Il s’agira – une fois encore – d’analyser et de débattre des avancées cliniques et de l’accès aux soins. Au- delà de la problématique spécifique des antirétroviraux, l’accent sera mis cette année sur des enjeux cliniques habituellement peu abordés et sur l’accès aux soins des personnes en situation de grande vulnérabilité. A l’instar des rencontres précédentes, nous nous interrogerons aussi sur les politiques de santé et de recherche dans les pays en développement dans le contexte certes de l’épidémie VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. mais aussi des autres grandes questions sanitaires et de l’évolution des politiques de développement.
Même si l’accès aux antirétroviraux (ARV) est devenu une réalité en quelques années (plus de 5 millions de patients mis sous ARV en Afrique subsaharienne à la fin 2009 selon l’OMS), plus d’un Africain sur deux ne sont pas traités.
Programme
Les trois premiers exposés débattront des questions suivantes :
– Faut-il redouter l’émergence d’une nouvelle épidémie due à des VIH résistant aux ARV en Afrique déclenchée et entretenue par nos stratégies actuelle de mise à disposition des ARV qui ne comportent pas de suivi biologique de l’efficacité des traitements par les techniques de quantification de la charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. plasmatique des patients? Martine Peeters et Ahidjo Ayouba du laboratoire de référence de l’OMS de l’IRD (Montpellier) présenteront les données les plus récentes sur la circulation et la transmission de souches VIH résistantes;
– Quel est l’impact des carences nutritionnelles sur l’évolution de l’infection VIH? Notre mobilisation autour des questions nutritionnelles chez les enfants et adultes infectés par le VIH est-elle suffisante? Comment mesurer en pratique les carences, estimer les besoins, et apporter une assistance à moindre coût? Autant de questions, encore trop souvent occultées, que Théodore Niyongabo, éminent spécialiste du VIH et de la nutrition au Burundi, abordera;
– En quoi les retours transitoires dans leurs pays des patients migrants suivis et traités en France fragilisent ils leur état de santé ? Comment assurer une continuité des soins malgré l’éloignement? Comment tenir compte des risques d’épisodes infectieux intercurrents à l’occasion de ces séjours ? Sophie Abgrall (infectiologue à Bobigny) présentera les résultats d’une étude rétrospective récente conduite en France.
Après ce premier volet clinique, la 2ème session sera consacrée aux populations vulnérables et dites «difficiles d’accès» du fait de leur forte stigmatisation voire répression. Les résultats d’études originales et courageuses menées au sein de ces groupes si souvent délaissés que sont les usagers de drogues en Afrique de l’ouest (Annie Leprêtre, Idrissa Ba, Paris, Dakar), les personnes incarcérés (JMMasumbuko, Denis Lacoste, Abidjan, Bordeaux) et les homosexuels masculins en Afrique (Bruno Spire, Stéphane Maliedji, Marseille, Yaoundé), seront rapportés par les équipes de chercheurs du Sud et du Nord.
La dernière session abordera des grandes questions de Santé Publique:
– Que signifie dans le contexte africain le nouveau concept du «traitement comme moyen de prévention» (Treatment as Prevention ou encore Test and Treat) alors que seulement un peu plus d’une personne infectée sur deux a connaissance de son statut VIH (Nicolas Meda, Bobo Dioulasso)?
– Le «patent pool» qui permettrait d’avoir accès aux traitements de 2ème et 3ème ligne est il une réelle avancée au delà du discours politique (Benjamin Coriat, Paris)?
– L’engagement des pays riches dans la lutte contre le SIDASida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. dans les pays en développement se fait -il au détriment des autres grandes questions de santé (Maud Lemoine, Gilles Raguin, Paris)?
– L’avenir de la recherche opérationnelle dans le cadre du Fonds Mondial et singulièrement du dispositif des 5% annoncé par la France. Le retour d’expériences d’acteurs de terrain sera partagé avec l’audience (Ibra Ndoye, Philippe Mselatti, Dakar, Yaoundé). Pour en débattre Patrice Debré (Ambassadeur de France), Serge Eholié (Secrétaire général du Réseau RESAPSI de soignants africains), Jean -Francois Delfraissy (Directeur de l’ANRS), Gilles Raguin (Directeur d’Esther) seront présents.