Jean-Pierre Lhomme est mort le 15 août 2017. Le premier programme d’échange de seringues,en 1989, le premier bus méthadone, en 1998, la première salle de consommation, en 2016,c’était lui ! Le médecin humanitaire engagé dans Limiter la casse, puis à l’Association française de réduction des risques (AFR) ; l’animateur des comités de pilotage et groupes de réflexion sur la RdR à Médecins du monde (MdM) et, bien sûr, la présidence du Csapa-Caarud Gaïa-Paris, l’ancien programme réduction des risques (RdR)de MdM, c’était encore lui ! [...]
Jean-Luc Romero est venu à Strasbourg vendredi, à la veille de la Marche des visibilités. Lors d’une table ronde consacrée au sida en Alsace et dans la région Grand Est, il a évoqué des pistes pour éradiquer la maladie.
« J’ai espéré, lors de la campagne présidentielle et alors que se tenait le Sidaction en décembre dernier, que la question du sida serait évoquée. Or, pour la première fois depuis vingt ans, aucun homme politique ni journaliste n’en a parlé alors qu’il n’y a jamais eu autant de personnes vivant avec le VIH en France et dans le monde. » Jean-Luc Romero, président de l’association Élus locaux contre le sida (ELCS), a débuté ainsi son intervention lors d’une table ronde organisée à Strasbourg vendredi, à laquelle participaient plusieurs membres d’ELCS, mais aussi des associations comme La Station, un lieu de rencontre et d’information LGBTI, Aides, ainsi que les responsables de la salle de consommation de drogue à moindre risque de Strasbourg, Argos. L’élu, conseiller régional d’Île-de-France et maire adjoint du 12e arrondissement de Paris, vit depuis trente ans avec le VIH. « 15 % des personnes homosexuelles vivent avec le virus du sida , même si la majorité des personnes infectées dans le monde est hétérosexuelle », poursuit-il. Des malades montrés du doigt Selon lui, d’ici 2020, on pourrait dépister en France 90 % des porteurs du virus, et en les traitant, parvenir à éliminer le VIH en France. À condition d’y mettre les moyens, en information et en dépistage. « On recense 6 000 nouvelles infections chaque année en France, par des personnes qui sont infectées, mais qui ne le savent pas ou qui ne veulent pas le savoir. Et 40 % de ces nouveaux contaminés sont des homosexuels. » Jean-Luc Romera est frappé par le recul des connaissances sur la maladie chez les jeunes. « 30 % des 15-25 ans pensent qu’on peut attraper le sida en s’embrassant ! » Autre point inquiétant, la moyenne d’âge des séropositifs qui tourne autour de 50 ans. « On voit une recrudescence de l’infection chez des personnes hétérosexuelles, après un divorce et alors qu’elles ont perdu le réflexe de se protéger. » Il dénonce aussi « une culpabilisation autour de la révélation de la séropositivité, qui a remplacé la compassion du début de l’épidémie. Si les progrès médicaux ont été très importants, les progrès sociétaux sont très faibles. C’est devenu une maladie invisible. Les séropositifs sont montrés du doigt, y compris dans la communauté gay. » Parmi les moyens de lutter contre la contamination, l’ouverture de la salle de consommation (lire ci-contre), mais aussi l’amélioration du dépistage afin que les personnes infectées et qui l’ignorent arrêtent de contaminer leurs partenaires. Améliorer le dépistage Les résultats d’une étude épidémiologique de l’Inserm*, présentée par Jean-Michel Meyer, militant à Aides depuis 1995, montre que les traitements antirétroviraux sont très efficaces et puissants. L’administration de ces traitements de façon précoce, depuis 2010, a allongé l’espérance de vie des patients et diminué la mortalité et la morbidité. « À ce bénéfice individuel , s’ajoute un bénéfice plus collectif : la charge virale indétectable qui rend le malade non contaminant, mais en cas de rapports sexuels non protégés » , souligne le militant. L’utilisation de traitement préventif par le Truvada®, pour des personnes gays très exposées, mais séronégatives, montre aussi son efficacité. « Sur les 153 000 personnes avec le VIH en France, reprend le représentant d’Aides, 70 % sont des hommes, dont un tiers a des relations avec d’autres hommes. 10 % sont des utilisateurs de drogues par injection. » En 2013, 84 % des porteurs du HIV étaient diagnostiqués. 75 % des personnes dépistées étaient sous traitement et 68 % de celles-ci avaient une charge virale indétectable, contre 50 % trois ans plus tôt. « Le problème , c’est le temps médian entre la première infection et le dépistage » , pointe Jean-Michel Meyer. Selon les régions, ce temps médian varie en France métropolitaine de 1,8 à 4 ans. En Alsace, il est de 1,8 à 2,9 ans. Et on estime à près de 25 000 personnes (390 en Alsace) le nombre de personnes infectées en France et qui l’ignorent. « Ce sont pour moitié des hommes gays. Et 19 % sont des femmes nées à l’étranger, indique encore le militant, d’où l’importance de cibler le dépistage vers ces deux populations. »
Il a fallu environ 7 ans pour qu'ouvre le 14 octobre prochain la première salle de consommation à moindre risque (SCMR) en France, à Paris exactement, dans l'enceinte de l'hôpital Lariboisière. La ministre de la Santé Marisol TOURAINE a inauguré cette salle ce matin, dans le cadre d'une expérimentation d'une durée de 6 ans. La salle de consommation à moindre risque est un moyen de prévention efficace pour éviter les infections, les surdoses mortelles, les abcès ou encore les complications veineuses chez (...)
Source: Le MondeLa première salle de consommation à moindre risque en France, qualifiée de « salle de shoot » par ses opposants, doit être inaugurée mardi 11 octobre au 4 rue Ambroise-Paré, dans le 10e arrondissement de Paris, par la ministre de la santé, Marisol Touraine, et la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo. Elle sera ensuite ouverte aux usagers à partir du 14 octobre.Jean-Pierre Couteron, psychologue clinicien, président de la Fédération Addiction, et coauteur de Salle de shoot : les salles d'injections supervisées à l'heure du débat français (La Découverte, 2013), revient sur la genèse et le fonctionnement d'un tel espace.
La réduction des risques en directions des usagers de drogues La politique de réduction des risques (RDR) basée sur l'information, l'accès au matériel stérile et les traitements de substitution est une des politique de santé les plus efficaces : elle a notamment permis une baisse très importante des contaminations au VIH chez les usagers de drogues (- de 2% aujourd'hui). Cette politique a été légalisée par la loi du 13 août 2004. Une centaine de CAARUD ont été créés depuis 2005. Au niveau international, la déclaration de Vienne de 2010 a clairement élevé la RDR comme solution face à des politiques répressives dont les impacts sont très limités sur le plan sanitaire et social. Aujourd'hui, clairement, les défis sont : la précarité et l'hépatite C. > En 2009, l'Association ELCS lance un Appel aux élus pour soutenir la démarche de l'expérimentation de salles de consommation à moindre risque Ainsi, la prévalence au VHC s'établit à près de 60% et la prévalence de la co-infection VIH/VHC est une des plus élevées en Europe. La précarité est extrêmement problématique au sein des usagers de CAARUD : 21% ne disposent d'aucun revenu, 54% d'un revenu social uniquement. Face à cela, la solution est bel et bien l'approfondissement de la politique de RDR et cela passe notamment par l'expérimentation de salles de consommation à moindre risque. Il existe actuellement plus de 90 salles de consommation dans le monde dont la grande majorité en Europe. Le premier de ces centres à avoir obtenu une autorisation légale s'est ouvert en Suisse à Berne en 1986. Dans la décennie suivante, plusieurs pays européens (Pays-Bas, Allemagne, Espagne) ont suivi cet exemple, ainsi que l'Australie et le Canada. Elles ont été créées suite au constat que les dispositifs de RDR (échange de seringues, etc) ne touchaient pas une population d'usagers de drogues particulièrement précarisée. Ce type de structure accueille en priorité les consommateurs d'héroïne ou de cocaïne par injection qui viennent avec leur drogue. La structure ne fournit en aucun cas de drogue. L'intérêt est la sécurité sanitaire : la salle de consommation permet de réduire principalement les risques d'infection au VIH ou VHC, en fournissant un lieu propre et sécurisé, des seringues, sous la surveillance de personnel médical pour prévenir notamment toute overdose. La SCMR permet à l'usager de ne pas s'injecter dans la rue. Ce faisant, ce type de structure a un intérêt en termes de santé publique puisqu'elle permet une prévention de la contamination au VHC et au VIH mais également en termes de sécurité publique (notamment quant à l'absence de matériel d'injection sur la voie publique). Cet intérêt est largement reconnu : ainsi, dans le cadre du référendum tenu le 30 novembre 2008, la Suisse a appuyé́ à 68% la révision de la loi sur les stupéfiants basé sur quatre piliers dont les salles de consommation à moindre risque et le traitement avec prescription d'héroïne. A 76% même, à Genève, ville pilote de cette politique efficace et pragmatique. Le débat en France a été long mais les expertises de l'INSERM ou de la Haute Autorité de santé ont permis à cette expérimentation de voir le jour dans la loi de santé Des villes se sont portées candidates comme Strasbourg, Bordeaux, Marseille. A Paris, la première salle de consommation à moindre risque sera expérimentée pour 3 ans dans le 10e arrondissement de Paris. >> Lire la tribune du 11 octobre 2016 de Jean-Luc Romero-Michel >> La première salle de consommation à moindre risque ouvre ses portes (via Paris.fr) Les innovations en matière de RDR peuvent aussi prendre d'autres formes, notamment la délivrance d'héroïne sous contrôle médicalisé. Les innovations peuvent aussi viser d'autres publics : ainsi, un collectif d'associations a élaboré un outil de réduction des risques, « Kit Base », pour l'usage de crack fumé. Cet outil est issu de l'expérience de ces associations auprès des usagers accompagnés et vise à limiter le risque de blessures et la transmission virale ; l'outil a récemment reçu un avis favorable de la part de la Direction Générale de la Santé. Outre l'innovation en termes d'outils, il nous faut penser la RDR en termes de champ d'application. La prévalence du VIH en prison est très inquiétante puisqu'elle est estimée à 2 %. Pour l'hépatite C, c'est pire puisque la prévalence est estimée à 4,8 %. Face à ce constat, l'offre de RDR est bien trop faible par rapport au milieu libre : un accès très inégal aux traitements de substitution, un accès à l'eau de javel non systématique, des programmes d'échange de seringues inexistant... Instaurer une vraie politique de RDR en prison une nécessité : d'une part parce que cela répondrait à une vraie nécessité sanitaire et d'autre part, parce que cela permettrait de respecter la loi, celle du 4 mars 2002 relative aux droits des malades qui reconnaît dans son article L110-1 que « le droit fondamental à la protection de la santé doit être mis en oeuvre par tous les moyens disponibles au bénéfice de toute personne (...) les autorités sanitaires (...) contribuent à garantir l'égal accès de chaque personne aux soins nécessités par son état de santé » et ainsi « assurer la continuité des soins et la meilleure sécurité sanitaire possible ». Dans ce cadre, les dispositifs contenus dans la loi de santé vont dans le bons sens. (Source : Guide API -2017 publié par ELCS)
Le mardi 11 octobre 2016 sera le jour de l'inauguration de la première salle de consommation à moindre risque (SCMR) de France, située à Paris, dans l'enceinte de l'hôpital Lariboisière.
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Drogues & Usages
Source: Pourquoi docteur?Entretien- La salle de shoot de Genève a porté ses fruits. Après quinze ans d'existence, il n'y a plus de nouvelle contamination au VIH parmi les usagers de drogues injectables.En France, elles verront le jour à l'automne, dans la douleur et la polémique. Le projet d'ouverture de salles de consommation à moindre risque est sur les rails depuis plus de trois ans. Trois longues années de débats scientifiques, sociétaux, politiques, à évoquer les contextes locaux et les expériences étrangères - il en existe près d'une centaine à travers le monde.Désormais bien documenté, le dispositif s'adresse aux usagers de drogues les plus précarisés. Injecteurs, crackers, toximanes, y consomment leurs produits (amenés par leurs soins) sous la supervision de professionnels médico-sociaux, avec un matériel propre et des conseils pour limiter les risques. Objectif : réduire les infections par le VIH/Sida et les hépatites, ainsi que la mortalité par surdose. Mais aussi ramener ces populations vers le système de soins et limiter les nuisances pour les habitants (seringues sur la voie publique, squats dans les halls d'immeuble...). A Paris, le 10e arrondissement a été choisi pour l'ouverture de la salle, qui déclenche de vives réactions malgré une efficacité avérée (voir reportage).
Discours de Jean-Luc Romero-Michel Président d’Elus Locaux Contre le Sida 19e Etats généraux des Elus Locaux Contre le Sida 26 novembre 2014 – Hôtel de ville de Paris Seul le prononcé fait foi Madame la ministre, Mesdames, messieurs les élus, Mesdames, messieurs, Chers amis, Une nouvelle fois, je suis ravi de vous retrouver aujourd’hui pour ces 19e Etats généraux des Elus Locaux Contre le Sida. Comme à chaque fois, je vois de nombreux visages connus ou des visages que je connais bien, des élus, des institutionnels, des associatifs, je ne peux évidemment pas tous vous citer mais sachez que je suis sincèrement heureux de vous voir toutes et tous réunis ici, convaincus que nous sommes que le sida se soigne et se combat aussi par la politique, même si nous sommes de moins en moins à l’affirmer. Nous sommes dans un beau lieu, un lieu dans lequel nous avons toujours été particulièrement bien reçus, par Bertrand Delanoë par le passé et, aujourd’hui, par Anne Hidalgo. Chère Anne, tu nous as fait l’honneur d’ouvrir ces Etats généraux et je n’oublie pas que, depuis de très nombreuses années, tu as été de tous les combats avec notre association, à nos côtés. Oui, le sida se soigne et se combat par la politique. Oui mais de quel politique je parle ? Celle qui divise, qui discrimine, qui, pour des raisons électoralistes, malheureusement électoralistes, accepte de s’abaisser et de s’asseoir, oui de s’asseoir, sur nos valeurs démocratiques et notre devise républicaine : « Liberté, Egalité, Fraternité ». Celle qui préfère les freins idéologiques aux progrès pragmatiques, celle qui pointe du doigt les malades responsables de tous les maux, coupables de tout. Celle qui considère la personne séropositive comme une bombe virale, un contaminateur en puissance, celle qui pénalise par principe. Celle qui refuse l’éducation et l’information notamment des plus jeunes. Alors cette politique ou l’autre politique ? Oui, celle qui regarde la réalité telle qu’elle est, non déformée par un prisme idéologique, celle qui agit en fonction d’un seul intérêt : l’intérêt général, celle qui croit que nous devons tous pouvoir regarder le fronton de nos mairies sans rougir, celle qui considère que l’information est la solution, que l’éducation est une chance. Celle qui croit en l’humain et qui agit pour lui. Vous le savez déjà, de mon côté, j’ai fait mon choix, et votre présence ici laisse supposer également du vôtre ! Concrètement, du travail, il y en a, croyez-le bien ! Le constat de crispations, de divisions et de tensions dans notre société, nous pouvons tous objectivement le faire. Il suffit de regarder les débats sur les salles de consommation à moindre risque, sur les programmes scolaires et l’éducation à la vie affective et sexuelle à l’école ou sur le mariage pour tous. Du travail, nous en avons beaucoup ! Alors, l’année 2014 a été particulièrement riche en matière d’élections ; deux élections majeures ont redessiné la France : les élections municipales et sénatoriales. Est-ce que nous sommes contents ou mécontents des résultats ? A vrai dire, on s’en fiche à ELCS. Pour être totalement honnête à ELCS, nous ne nous posons évidemment pas la question : le sida n’est ni de droite ni de gauche, voilà ce que nous défendons énergiquement ! Et ça fait bientôt 20 ans que cela dure ! Et oui, déjà 20 ans, cela ne nous rajeunit pas. En 1995, je créais l’association … Il m’est ainsi donné l’occasion de remercier avec beaucoup de sincérité et d’affection Philippe, Philippe Lohéac, trésorier d’ELCS, qui est de l’aventure d’ELCS depuis le début mais aussi beaucoup d’autres que je vois dans la salle. Je ne peux tous citer mais sincèrement un grand, un très grand merci à vous. A ce propos, je tenais à vous informer du lancement d’un projet de spot TV sur l’histoire d’ELCS et les combats portés depuis 20 ans. Ce projet, nous souhaitons le concrétiser via le site Ulule et un appel au financement participatif. En somme, ce projet ne verra le jour que si vous le souhaitez. Sincèrement, je compte sur vous ! Revenons désormais sur le paysage politique actuel. Les élections municipales et sénatoriales créent pour ELCS un potentiel réservoir de nouveaux élus qui peuvent s’engager, avec nous, dans ce combat pour la vie, la dignité et l’égalité pour la prévention, l’information, le soutien aux personnes, l’aide aux associations, la liste est longue ! Je ne cesse de le marteler depuis longtemps, l’échelon local est particulièrement pertinent, légitime et efficace dans ces combats. Et je veux voir dans l’annonce d’Anne Hidalgo une consécration du rôle de l’échelon local : clairement l’initiative « Villes actrices de la transformation sociale », présentée par la maire de Paris, met les villes au cœur de la lutte ! Je souhaite vraiment qu’ELCS puisse participer activement à cette initiative portée entre autre par l’ONUSIDA et son très engagé directeur, Michel Sidibé. Sans nul doute, cette initiative va énormément faire avancer les choses pour envisager la concrétisation de ce nouvel objectif stratégique des 90 – 90 – 90 : augmentation à 90% de la proportion de personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur diagnostic, augmentation à 90% de la proportion de personnes vivant avec le VIH recevant un traitement antirétroviral et augmentation à 90% de la proportion de personnes sous traitement du VIH qui ont une charge virale indétectable. Je veux vous donner un autre exemple de la légitimité et de l’efficacité de l’échelon local : j’étais, il y a quelques semaines, à Hyderabad, en Inde, pour le Congrès mondial de Metropolis, association regroupant plus de 120 métropoles de plus d’un million d’habitants à travers le monde. Au cours de cette manifestation, sous l’impulsion de Jean-Paul Huchon, également président de Metropolis, c’est un appel demandant la levée des restrictions à la liberté de circulation et d’établissement des personnes séropositives qui a été adopté. Les plus grandes villes au monde qui s’engagent pour les droits humains, nul doute que cela aura un fort impact ! Pour mémoire, cet engagement dans la promotion des droits humains et dans ce combat portée par Elus Locaux Contre le Sida depuis tant d’années, avait été également celui de l’AIMF, l’association internationale des maires francophones qui avait également adopté le même type de déclaration il y a un an, d’ailleurs ici-même, au sein de l’Hôtel de ville. Rappelons quand même qu’aujourd’hui, il y a encore 40 pays dans le monde qui appliquent ces restrictions d’un autre âge, aussi inhumaines qu’inutiles. Bien évidemment, l’échelon local ne peut pas tout faire, il est un des maillons de la réponse au VIH et aux hépatites. Et, du côté de l’Etat, cette année 2014 a été riche et nul doute que le début d’année 2015 le sera tout autant avec cette fameuse loi de santé, loi tant attendue. Pourquoi est-elle tellement attendue ? Tout simplement parce qu’elle envisage la concrétisation de projets longtemps demandés ! Je veux mettre en exergue trois points, trois points qui sont tout à fait dans la lignée du thème de ces Etats généraux : « VIH et hépatites : les nouveaux défis ». Premier point que je souhaite soulever : les salles de consommation à moindre risque. Je ne vais pas revenir sur l’utilité de ce type de dispositif, je crois que nous ne pouvons qu’être convaincus, bien sûr si l’on fait preuve d’un peu de bon sens. Rappelons que ce type de dispositif n’est en fait qu’un outil supplémentaire à la politique de réduction des risques, un outil qui concerne les usagers de drogues les plus précarisés, un outil qui a fait ses preuves en termes de santé publique mais également en termes de sécurité publique, un outil qui fonctionne très bien chez nos voisins européens avec des résultats fort probants. C’est pour cela que l’expérimentation sur une durée de 6 ans serait une excellente nouvelle quoi qu’en puisse en dire certains politiques qui préfèreront un positionnement idéologique à la vie des personnes qui sont, rappelons-le, nos concitoyens ! Nul doute qu’ELCS a un rôle à jouer sur ce dossier, notamment sur une approche pédagogique de déconstruction des peurs et des fantasmes. Nous avons un positionnement particulier à ELCS, un positionnement qui nous permet d’être vus comme un partenaire privilégie pour les élus, sachons donc en profiter ! Deuxième point que je veux mettre en exergue : l’introduction des programmes d’échanges de seringues en prison. Alors bien sûr, je peux comprendre l’inquiétude qui pourrait se faire jour chez certains membres de l’administration pénitentiaire : comprendre oui, mais pas accepter tant les expériences étrangères démontrent que, d’une part, l’introduction de ce type de dispositif au sein du monde carcéral ne constituera pas une atteinte à la sécurité des personnes, d’autre part que cela répond à une véritable urgence. Rappelons qu’en France, la prévalence au VIH et au VHC est trois à quatre fois plus élevée qu’en milieu ouvert ! Troisième point qui me paraît important de mettre en avant: le dépistage, la promotion du dépistage. En France, le constat est sans appel : de 30 à 40.000 personnes ne connaissent pas leur séropositivité au VIH et un tiers de porteurs de l’hépatite C ne le savent pas. C’est énorme ! Cela a un impact dramatiquement négatif et c’est pour cela que la promotion du dépistage doit se renforcer tant c’est un outil individuel d’accès aux traitements mais également un outil collectif de contrôle de l’épidémie via la politique désormais consacrée du « Test and Treat ». D’où cette volonté de généraliser les tests rapides d'orientation diagnostique - TROD, le dépistage rapide, et également d’autoriser les autotests. Pour ce dernier point et pour vous convaincre de l’utilité de ce type d’outil qui peut faire peur, je vous renvoie à l’excellent avis du Conseil national du sida de mars 2013. Par contre, un point nourrit mon inquiétude, enfin plutôt l’absence d’un point : celui du test de dépistage rapide pour l’hépatite C. C’est fort étonnant alors que la Haute autorité de santé a rendu un avis très clair en mars dernier, préconisant l’utilisation de ce type de test pour les personnes à risque éloignées des structures d’accès communs tels que les usagers de drogue les plus marginaux ou les personnes originaires ou ayant reçu des soins dans des pays à forte prévalence du VHC et les personnes à risque fréquentant les structures d’accès aux soins et chez qui les avantages des TROD arriveraient plus facilement à convaincre de l’intérêt d’un dépistage immédiat. Alors à quand les TROD pour le VHC ? Voilà trois points de la prochaine loi de santé que je voulais soulever et qui me paraissaient réellement essentiel de mettre en exergue. Sur le VHC, je ne l’ai pas dit mais au-delà de la question du dépistage se pose évidemment la question du coût démesuré des traitements innovants ; la question semble réglée et je crois que le politique a dû peser de tout son poids dans cette affaire pour arriver à une solution normale et humaine, c'est-à-dire passer de 57.000 euros à 41.000 euros. Au-delà de la future loi de santé, je veux réagir sur les annonces par Mme George Pau Langevin : évidemment, ce sont des annonces qui vont peut-être, pardon sûrement, bouleverser bien des choses. Je me suis rendu quelques fois en Guadeloupe, à Saint-Martin, en Guyane. A chaque fois, j’ai été frappé, disons le plus clairement, consterné, du silence des élus sur cette question du VIH/sida. Sans parler de leur silence tout aussi assourdissant concernant l’homophobie. J’aurais toujours en mémoire cette réunion où RFO était présent et au cours de laquelle un conseiller régional de Guadeloupe refusait obstinément de dire le mot sida. La journaliste s’était même franchement énervée ! Quand je raconte cela, je veux bien sûr dénoncer ce genre d’attitude qui est fort préjudiciable alors que les élus doivent être les premiers à se battre collectivement contre cette maladie mais aussi illustrer à quel point il est difficile de parler de la maladie. Plus que tout, c’est le carcan de l’isolement qui doit être brisé : le carcan qui enserre les personnes touchées qui ne peuvent dire leur séropositivité, le carcan d’une société pour laquelle le VIH est totalement tabou, le carcan des associations qui ont besoin de visibilité et de soutien et qui tiennent grâce au militantisme des acteurs de la lutte. Il y a quelques années, et je le redis chaque année, j’avais réclamé le lancement d’un véritable plan Marshall pour l’outre-mer et je vous le dis en tant qu’élu, en tant que militant, en tant que personne séropositive, je suis vraiment très heureux de cette initiative très engagée qui pourrait être portée par Madame la ministre ! Je vais désormais conclure cette intervention, déjà en vous remerciant de vous être déplacé, d’être à nos côtés dans ce combat pour la vie. Je veux aussi remercier très chaleureusement nos intervenants ainsi que nos deux marraines : Dominique et Roselyne. Je vais conclure en insistant sur le rôle de l’information dans le combat que nous menons. Cette information, elle peut être donnée de façon technique ou sur le ton de l’humour comme dans la campagne menée par ELCS avec les personnages historiques et le site mieuxsinformer.fr. Pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore vue, elle est visible à l’entrée de la salle. Cette information peut être donnée à l’école, au travail, dans des centres culturels, dans les médias. Ce que je veux vous dire c’est que l’information est la clé de tout l’édifice. Pour reprendre les termes d’un slogan d’Act Up Paris : information égal pouvoir. Une information claire, décomplexée, objective. Ce n’est que comme cela que, par exemple, l’essai Ipergay sera compris, que toute promotion du dépistage sera efficace, qu’on évitera que la moitié des personnes séropositives soient discriminées. Et j’en passe. Cette information, elle ne peut être portée que si le maillage des acteurs de terrain est assez serré et suffisant. La richesse associative est un avantage collectif qui profite à toutes et tous. Bien évidemment, je sais le contexte économique dégradé mais sachons nous projeter au-delà du très court terme. Voyons les choses à moyen et long terme : le tissu associatif est réellement coût – efficace ! Sachons le préserver et même le renforcer ! Et surtout sachons travailler ensemble et mutualiser nos expériences : c’est le but du label « ville engagée contre le sida ». Bien sûr, il s’agit dans un premier temps de rendre visible l’engagement d’une ville dans la lutte contre le VIH/sida. Annecy, Aubervilliers, Carrières-sous-Poissy, Montpellier, Puteaux, Toulouse ont déjà obtenu ce label. Dans un second temps, il s’agira de créer un véritable réseau de villes engagées et de, comme je le disais, mutualiser nos expériences. Communiquer sur l’engagement politique et avancer dans l’efficacité des réponses apportées au niveau local dans la lutte contre le VIH/sida : voilà les fondements et la raison d’être de ce label « ville engagée contre le sida ». Informer et travailler ensemble … Désormais, à vous de jouer, mesdames et messieurs les élus ! Je vous remercie.
Traitements et droits humains
Partie, je trouve, un peu timidement et ce, je pense à cause d'un nombre plus réduit de délégués qu'à l'accoutumée et d'activistes moins visibles que d'habitude, la 20e Conférence internationale sur le sida a finalement été très riche et a tenue ses promesses. D'abord sur les droits humains et les populations clés : beaucoup de sujets tournaient autour de cela, on sent que, aussi bien du côté des institutions que des associations, c'est devenu LA priorité. C'est un peu le retour aux enseignements de Mann qui, le premier, fit le lien entre respect des droits humains et lutte contre le sida. C'est une approche que je défends également depuis un bon nombre d'années : sans respect des droits humains assuré par des loi respectées et appliquées par les autorités, pas de dépistage ou d'acccès aux traitements ! De nombreuses sessions abordaient très concrètement les stratégies pour faire respecter, dans des contextes nationaux très différents, les droits humains des HSH, des usagers de drogues, des prisonniers, des jeunes filles. Ce respect des droits humains, c'est tout simplement une des clés pour envisager réellement la fin du sida pour 2030, objectif annoncé de l'Onusida. Cette question-clé est d'une terrible actualité. Selon un rapport du programme Onusida publié la semaine dernière, 79 pays ont des lois qui criminalisent les pratiques sexuelles entre personnes du même sexe et sept prévoient la peine de mort... Je pourrais également donner bien d'autres chiffres, par exemple sur le nombre de pays criminalisant la transmission ou autre. En France également, on peut se demander également si ce respect des droits humains est clairement compris et si la réaction des pouvoirs publics est cohérente et à la hauter des enjeux : chiffres accablants de l'état de l'homophonie dans le rapport de SOS Homophobie, retard et problèmes pour la salle de consommation à moindre risque (pour information, à Melbourne, elle fonctionne très bien et ne pose strictement aucun souci … soit dit en passanr), débat sur la pénalisation du client ... Ensuite, sur les traitements : globalement, ce sont 19 millions d'années de vie qui ont été sauvées depuis 1996 grâce à la généralisation des ARV ! 19 millions !Au-delà du curatif, le traitement est un outil de prévention que ce soit pour les séropositifs ou les séronégatifs. - En direction des séropositifs, c'est la stratégie « Treatment as Prevention » (TasP) : traiter précocement les personnes touchées en utilisant une combinaison efficace d'ARV permet une réduction du risque de transmission de 90%. Très beau sur la papier, ce chiffre suppose que les personnes se dépistent, toujours bien évidemment en ne touchant pas à ce sacro-saint principe du volontariat : pas de dépistage forcé. Cette question de l'accès au dépistage est central dans ce sens où 19 millions des 35 millions de personnes vivant avec le VIH ignorent leur statut sérologique. Dépister pour traiter, voilà l'enjeu ! D'où beaucoup de discussions pour rapprocher le dépistage des personnes et si séropositivité, susciter la prise de traitements et l'adhésion à ceux-ci. - En direction des séronégatifs, c'est la prophylaxie pré-exposition (PrEP) qui était en débat et à l'honneur avec la présentation de résultats très intéressants des enquêtes « iPrEx OLE » et « Ipergay ». Des résultats qui doivent nous inciter, en France, à réfléchir très concrètement aux modifications qui devront être faites en matière de prévention, notamment en diirection des HSH. Voilà selon moi les deux stars de la conférence : traitements et droits humains ! Et alors que s'achève cette 20e conférence, déjà se profile ces deux années qui vont nous amener à Durban, en Afrique du Sud,un pays cher à mon cœur. Pays symbole des errements criminels des politiques (rappelons nous que les plus hautes autorités de l'Etat affirmaient que l'ail et le citron étaient les seuls remèdes pour le VIH/sida …), il passe aujourd'hui pour un modèle de réponse. Il a d'ailleurs été annoncé que l'Afrique du Sud se fixait comme objectif d'appliquer la règle des 90% dès maintenant. J'étais déjà présent à Durban en 2000, j'ai hâte d''y être en 2016 ! Jean-Luc ROMERO-MICHEL
90ème rencontre du Crips Ile-de-France, Thème : RdR, regards critiques et perspectives Enjeux après l'arrêt consultatif du Conseil d'Etat pour une salle de consommation à Paris : comment accompagner la RdR à l'injection ? 1ère table ronde Pourquoi et comment accompagner l'injection - Marie Debrus (AFR) L'aspect politique et juridique - Laurent El Ghozi, Président d'Elus, Santé publique et Territoires Retour sur la salle Gaïa, son projet et la décision politique - Elisabeth Avril (Gaïa) 2nde (...)
Lisbonne accueillera prochainement une salle d'injection supervisée. Il ne manque désormais plus que la signature du Maire de la Ville, António Costa ,qui recevra dans quelques jours un rapport technique lui recommandant la création d'un tel lieu à proximité du quartier de la Mouraria.
Aussi bien les spécialistes que les riverains approuvent la décision, selon le quotidien portugais Expresso. Le lieu choisi se situe dans une petite rue peu habitée entre la place Martim Moniz et l'Avenue Almirante Reis, et n'est pas sur le chemin des trajets touristiques classiques à travers la Mouraria.
Le directeur du Service d'intervention dans les addictions et les dépendances, João Goulão, explique que la mairie de Lisbonne a toujours démontré un intérêt marqué pour ce type de projet. En 2006 néanmoins, le seul débat sur ce type de lieu ("structure de consommation sûre") avait soulevé un débat national d'envergure qui avait empêché la capitale portugaise d'avancer avec ce projet.
Jusqu'à présent, il n'existait dans ce quartier lisboète de la Mouraria, particulièrement cosmopolite et touché par la précarité, qu'un centre de conseil et d'échange de matériel tenu par l'association GAT Portugal, membre comme le Groupe sida Genève de Coalition PLUS.