Quel point commun peut-il exister entre les traitements de substitution aux opiacés, la e-cigarette et la prophylaxie préexposition (PrEP) par le Truvada® ? Dans ces trois cas, la réduction du risque, ou plutôt la réduction des risques, est scientifiquement et indiscu- tablement démontrée. Dans les trois cas aussi, il faut néanmoins toujours convaincre, affronter les polémiques, lutter contre les conflits d’intérêt et les dérives complotistes. Poursuivre sans relâche la leçon de choses, communiquer et traduire au passage les don- nées scientifiques obtenues en population en arguments individuels. C’est précisément sur cette base que le corps éditorial de Swaps s’est bâti, comme ce numéro qui, grâce au travail journalistique de Martine Picouet, revient sur le premier Sommet de la vape qui s’est tenu au Cnam le 9 mai 2016, à l’initiative de Jacques Le Houezec, Didier Jayle et Bertrand Dautzenberg. Et qui a réuni des utilisateurs de la vape, des industriels, des tacacologues et des représentants des pouvoirs publics. Ainsi que des experts suisse, belge et britannique. Juste avant le deuxième sommet qui se tient au Cnam le 20 mars 2017.
Le fil conducteur de ce numéro thématique est que la e-cigarette n’est pas un produit d’entrée dans le tabagisme et que, par ailleurs, comme le précise Gérard Dubois (page 14), de l’Académie nationale de médecine: «nul n’est besoin d’en savoir plus pour passer à l’action». Plus prosaïquement, et en prenant exemple sur la réduction des risques en matière de VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. et de VHC, on peut, avec William Lowenstein, caricaturer ainsi la notion de réduction des risques: «on n’abandonne personne et on abandonne l’idée, que l’on soit grand académicien ou pauvre citoyen, d’être parfait».
Comme pour le cannabis, mais sur un registre bien différent, il convient à la lecture de ce numéro de repenser la législation, non seulement dans la loi mais aussi dans la société, et de revenir au pragmatisme dans l’intérêt des consommateurs. Selon Jean-François Etter (page 2), «aux États-Unis, il est interdit de dire que la cigarette électronique est moins dangereuse que la cigarette»! Heureux pays où il est interdit de dire, et pas sûr que ça s’améliore après l’élection de Donald Trump! Quant à la directive européenne, elle interdit la publicité et la vente aux mineurs… En France, c’est le principe de précaution qui est mis en avant, alors qu’au Royaume-Uni, c’est la réduction des risques. Même Benoit Vallet, le directeur général de la Santé (page 16), en convient, il est urgent de travailler sur l’amélioration de la lisibilité en termes de publicité pour cet outil nouveau de réduction des risques liée au tabac. Quand on songe que même Tabac Info Service ne propose pas la e-cigarette…