Atelier Casablanca 2010 — Toxicomanie et infection à VIH en Afrique Sub-saharienne: une épidémie négligée

Un atelier de la 5e conférence francophone de Casablanca était consacrée à l’usage de drogues injectables en Afrique de l’ouest. Un phénomène largement sous estimé et encore peu documenté.

Gilles Raguin (Esther, Paris) – présentation ci-dessus – a présenté un état des connaissances sur la question et montré que l’usage de drogues et ses conséquences sanitaires en matière d’épidémie à VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. sont, d’une part, en progression et, d’autre part, largement négligés par les autorités de santé publique. En bref, le trafic et l’usage de drogues sont en progression rapide en Afrique subsaharienne. Les études et les données sur les pratiques et la prévalencePrévalence Nombre de personnes atteintes par une infection ou autre maladie donnée dans une population déterminée. du VIH dans cette population sont rares et parcellaires. Les interventions et politiques de réduction des risques sont quasi inexistantes.

Pascal Roux (Inserm, Marseille) a présenté les résultats d’une étude d’impact de la méthadone ou de la buprénorphine sur les symptômes perçus par des PvVIHPVVIH Personne vivant avec le VIH dépendantes aux opiacés sous ARV, dans le cadre de la cohorte MANIF 2000. Cette étude a montré que les patients sous méthadone déclaraient moins de symptômes. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer cette différence : un modèle de soins plus adapté en CSST, un dosage de buprénorphine inadapté, un effet mu opioïde plus fort.

Marie Susan-Monti (Inserm, IRD, ORS Paca) a présenté les résultats d’une étude sur les facteurs associés au délai de consultation après le diagnostic chez les femmes non migrantes PvVIH en France, dans le cadre de l’enquête VESPA. 34% d’entres elles étaient ou avaient été usagères de drogues injectables (UDI). Consommer ou avoir consommé au moins une fois des drogues injectables était indépendamment associé à un délai de consultation supérieur à 6 mois (OR 2.4).

I. Ba (Université Cheikh Anta Diop, Dakar) présentait les résultats d’une étude de faisabilité réalisée en préalable à une enquête de prévalence VIH et hépatites associée à une étude des pratiques à risque chez les UDI au Sénégal (ANRS/IMEA). Cette étude confirme l’existence d’un nombre important d’UDI et de scènes ouvertes de trafic et de consommation au Sénégal et, plus particulièrement, à Dakar. Elle confirme la pertinence et la faisabilité d’une enquête structurée.

Enfin, Fadoua Rahhaoui (Ministère de la santé, Rabat) présentait le plan de mise en place de la politique de substitution aux opiacés au Maroc. L’accès à la Méthadone a en effet été récemment autorisé au Maroc. La Méthadone est produite localement. Le programme de substitution a été lancé en février 2010 et démarre par un projet pilote pour 80 patients sur trois sites, à Tanger, Sal é et Casablanca.

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