Danemark : les diagnostics tardifs ne sont pas un facteur majeur dans la diffusion continue du VIH (Michael Carter, Aidsmap)

Michael Carter, Aidsmap – Les individus dont l’infection à VIH est diagnostiquée tardivement ne contribuent que marginalement à l’épidémie de VIH, rapportent des investigateurs danois dans l’édition en ligne du Journal du SIDA. Sur la base d’analyse phylogénétique, les chercheurs ont été capables de traquer la transmission en clusters. Seules 2f0% des personnes diagnostiquées tardivement ont été identifiées dans ces clusters.

Cependant, les résultats de l’étude confirment que les personnes ayant été récemment infectées par le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. contribuent largement à la diffusion du VIH. Quasiment l’ensemble des clusters de transmission identifiés par les investigateurs impliquaient des jeunes hommes gays – dont la plupart étaient en primo-infectionPrimo-infection Premier contact d’un agent infectieux avec un organisme vivant. La primo-infection est un moment clé du diagnostic et de la prévention car les charges virales VIH observées durant cette période sont extrêmement élevées. C’est une période où la personne infectée par le VIH est très contaminante. Historiquement il a été démontré que ce qui a contribué, dans les années 80, à l’épidémie VIH dans certaines grandes villes américaines comme San Francisco, c’est non seulement les pratiques à risques mais aussi le fait que de nombreuses personnes se trouvaient au même moment au stade de primo-infection.

L’incidence du VIH est demeurée stable au Danemark ces 20 dernières années. Il y a approximativement 300 nouvelles infections chaque année dans ce pays. Certaines études ont montré que la majorité des transmissions en cours du VIH proviennent d’individus non-diagnostiqués. Cependant la contribution des individus diagnostiqués tardivement (avec un compte de CD4 en dessous de 200 cellules par /mm3) est toujours inconnue.

Les investigateurs ont alors conduit une étude impliquant les 1515 personnes nouvellement diagnostiquées au Danemark après 2001. En utilisant une technique appelée « analyse phylogénétique », les auteurs ont observé les réseaux et clusters de transmission du VIH afin de voir s’ils pouvaient identifier les facteurs entretenant l’épidémie dans le pays.

Environ un cinquième (260) des participants étaient en primo-infection et 460 présentaient un diagnostic tardif. Au total 696 infections concernaient des hommes gays.

Les investigateurs de l’étude ont identifié au total 46 transmissions en clusters impliquant 502 personnes.

« Nous avons remarqué qu’un tiers des séquences parmi les patients nouvellement diagnostiqués et naïfs de tout traitement composaient 46 clusters phylogénétique différents permettant de visualiser de potentielles épidémies locales » commentent les auteurs de l’étude.

Les personnes se trouvant au sein des clusters présentaient un compte de CD4 (402 vs. 282 cellules/mm3, p < 0,001) et un niveau de charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. (63 000 vs. 25 000 copies/ml, p < 0,05) supérieurs à ceux qui n’ont pas pu être situés dans des réseaux de transmission.

La moitié des personnes en primo-infection ont été retrouvées dans un cluster, contre seulement 22% des personnes dont le diagnostic est tardif.

« Les individus présentant un compte de CD4 faible contribuent moins à l’épidémie que ceux ayant un niveau de CD4 supérieur » observent les chercheurs.

Être âgé de moins de 30 ans, être injecteur de drogue, être en primo-infection et avoir des rapports entre hommes sont tous des facteurs associés avec la présence au sein d’un cluster (p < 0,001).

Près d’une quarantaine de clusters impliquaient des hommes gays et les deux principaux réseaux de transmission concernaient la moitié des personnes en primo-infection.

« Parmi les 46 clusters, nous observons davantage de primo-infection dans les clusters les plus larges » commentent les investigateurs. Ce qui semble cohérent avec l’infectiosité et le potentiel élevé de transmission attribué aux primo-infections du VIH.

Plusieurs clusters ont couvert toute la durée de l’étude, ce qui semble « expliquer le niveau constant de diagnostics du VIH au Danemark ».

Les résultats de l’étude ont des implications en termes de prévention du VIH. Les auteurs recommandent de cibler les efforts en direction des jeunes hommes gays, notamment ceux à risque d’être en primo-infection. « Les diagnostics tardifs dans l’étude semblent ne pas participer de manière significative aux transmissions du VIH. Les efforts pour identifier les infections anciennes non diagnostiquées doivent néanmoins être renforcés pour le bénéfice individuel du patient ».

Sources

Audelin AM et al. Phylogenetics of the Danish HIV epidemic: the role of very late presenters in sustaining the epidemic. J Acquir Immune Defic Syndr, online edition, DOI: 10.1097/QAI.0b013e318276becc, 2012.

Cet article provient du site www.aidsmap.com et fait l’objet d’un accord de diffusion. Article original : « Denmark: Late HIV diagnosis not a major factor in continued spread of HIV » (lire sur Aidsmap)

Auteur : Michael Carter
Traduction : Vincent Leclercq