Ce numéro s’ouvre, en effet, par le témoignage de Danièle Jourdain-Menninger, présidente de la Mildeca, sur les débats des instances internationales au sein de la session extraordinaire de l’assemblée générale des Nations unies (UNGASS) (cf. Swaps no 80-81): «un contexte extrêmement clivant» de la mise à jour des cadres normatifs, et répressifs, des politiques en matière de drogues. Et aussi un constat d’échec, dans l’impasse de fédérer certains états, rassemblés notamment autour de la Chine et de la Russie, partisans d’une «tolérance zéro» et adeptes du tout répressif avec l’objectif d’une société sans drogue, et ceux qui veulent mettre fin à la «Drug War» (cf. Swaps no 76-77). L’Union européenne s’efforçant d’une seule voix de défendre un modèle dans la mise en œuvre de politiques équilibrées et globales. Et ce malgré l’échec, tant sociétal que sanitaire, des politiques répressives contre les drogues. Mais aussi une UNGASS en progrès. En atteste un document final où la présidente de la Mildeca regrette néanmoins que la question de la peine de mort dans certains pays n’y soit pas abordée. Document que Michel Kazatchkine trouve (page 5) «décevant». Précisant qu’il s’agit en fait «d’une résolution adoptée, de façon surprenante, dès l’ouverture de l’UNGASS, et qui rejetait ainsi, dans la forme, les inflexions que les délégations présentes et les débats qui se sont tenus auraient pu apporter au document». Même s’il en reconnaît les stigmates d’avancées, avec notamment une nouvelle section inscrite sur la santé publique et les droits de l’homme. Et précise-t-il: «un texte qui ne prône plus un monde sans drogues, mais un monde sans abus de drogues et un texte qui s’engage clairement sur la nécessité urgente de faire progresser l’accès aux substances contrôlées au titre du traitement de la douleur et des soins palliatifs».
Et de New York ce numéro nous conduit directement à travers la campagne française en un dossier spécial «Ruralités» . La Meuse, figure du département en déclin démographique et économique, ne compte aucun CAARUD (Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues.) ni programme d’échange de seringues. Alors que l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) a montré, dès 2009, que le nombre d’arrestations liées à l’usage d’héroïne y était de six fois supérieur à la moyenne nationale… Le tout dans une société rurale où «tout se sait et tout se voit» rendant problématique la mise en place d’actions de réduction des risques, avec qui plus est aujourd’hui des usages à «transmission familiale» dans le sillage des enfants de Mai 68 (voir l’article de Florent Schmitt). Parade associative: les microstructures fonctionnant avec un système de permanence au sein d’un local adapté à l’accueil du public ou d’un camping-car aménagé pour offrir un espace de discussion. Itinérant ou en un espace de stationnement réservé dans la commune.
De la RdR en milieu rural aux regards des politiques sur l’échiquier drogues du monde. Voilà comment ce numéro prépare celui des 20 ans de Swaps.