Réduction des risques: volume mort et filtration, état des lieux

Dans les années 1980, la réduction des risques (RdR) est née en réponse aux risques de transmission du VIH/sida chez les usagers héroïnomanes: sa conception doit aujourd’hui être largement renouvelée. En effet, l’évolution des pratiques des usagers de drogues, celle des produits consommés et des connaissances scientifiques imposent de revoir la nature des outils de RdR distribués pour en améliorer la qualité et l’efficacité. Il s’agit de prendre en compte les risques d’infection par le virus de l’hépatite C, mais aussi les risques infectieux liés aux bactéries, aux champignons, dont les levures, ou encore ceux liés aux excipients présents dans des médicaments injectés.

Seringues: l’«espace mort» est un facteur de risque

En 1990, Gaughwin et une équipe de chercheurs australiens, simulant un partage de seringue avec du sang radiomarqué, quantifiaient le volume de sang transféré d’un sujet à un autre: ils observèrent que, quand il s’agissait de seringue de 2ml, il y avait sept fois plus de sang partagé à partir du sujet source que quand il s’agissait de seringue de 1ml.

Du clystère à la seringue: l’injection à travers l’histoire

Ovide, dans ses Métamorphoses, décrit comment Médée, après avoir vidé Eson de son sang, lui injecte des liqueurs de plantes magiques pour le rajeunir. Les Anciens avaient-ils déjà intégré la notion d’injection (d’un produit dans le corps puis directement dans le sang) dans le but de soigner les corps ou d’en changer le métabolisme? De fait, depuis l’Antiquité, l’idée a fait son chemin durant près de 20 siècles. Par la suite, aucune invention médicale ne bouleversera autant les pratiques thérapeutiques que la seringue hypodermique associée à l’emploi des opiacés. L’usage de cet instrument a profondément modifié le rapport à la douleur et permis des interventions d’une efficacité et d’une rapidité inouïes. Mais l’injection, de morphine ou autre, échappa rapidement aux mains expertes des praticiens…