d’avoir répondu à nos questions.