Quelle que soit son appellation —«caillou», «roxanne», «free base», etc.—, le crackCrack Le crack est inscrit sur la liste des stupéfiants et est la dénomination que l'on donne à la forme base libre de la cocaïne. Par ailleurs, ce dernier terme est en fait trompeur, car le mot cocaïne désigne en réalité le chlorhydrate de cocaïne. L'origine du mot 'crack' provient du craquement sonore qu'il produit en chauffant. est devenu un problème de santé publique et de société qui justifie largement que Swaps, dans sa 70e livraison, et vih.org y consacrent quasiment un numéro spécial. Non seulement parce que l’étude Coquelicot avait démontré que le crack était le premier produit illicite consommé dans le dernier mois (30 % des usagers de drogues), avec une prévalencePrévalence Nombre de personnes atteintes par une infection ou autre maladie donnée dans une population déterminée. d’infection à VHC entre 50 et 75 % selon l’article de Marie Jauffret-Roustide (page 6), qui a coordonné ce dossier, et la mise au point sur les traitements du VHC de Christophe Hézode dans notre cahier central « actualités scientifiques », en partenariat avec la Direction générale de la santé (DGS), mais aussi parce que le produit, son usage, la précarité qui l’accompagne, son image aussi, particulièrement péjorative dans la société et même aux seins des usagers de drogues, font bouger les lignes de la réduction des risques (RdR).
On connaît bien les effets du crack, la morbidité induite par son mode de consommation (brûlures, coupures, infections, dont le VHC, etc.) et le produit lui-même, notamment en raison de son éphémère mais spectaculaire action qui contraste avec la profondeur du craving incitant le crackeur à rechercher coûte que coûte à recracker. Mais on connaît moins les déterminants sociaux qui sont la base de sa consommation.
Comme l’illustre parfaitement, pour clore ce numéro, la mise au point de Catherine Pequart (page 25), qui souligne combien, au-delà de l’ouverture prochaine des premières salles de consommation à moindre risque (SCMR,) —qui devraient aussi accueillir des crackeurs—, la RdR doit trouver son second souffle, en évoluant face à la dimension mouvante (du crack aux nouvelles drogues de synthèse) et aussi plurielle des addictions, généralisées à l’ensemble du territoire, DOM compris, et en s’intégrant davantage à l’ensemble du dispo- sitif de diminution des risques et d’accompagnement des usagers dans la société. Illustration que d’aucun jugera peut-être dérisoire, de la recherche de nouveaux outils pour tenter d’aider les usagers de drogues à la gestion du craving, l’auriculothérapie, dévelop- pée dans certains centres Caarud et Csapa ou dans de rares unités mobiles. Reste que le crack n’est pas seulement un problème d’adaptation des politiques, mais, comme pour les SCMR, celui du regard posé par la société en général et par les riverains en particulier sur les usagers. Comme le relate Alexandre Marchant dans son histo- rique du crack, des Caraïbes aux sources communes de la culture «rasta» au quartier parisien de Stalingrad, en passant par les quartiers chauds de Washington DC ou de Miami, avec ses posses où se mêlent guerre des gangs et «panique morale» sur fond de puritanisme républicain, le crack est aussi la drogue de tous les fantasmes.