Cette dernière livraison de Swaps surfe sur l’actualité en offrant à nos lecteurs deux dossiers pour le prix d’un : un dossier « chemsexChemsex Le chemsex recouvre l’ensemble des pratiques relativement nouvelles apparues chez certains hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), mêlant sexe, le plus souvent en groupe, et la consommation de produits psychoactifs de synthèse. », sept ans après notre no 67 consacré aux cathinones et au slam, et un dossier sur la « crise des opioïdes » qui fait des milliers de morts en Amérique du Nord et doit alerter le reste du monde. A priori, peu de points communs entre de nouvelles pratiques apparues chez certains hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, mêlant sexe, le plus souvent en groupe, et consommation de produits psychoactifs de synthèse et le détournement des opioïdes de la pharmacopée américaine, au premier rang desquels le fentanyl.
Pourtant, à la lecture de ces deux phénomènes émergents, bien des convergences apparaissent. Dans les deux cas, les consommations font prendre des risques cliniques, neuro-psy ou sociaux majeurs ; au plan populationnel, ces pratiques à risques, par les injections notamment, impactent toutes les modélisations de la trajectoire vers les objectifs de l’OMS en matière de contrôle de la pandémie VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. ou de l’éradication du VHC. Ces nouvelles addictions questionnent et déroutent les soignants comme les associations, qui butent sur le fort pouvoir addictogène des produits concernés et sur l’absence d’outils de réduction des risques adaptés. Plus encore, la crise des opioïdes aux États-Unis et le chemsex déplacent le terrain des addictions hors des villes. Une épidémie rurale de VIH pour le moins inattendue est relevée par le Centre de contrôle des maladies infectieuses d’Atlanta (CDC) et pourrait trouver son explication dans la crise des opioïdes. Et le chemsex, ne nécessitant bien souvent qu’une location Airbnb et un accès Internet, a déplacé et atomisé les contextes à risques, dans des lieux inac- cessibles aux actions de RDR.
Mais l’actualité ne se résume pas à ces deux dossiers. Nous traitons dans nos pages, et sur vih.org, des informations avec le temps nécessaire à la réflexion et à l’analyse critique. C’est ainsi que nous rappelons que l’Assemblée nationale, en première lecture du PLFSS 2020 a donné son feu vert à une expérimentation de l’usage médical du cannabis. Ce même PLFSS a mis le feu à l’hôpital public, qui couvait depuis le début de la grève des urgences et indisposé le Sénat qui, à l’heure où ces lignes sont écrites, a voté contre l’ensemble du projet. Même si la probabilité que le Parlement revienne sur l’ouverture vers le cannabis thérapeutique est quasi nulle. Rappelons au passage que les partisans de la légalisation de l’usage du cannabis aux États-Unis utilisent souvent l’argument selon lequel l’ac- cès légal pourrait contribuer à enrayer la « crise des opioïdes », certains malades pouvant recourir au cannabis plutôt qu’à des médicaments antalgiques opioïdes.
Par ailleurs, ce numéro présente le « Plan crackCrack Le crack est inscrit sur la liste des stupéfiants et est la dénomination que l'on donne à la forme base libre de la cocaïne. Par ailleurs, ce dernier terme est en fait trompeur, car le mot cocaïne désigne en réalité le chlorhydrate de cocaïne. L'origine du mot 'crack' provient du craquement sonore qu'il produit en chauffant. » parisien doté de 9 millions d’euros sur trois ans 2019-2021 et incluant cinq partenaires. Ce crack fait des ravages visibles dans le nord-est parisien, notamment à la Colline, lieu tragique où sont relégués les réfugiés, promis à une énième évacuation avant les fêtes de Noël. Autre sujet éminemment d’actualité: la cigarette électro- nique, ou « vape », objet d’un feu d’artifice d’attaques variées qui conduit aujourd’hui 59 % des Français à penser qu’elle est autant, voire plus dangereuse, que la cigarette classique. Un sujet sérieux et traité comme tel, les CDC ayant alerté sur les possibles complications pulmonaires induites par un mésusage plus que par la vape elle-même.
Comme quoi, l’information c’est un métier.