Georgette, en rémission du sida depuis 12 ans: « Moi, je parle de guérison »

Source: L'Express.frGeorgette*, 46 ans, découvre en 2001 qu'elle est séropositive. Traitée pendant deux ans par des antirétroviraux, elle réalise après l'arrêt du traitement que son corps résiste au virus du sida. Son cas est un espoir, pour les malades et pour la recherche.Elle a quelque chose de rare. De fascinant même. Et elle en a un peu conscience. Georgette*, 46 ans, a contracté le virus du sida en 2001. Histoire compliquée d'un compagnon qui la trompe sans se protéger lors de voyages en Afrique et la contamine à son tour. Le diagnostic est précoce, elle est tout de suite placée sous traitement antirétroviral. Et l'arrête au bout de deux ans sans que la maladie ne réapparaisse pour autant. C'est là toute la particularité de son cas. Cette maman est dite "en rémission", car on ne peut pas prédire si un jour le VIH reprendra du terrain. "Moi, je dis toujours guérison. Honnêtement, ça me sort même de la tête tout ça. Je suis comme vous." Georgette fait partie de la cohorte Visconti composée de 14 patients, dont le corps est capable de contrôler le VIH plusieurs années après l'arrêt de leur traitement antirétroviral. Le virus du sida n'a pas totalement disparu, quelques traces sont encore présentes dans l'organisme. Mais il est inactif, la charge virale est indétectable. Ce qui signifie qu'elle n'a plus de médicaments à prendre, ni de préservatifs à utiliser avec son conjoint car elle n'est plus contagieuse. "Les gens ne veulent pas y croire. Pour eux, le sida, c'est à vie", confie-t-elle.  "J'ai la foi""Je ne voulais pas prendre de médicaments toute ma vie, explique-t-elle pour justifier son choix. J'étais prête à arrêter pour voir." Non sans craintes et appréhensions? "Non, pourquoi? Je n'avais pas peur car je continuais à être suivie, et je le suis toujours. Et j'ai la foi." Tous les trois mois au début, puis deux fois par an, elle continue de consulter le docteur Thierry Prazuck, chef du service des maladies infectieuses et tropicales au CHR d'Orléans, premier à découvrir ces patients particuliers au début des années 2000. "On ne prend pas le risque d'arrêter sans une surveillance étroite des patients", explique le médecin.  "A l'époque, les traitements étaient très lourds et toxiques. L'idée de 'vacances thérapeutiques' qui laisseraient le corps quelque temps au repos est alors apparue, les patients étaient très demandeurs", se souvient le Dr Prazuck. "Dans la grande majorité des cas, le virus réapparaissait dans le sang. Sauf chez quelques rares patients, comme Georgette, tous traités en primo-infection (dans les 10 semaines suivant leur contamination ndlr)." "Ce que ça nous apprend, c'est qu'il y a un intérêt à traiter tôt et longtemps." Comme ce fut le cas de cette jeune Française de 18 ans dont le cas a été rendu public cet été. Infectée par le VIH pendant la grossesse de sa mère, placée sous traitement antirétroviral jusqu'à l'âge de 6 ans, elle est en rémission prolongée depuis.