Jean-Paul Moatti: «Il faut plus de synergies entre lutte contre le sida, amélioration des systèmes de santé et action pour le développement»

Au moment même où la palette des outils de lutte contre l’épidémie s’élargit, les ressources mondiales disponibles dans la lutte contre le sida baissent. Après 25 ans de progrès ! Comment repenser le financement de la lutte contre le sida ? Analyses et suggestions d’évolutions de l’économiste Jean-Paul Moatti.1Cet entretien a été réalisé peu avant l’annonce de la décision du Fonds mondial d’annuler le round 11, qui suspend jusqu’en 2014 la poursuite de l’accès universel, et avant l’annonce de la démission de Michel Kazatchkine de la tête du Fonds mondial. En 2010, 6,6 millions de personnes vivant avec le VIH recevaient un traitement antirétroviral au Sud selon l’Onusida.

Michel Kazatchkine démissionne de la direction du Fonds mondial

Le directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme quittera ses fonctions le 16 Mars 2012. Cette décision a été prise alors que le Conseil d’administration du Fonds devait enteriner le 25 janvier la nomination d’un directeur général appelé à collaborer avec le directeur exécutif, une quasi-mise sous tutelle.

La polémique Carla Bruni-Sarkozy et le Fonds mondial: Revue de web

L’hebdomadaire Marianne, dans un article signé Frédéric Martel parue le 7 janvier de l’édition papier, dénonce «les dysfonctionnements et le mélange des genres auxquels aboutit l’action – et l’inaction – de Carla Bruni-Sarkozy dans sa fondation et son comportement en tant qu’ambassadrice de la lutte contre le sida» pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Les réactions ne sont bien sûr pas faites attendre, de la part de la Fondation Carla-Bruni-Sarkozy et de la part de Michel Kazatchkine, qui dirige le Fonds.

Le Fonds mondial proche de l’asphyxie, les associations inquiètes

A l’occasion de sa 25e réunion, le Conseil d’administration du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, dont les caisses sont presque vides malgré les promesses des pays donateurs faites à New York, annonce avoir adopté une nouvelle stratégie dans sa réponse à l’épidémie. Des changements qui s’accompagnent d’un arrêt du financements des nouveaux projets en 2011 et de la mise en place d’un mécanisme transitoire.

Les associations de lutte contre le sida s’inquiètent des conséquences de cette décision qui intervient alors que l’Onusida se félicite au même moment des progrès accomplis dans la riposte à l’épidémie de sida, en particulier grâce à un meilleur accès aux traitements dans les pays du Sud.

Le Fonds mondial a fait part à plusieurs reprises de sa difficulté à mobiliser les pays donateurs à hauteur des besoins mondiaux de la lutte contre le VIH, une situation qui s’est aggravée depuis la crise financière: «On ne peut que s’inquiéter de constater que les millions de personnes victimes de ces maladies mortelles courent aujourd’hui le danger de payer le prix de la crise financière mondial, a déclaré le Directeur exécutif du Fonds mondial, Michel Kazatchkine. Plusieurs millions de personnes dépendent des ressources du Fonds mondial pour rester en vie et en bonne santé et celui-ci redoublera d’efforts pour accroître le financement disponible pour continuer à intensifier les interventions de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.»

Le Fonds mondial avait fait face dernièrement à des critiques quant au mode d’attribution des financements, en particulier de la part de la Suède, qui avait refusé de verser sa contribution en raison de faits de «corruption» découverts dans des pays bénéficiaires.