Cannabis : 84% des français jugent inefficace la législation actuelle

Dans un sondage réalisé à la demande de SOS-Addictions, du LIEPP de Sciences Po et du Cnam, 84% des français jugent inefficace la législation interdisant le cannabis pour limiter la consommation et le trafic. Ces chiffres ont été présentés à l’occasion du colloque du 10 octobre 2016 intitulé «Légalisation du cannabis: l’Europe est-elle condamnée à l’impasse», organisé au Sénat avec Esther Benbassa, sénatrice EELV.

Cette opinion est répartie de façon uniforme par âge, sexe, région, milieu de résidence, niveau de revenu et catégorie sociale. Avec une telle majorité les décideurs politiques ne peuvent ignorer la nécessité de trouver des solutions pour limiter la consommation et le trafic.

L'efficacité de la loi questionnée

La moitié des Français est favorable à l’autorisation de la consommation de cannabis (sauf pour les mineurs et au volant,). Plus de la moitié (52%) considèrent que la vente de cannabis sous le contrôle de l’état permettrait de casser le trafic. Cette réponse le début de l’adhésion à la thèse légaliser = casser le trafic et ceci est tout à nouveau dans l’opinion, avant même qu’un véritable débat s’installe dans le pays.

Une courte majorité pour l'autorisation de consommation

Autoriser la vente sous contrôle de l'état

Sur ces questions, on note une différence marquée par génération: concernant l’autorisation 54% des moins de 60 ans y sont favorables contre 36% des plus de 60 ans, concernant la vente sous contrôle de l’état: 56% des moins de 35 ans, 55% des 36-59 et seulement 41% des plus de 60 ans y sont favorables. Ces positions sont là encore uniformes entre les zones de résidence et les régions; les cadres et les professions intermédiaires sont plus nombreux à considérer le contrôle par l’état efficace pour casser le trafic.

Une majorité de français (52%) est en faveur de prises de position par les candidats à l’élection présidentielle sur cette question, moins parmi les moins de 35 ans (44%) que pour les générations plus âgées (52% et 62%); les plus jeunes semblent moins confiants dans les politiques. Là encore la position est homogène entre territoires et milieux sociaux.

Le cannabis dans la campagne présidentielle

Les positions sont donc clivées sur les contours d’une nouvelle législation, mais ce qui est remarquable c’est que d’une part le déterminant principal des positions est l’âge qui distingue les moins de 60 ans des plus âgés (pas de différence entre les moins de 35 ans qui correspondent plus à la population des fumeurs actuels et les 35-59 dont l’immense majorité ne consomme pas) et d’autre part les positions sont homogènes sur le territoire des grandes villes aux zones rurales en passant par la France périphérique, entre régions; ceci correspond d’ailleurs à la consommation de cannabis largement répandue sur le territoire et dans tous les milieux sociaux.

Il faut aussi souligner que les répondants ont pour une proportion élevée l’expérience de la consommation de cannabis. Un quart de la population a consommé du cannabis 24% chez les moins de 35 ans, 30% chez les 35 à 60 ans et 10% chez les plus de 60 ans, mais il s’agit d’une consommation passée pour une très large majorité. Ainsi les positions en faveur d’une nouvelle législation abandonnant la prohibition est dominante chez les jeunes et les adultes de moins de 60 ans. Elle n’est pas motivée par un désir de consommer davantage puisque l’immense majorité des usagers sont d’ex consommateurs.

La consommation personnelle de cannabis

Ainsi, alors que la légalisation du cannabis n’a pas encore trouvé sa place dans les débats politiques, que les arguments issus des connaissances scientifiques et des expériences menées dans d’autres pays n’ont pas été porté de façon détaillée à la connaissance de l’opinion, une légère majorité des français, nette parmi les plus jeunes, y est favorable.

Les réponses à ce sondage sont un argument de poids pour ouvrir un véritable débat politique sur la révision de l’interdiction du cannabis et analyser l’expérience des pays qui ont dépénalisé ou légalisé dans le but de contrôler avec pragmatisme aussi bien la consommation que les trafics.