États-Unis — Historique de l’interdiction de circuler

Rétrospectivement, il est difficile de ne pas constater que l’histoire de l’interdiction de circuler pour les personnes séropositives aux États-Unis est ponctuée de décisions irrationnelles basées sur la peur du virus et d’initiatives manquant de courage politique.

En juin 1987, le président états-unien en exercice, Ronald Reagan insiste pour que le Service de Santé publique ajoute le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. à sa liste de maladies contagieuses dangereuses. Cette liste, qui comportait principalement des maladies sexuellement transmissibles, servait de base à l’exclusion des personnes du territoire américain sur critère de santé. Le Congrès entérine cette décision le même mois en votant unanimement l’amendement du très conservateur sénateur républicain de Caroline du Nord Jesse Helms, contre l’avis du Service. Là où les autres maladies avaient été ajouté à la liste par le Service de santé publique uniquement, l’addition du VIH se voit ainsi imposée par le Congrès, rendant son retrait d’autant plus délicat. En 1990, devant le refus des autorités américaines de lever l’interdiction de circuler, plus de 70 organisations internationales décident de boycotter la sixième Conférence internationale sur le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. à San Francisco. La même année, les experts du Centre de contrôle des maladies recommandent que toutes les maladies soient retirées de la liste, à l’exception de la tuberculose. Invoquant le fait que le VIH avait été rajouté par le Congrès, le Service de santé publique le laisse sur la liste.

Mobilisation des Conservateurs

Le Congrès décide alors de donner autorité du Centre de contrôle des maladies pour établir la liste et le Secrétaire d’État à la santé Louis Sullivan annonce en janvier 1991 qu’il va retirer le VIH de la liste. Le Centre publie alors ses recommandations au Registre Fédéral et déclenche la colère des Conservateurs chrétiens, qui mobilisent leurs communautés et envoient plus de 35 000 courriers pour s’opposer au projet. Parallèlement, à la Chambre des représentant, une lettre du républicain William E. Dannemeyer s’opposant à la levé de l’interdiction recueille 67 signatures en se focalisant sur l’immigration des personnes vivant avec le VIH. Les Départements de la Santé et des services sociaux et celui de la Justice ne peuvent se mettre d’accord. L’application d’une règle provisoire est décidée en juin 1991. Cette dernière reprends la liste contenant entre autre le VIH et doit rester en place tant que rien d’autre n’est décidé. Faute d’une mobilisation importante de l’opinion publique sur ce sujet, le Service de santé publique est réticent à supprimer cette liste, ce qui entraînera l’annulation de la Conférence de Boston sur le sida en 1992. Le candidat à l’élection présidentielle Bill Clinton promet qu’il lèvera et lorsqu’il est élu en 1992, l’administration commence les démarche en ce sens. Malheureusement, les effets de la réponse des Conservateurs seront dramatiques. Ils jouent sur la peur de la contagion et sur les frais que le système de santé viendrait à supporter en cas de suppression de cette interdiction. Le VIH se voit ainsi inscrit dans les textes de loi sur l’immigration comme un motif définitif de refus à l’entrée du territoire.