Jean-Pierre Lhomme est mort le 15 août 2017. Le premier programme d’échange de seringues,en 1989, le premier bus méthadone, en 1998, la première salle de consommation, en 2016,c’était lui ! Le médecin humanitaire engagé dans Limiter la casse, puis à l’Association française de réduction des risques (AFR) ; l’animateur des comités de pilotage et groupes de réflexion sur la RdR à Médecins du monde (MdM) et, bien sûr, la présidence du Csapa-Caarud Gaïa-Paris, l’ancien programme réduction des risques (RdR)de MdM, c’était encore lui ! [...]
Éducatrice au Bus 31/32 à Marseille, Pauline raconte une journée de combat ordinaire pour qu’un usager placé en garde à vue puisse recevoir son traitement de substitution aux opiacés (entre autres).
Un matin de mai, je suis au local à faire un point sur le stock de matos du PES (programme d’échange de seringues) lorsque vers 11 heures, le téléphone sonne :
« Bonjour, je suis psychiatre à la Conception1 et je viens d’être appelé par le commissariat pour un gardé à vue un peu excité… Enfin… Comment dire, je viens d’arriver aux geôles et ça va pas du tout ! [...]
La réduction des risques en directions des usagers de drogues La politique de réduction des risques (RDR) basée sur l'information, l'accès au matériel stérile et les traitements de substitution est une des politique de santé les plus efficaces : elle a notamment permis une baisse très importante des contaminations au VIH chez les usagers de drogues (- de 2% aujourd'hui). Cette politique a été légalisée par la loi du 13 août 2004. Une centaine de CAARUD ont été créés depuis 2005. Au niveau international, la déclaration de Vienne de 2010 a clairement élevé la RDR comme solution face à des politiques répressives dont les impacts sont très limités sur le plan sanitaire et social. Aujourd'hui, clairement, les défis sont : la précarité et l'hépatite C. > En 2009, l'Association ELCS lance un Appel aux élus pour soutenir la démarche de l'expérimentation de salles de consommation à moindre risque Ainsi, la prévalence au VHC s'établit à près de 60% et la prévalence de la co-infection VIH/VHC est une des plus élevées en Europe. La précarité est extrêmement problématique au sein des usagers de CAARUD : 21% ne disposent d'aucun revenu, 54% d'un revenu social uniquement. Face à cela, la solution est bel et bien l'approfondissement de la politique de RDR et cela passe notamment par l'expérimentation de salles de consommation à moindre risque. Il existe actuellement plus de 90 salles de consommation dans le monde dont la grande majorité en Europe. Le premier de ces centres à avoir obtenu une autorisation légale s'est ouvert en Suisse à Berne en 1986. Dans la décennie suivante, plusieurs pays européens (Pays-Bas, Allemagne, Espagne) ont suivi cet exemple, ainsi que l'Australie et le Canada. Elles ont été créées suite au constat que les dispositifs de RDR (échange de seringues, etc) ne touchaient pas une population d'usagers de drogues particulièrement précarisée. Ce type de structure accueille en priorité les consommateurs d'héroïne ou de cocaïne par injection qui viennent avec leur drogue. La structure ne fournit en aucun cas de drogue. L'intérêt est la sécurité sanitaire : la salle de consommation permet de réduire principalement les risques d'infection au VIH ou VHC, en fournissant un lieu propre et sécurisé, des seringues, sous la surveillance de personnel médical pour prévenir notamment toute overdose. La SCMR permet à l'usager de ne pas s'injecter dans la rue. Ce faisant, ce type de structure a un intérêt en termes de santé publique puisqu'elle permet une prévention de la contamination au VHC et au VIH mais également en termes de sécurité publique (notamment quant à l'absence de matériel d'injection sur la voie publique). Cet intérêt est largement reconnu : ainsi, dans le cadre du référendum tenu le 30 novembre 2008, la Suisse a appuyé́ à 68% la révision de la loi sur les stupéfiants basé sur quatre piliers dont les salles de consommation à moindre risque et le traitement avec prescription d'héroïne. A 76% même, à Genève, ville pilote de cette politique efficace et pragmatique. Le débat en France a été long mais les expertises de l'INSERM ou de la Haute Autorité de santé ont permis à cette expérimentation de voir le jour dans la loi de santé Des villes se sont portées candidates comme Strasbourg, Bordeaux, Marseille. A Paris, la première salle de consommation à moindre risque sera expérimentée pour 3 ans dans le 10e arrondissement de Paris. >> Lire la tribune du 11 octobre 2016 de Jean-Luc Romero-Michel >> La première salle de consommation à moindre risque ouvre ses portes (via Paris.fr) Les innovations en matière de RDR peuvent aussi prendre d'autres formes, notamment la délivrance d'héroïne sous contrôle médicalisé. Les innovations peuvent aussi viser d'autres publics : ainsi, un collectif d'associations a élaboré un outil de réduction des risques, « Kit Base », pour l'usage de crack fumé. Cet outil est issu de l'expérience de ces associations auprès des usagers accompagnés et vise à limiter le risque de blessures et la transmission virale ; l'outil a récemment reçu un avis favorable de la part de la Direction Générale de la Santé. Outre l'innovation en termes d'outils, il nous faut penser la RDR en termes de champ d'application. La prévalence du VIH en prison est très inquiétante puisqu'elle est estimée à 2 %. Pour l'hépatite C, c'est pire puisque la prévalence est estimée à 4,8 %. Face à ce constat, l'offre de RDR est bien trop faible par rapport au milieu libre : un accès très inégal aux traitements de substitution, un accès à l'eau de javel non systématique, des programmes d'échange de seringues inexistant... Instaurer une vraie politique de RDR en prison une nécessité : d'une part parce que cela répondrait à une vraie nécessité sanitaire et d'autre part, parce que cela permettrait de respecter la loi, celle du 4 mars 2002 relative aux droits des malades qui reconnaît dans son article L110-1 que « le droit fondamental à la protection de la santé doit être mis en oeuvre par tous les moyens disponibles au bénéfice de toute personne (...) les autorités sanitaires (...) contribuent à garantir l'égal accès de chaque personne aux soins nécessités par son état de santé » et ainsi « assurer la continuité des soins et la meilleure sécurité sanitaire possible ». Dans ce cadre, les dispositifs contenus dans la loi de santé vont dans le bons sens. (Source : Guide API -2017 publié par ELCS)
Source: le site de 98,5 fm selon un article de la Presse Canadienne
Un meilleur accès à la méthadone pour le traitement de la dépendance aux opiacés limiterait les nouvelles contaminations au VIH, selon une nouvelle étude menée à Vancouver (Canada).
Les utilisateurs de drogues injectables à qui on n'avait pas prescrit de méthadone étaient près de quatre fois plus à risque de contracter le VIH, révèle l'étude, dont les résultats ont été publiés par la revue médicale The Lancet HIV.
Le chercheur principal de l'étude, le docteur Keith Ahamad, explique que les toxicomanes qui peuvent obtenir facilement un traitement à la méthadone -- par le biais d'un médecin de famille, notamment -- seraient moins enclins à adopter des comportements à risque -- échange de seringues, rapports sexuels non protégés.
Selon le docteur Ahamad, l'approche retenue par les autorités de la santé publique en Colombie-Britannique a donné de bons résultats dans les grands centres, mais l'accessibilité au traitement à la méthadone demeure réduite en régions ou dans d'autres parties du Canada.
M. Ahamad rappelle que les infections au VIH sont en hausse dans les régions du monde où les traitements à la méthadone sont illégaux ou ne peuvent être prescrits que dans des cliniques spécialisées, comme en Russie et dans l'Indiana.
Les chercheurs du Centre d'études avancées sur le VIH-sida, à Vancouver, ont suivi plus de 1'600 utilisateurs de drogues injectables, séronégatifs, de 1996 à 2013. Ils ont découvert que sur les quelque 140 personnes infectées depuis 1996 par le VIH, la vaste majorité ne recevait pas de méthadone.
Source: Seronet
Entretien avec Ludmila Verdes de l'association ARAS, une association roumaine de lutte contre le sida, membre de Coalition PLUS, lors de la conférence de l'AFRAVIH 2014 qui s'est déroulée à Montpellier.
Quelle est ta fonction à ARAS et en quoi consiste ton travail ?
Ludmila Verdes : Je travaille depuis sept ans à ARAS. Actuellement, je suis dans le département "Evaluation, monitoring et recherche communautaire". Mais chez nous, tout le monde fait un peu de tout, en raison du manque de ressources. Même si je suis très impliquée dans les projets de plaidoyer et de recherche, je peux aussi aider quelqu'un, écrire un article, etc.
Lors de la conférence, tu as donné des chiffres très alarmants sur les sans-abris et les usagers de drogues. Que s'est-il passé en Roumanie ces dernières années ?
En 2010, nous avons découvert les premiers cas de VIH chez les usagers de drogue avec les tests de dépistage à résultat rapide. Grâce à des contacts directs avec des médecins des services de maladies infectieuses, nous avons pu réaliser des tests de confirmation gratuitement, car même si c'est inscrit dans la loi, dans la pratique la gratuité ne marche pas, du fait du manque de ressources. Dans les mois qui ont suivi, de plus en plus de cas de séropositivité ont été découverts. Entre 2010 et 2013, l'Etat n'a fait aucune actions. Nous étions les seuls à donner des seringues, mais sans que ce soit dans le cadre d'un projet d'échange de seringues. ARAS bénéficiait alors d'un financement de l'Union Européenne pour un projet d'intégration professionnelle pour les usagers de drogues. Notre mission était d'introduire les traitements de substitution et, quand la personne était intégrée, elle pouvait trouver un emploi. Malheureusement, nous n'avions pas assez de ressources pour nous concentrer sur l'arrêt de l'épidémie. Personne n'y comprenait rien, c'était nouveau, c'était choquant.