PTME — Allaitement maternel: des bébés VIH+ développent des résistances

Une analyse secondaire de la Kisumu Breastfeeding Study, une étude kényane, montre que les bébés infectés par le VIH développent des résistances aux antirétroviraux, non par transmission materno-foetale directe, mais via l’allaitement, allaitement recommandé en Afrique sub-saharienne en contexte VIH.

Dans une analyse secondaire, Clement Zeh et ses collaborateurs ont étudié les causes probables de l’émergence de résistances aux ARV chez les 24 nouveaux-nés infectés. Ceux-ci présentent diverses mutations de résistance, apparaissant entre deux semaines et six mois post-partum. Cependant la totalité des bébés du bras nelfinavir, la moitié de ceux du bras névirapine et la plupart des mères ne présentaient pas de mutations de résistance.

Les chercheurs pensent que ces résistances apparaissent chez les nourrissons suite à une exposition à des doses faibles d’ARV par l’allaitement plutôt que suite à une transmission materno-foetale. Ils soulignent la nécessité de surveiller le statut sérologique VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. des nourrissons traités afin d’adapter leur prescription ARV, ainsi que celle de définir des protocoles pour les mères allaitantes et leurs enfants visant à limiter l’apparition de résistances chez les bébés. 

Protocole

Le premier objectif de cette étude était de comparer au protocole standard de prévention de la transmission mère-enfant (PTME), composé de névirapine seule, l’association de trois antirétroviraux (ARV), zidovudine, lamivudine et soit de la névirapine, soit du nelfinavir. Ce protocole était administré à la mère de la 34-36ème semaine de grossesse jusqu’à six mois après l’accouchement. Il est valable quel que soit le taux de lymphocytes T CD4+ et ne nécessite pas de modifications en fonction de la grossesse, de l’accouchement et de l’allaitement. Les nouveaux-nés recevaient une dose unique de névirapine à la naissance. Les résultats d’études antérieures avec la névirapine seule ont été utilisés pour les comparaisons.

L’étude Kisumu a inclus 522 femmes séropositives enceintes, ayant l’intention d’allaiter exclusivement, 212 dans le bras avec nelfinavir et 310 dans celui avec névirapine. Au final, l’étude a porté sur 487 nouveaux-nés vivants, dont 24 ont été infectés par le VIH. La trithérapie antirétrovirale permet de diminuer la transmission de près de 50% par rapport à la névirapine seule. Les taux de transmission dans les deux bras étaient de 7% à 24 mois, la grande majorité des cas étant dus à une transmission lors de la grossesse ou de l’accouchement.

> HIV-1 drug resistance emergence among breastfeeding infants born to HIV-infected mothers during a single-arm trial of triple-antiretroviral prophylaxis for prevention of mother-to-child transmission : a secondary analysis (pdf, 236Ko) / C. ZEH et al. – PloS Medicine, vol. 8, n° 3, mars 2011. – 10 p.

> Triple antiretroviral prophylaxis to prevent mother-to-child HIV transmission through breastfeeding, the Kisumu Breastfeeding Study, Kenya : a clinical trial (pdf, 396 Ko) / T. K. Thomas et al. / PloS Medicine, vol. 8, n° 3, mars 2011. – 12 p.