Plan national VIH/sida 2010-2014 — Prévention combinée… à l’échelon collectif ou individuel?

L’affaire semble entendue: pour une lutte efficace contre le sida, il faut désormais utiliser tous les outils de prévention disponibles (préservatif, dépistage, traitement comme prévention…). Pourtant, cette notion de prévention combinée, qui est au cœur de la nouvelle stratégie énoncée dans le Plan national, peut être source de malentendus voire de dérives, selon la façon dont elle est interprétée aux niveaux collectif versus individuel.

Cet article fait partie du Transcriptases n°145, consacré au Plan national de lutte contre le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. français 2010-2014.

Ces deux niveaux, il ne faut en aucun cas les confondre. L’avis du Conseil national du sida et le rapport de la Mission Lert-Pialoux insistent sur la nécessité de concevoir des stratégies de santé publique combinant tous les outils disponibles pour s’adapter à la diversité des besoins individuels de chacun. Ils soulignent aussi que la prévention combinée n’est pas la superposition systématique de l’ensemble des outils, mais l’utilisation d’autant d’outils que nécessaires dans le cadre de l’élaboration d’une stratégie de prévention individuelle.
Dans cette boîte à outils soutenue par les politiques publiques, il s’agit pour chaque personne d’utiliser l’outil qui à un temps « t », dans une situation « s » et avec un partenaire « p » convient le mieux à ses besoins, redonnant à chacun une maîtrise de la prévention, plus de pouvoir de décision et d’autonomie – des valeurs qui sont le fondement de la lutte contre le sida – tant aux personnes vivant avec le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. qu’aux populations les plus exposées.

Le Plan national, s’il a intégré la notion de politique de santé publique basée sur une complémentarité des outils, semble la transposer telle quelle à l’échelon individuel, soulignant par exemple p. 27 que « la recommandation pour les PVVIHPVVIH Personne vivant avec le VIH avec les partenaires occasionnels, en particulier dans les relations HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes.  [est celle] du maintien du recours systématique au préservatif combiné éventuellement avec un traitement efficace ».

On le voit, le traitement comme prévention ne semble être considéré dans le Plan que dans son intérêt collectif (limiter l’épidémie) alors que son intérêt individuel (améliorer la qualité de vie sexuelle des personnes vivant avec le VIH) est négligé.

Alors, que répondre à la question qui anime tant de débats, « préservatif OU traitement », ou « préservatif ET traitement » ? De fait, après une information complète et basée sur des preuves scientifiques, assurant les conditions d’une décision éclairée, c’est à la personne que revient le choix de combiner plusieurs de ces outils ou d’en utiliser un seul. Aux différents acteurs de prévention de se rappeler que si l’addition permet d’obtenir une efficacité maximale, à défaut des deux, un seul c’est déjà pas mal.