Allaitement et VIH : Les associations attendent l’évolution des recommandations françaises

À l’étranger, de nouvelles recommandations soutiennent la prise de décision partagée en ce qui concerne l’allaitement du nourrisson par les femmes vivant avec le VIH. Les associations françaises appellent à une évolution similaire des recommandations nationales, qui déconseillent, pour le moment, l’allaitement.

Si, en France et dans la plupart des pays du Nord, l’allaitement maternel reste non recommandé pour les femmes séropositives, certains pays commencent à adopter une position plus souple. Ainsi, la Suisse a fait évoluer ses recommandations en la matière  (fin 2018) et, dans les cas d’un « scénario optimal » en matière de traitement (efficace et supprimant la charge virale), propose que la décision d’allaiter ou non soit prise en concertation avec la mère. Les récentes recommandations américaines, mises à jour en janvier 2023 et présentées à la CROI de la même année, montrent également une évolution dans le même sens, en soutenant désormais une prise de décision partagée avec les professionnels de santé. 

Effet TasP et allaitement

Dans ces deux pays, c’est la prise en compte des avancées scientifiques, en particulier la révolution du TaSP, qui entérine l’absence de transmission du VIH en tout cas par voie sexuelle chez les personnes sous traitement antirétroviral (ARV) efficace, qui a amené à l’évolution de ces recommandations. Et ce, même si les données concernant la transmission du VIH par l’allaitement sont moins nombreuses et que le seuil de charge virale qui permettrait d’éviter une transmission du VIH via l’allaitement n’est pas connu. 

Présenté en 2021, l’essai DolPHIN-2 avait démontré que le risque de transmission du VIH par l’allaitement était faible lorsque la mère suivait un traitement ARV efficace. Sur 242 enfants nés de femmes séropositives en Ouganda et en Afrique du Sud et nourris exclusivement au sein pendant six mois, un seul bébé avait contracté le virus. La transmission est donc rare et semble se produire dans moins de 1% des cas.

Les associations françaises mobilisées

En France, environ 1500 femmes vivant avec le VIH donnent naissance chaque année, et la mise à jour du chapitre « Procréation et VIH : désir d’enfant, contraception, prise en charge de la femme enceinte et du nouveau-né » du rapport d’experts, le rapport Delobel, se fait attendre. Elle devrait être néanmoins être validée au cours du premier trimestre 2023 par la Haute Autorité de santé (HAS).

Dans une tribune commune publiée le 21 avril 2023, les associations françaises, dont AIDES, le TRT-5 CHV, le Comité des familles, Sidaction et le Planning familial, se réjouissent de ces avancées à l’étranger et souhaitent que les nouvelles recommandations françaises tiennent compte des dernières données scientifiques. 

Les associations soutiennent par ailleurs la nécessité d’un accompagnement de «toutes les personnes allaitantes vivant avec le VIH» (femmes cis, hommes transgenres et personnes non-binaires) et de leur implication dans toutes les décisions relatives à leur grossesse et à l’allaitement. Elles rappellent également que la stigmatisation et la discrimination à l’égard des personnes vivant avec le VIH peuvent constituer des obstacles majeurs à la mise en œuvre de recommandations plus flexibles et individualisées.

«La participation des personnes aux décisions qui les concernent permet d’améliorer l’observance aux traitements et d’individualiser les décisions thérapeutiques», estiment les associations.

Les signataires appellent donc à une sensibilisation accrue du grand public, des professionnels de santé et des instances politiques sur la question de l’allaitement et du VIH, afin de garantir un meilleur accompagnement pour les femmes concernées.