Migrantes d’Afrique subsaharienne et VIH : le risque d’infection en France associé aux violences sexuelles

Selon l’étude ANRS PARCOURS, un tiers des femmes originaires d’Afrique subsaharienne suivies pour le VIH en France ont été infectées après leur arrivée. Le risque de contracter le VIH est plus élevé lorsque les femmes déclarent avoir subi au moins un rapport sexuel forcé après leur arrivée en France. Julie Pannetier (Institut de recherche pour le développement, UMR CEPED, IRD-Université Paris Descartes, Paris) présente ces données lors de la 21ème Conférence internationale sur le SIDA (AIDS 2016), qui se déroule du 18 au 22 juillet 2016, à Durban (Afrique du Sud).

L’enquête ANRS PARCOURS a été conduite en 2012-2013 en Ile-de-France, dans 74 services de santé. Elle étudie les parcours de vie, l’infection à VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. et VHB des migrants d’Afrique subsaharienne vivant en France. Elle a ainsi récemment révélé qu’entre 35 et 49% (selon les hypothèses retenues) des patients originaires d’Afrique et vivant avec le VIH avaient été infectés après leur arrivée en France. Chez les femmes, cette proportion est d’au moins 30%. Conduite par Annabel Desgrées du Loû (Institut de recherche pour le développement, UMR CEPED, IRD-Université Paris Descartes, Paris), l’enquête ANRS PARCOURS apporte des réponses sur les facteurs pouvant favoriser l’infection par le VIH chez ces femmes. Ces résultats sont présentés en communication orale par Julie Pannetier (Institut de recherche pour le développement, UMR CEPED, IRD-Université Paris Descartes, Paris) lors de la 21ème Conférence internationale sur le SIDASida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. (AIDS 2016) qui se déroule du 18 au 22 juillet 2016, à Durban (Afrique du Sud).

Le groupe de recherche ANRS PARCOURS montre qu’il existe une corrélation entre le fait d’avoir contracté le VIH en France et celui d’avoir subi un rapport sexuel forcé dans notre pays. En effet, dans un groupe de 156 femmes de l’enquête qui ont très probablement été contaminées en France, 15,3% ont déclaré avoir été forcées à avoir au moins un rapport sexuel contre leur volonté depuis leur arrivée en France contre 3,5% dans un groupe témoin de 407 femmes africaines non infectées par le VIH.

Cette étude montre également que les femmes qui sont venues en France parce que leur vie était menacée dans leur pays d’origine sont 6 fois plus à risque de subir un rapport sexuel forcé après leur arrivée en France. Le risque est également plus élevé les années où les femmes ont vécu en France sans logement stable. Dans une précédente étude, le groupe de recherche ANRS PARCOURS avait montré, qu’en situation de précarité, les femmes d’Afrique subsaharienne sont amenées à accepter des rapports sexuels non souhaités en échange d’un logement ou d’une aide matérielle, particulièrement dans les premières années qui suivent leur arrivée en France. Selon Julie Pannetier, «ces résultats mettent en évidence qu’il est nécessaire de renforcer le dispositif d’accès à un logement le plus tôt possible après l’arrivée en France».

Abstract

Forced sex, migration and HIV infection among women from sub-Saharan Africa living in France: results from the ANRS Parcours study
J. Pannetier, A. Ravalihasy, M. Le Guen, N. Lydié, R. Dray-Spira, N. Bajos, F. Lert, A. Desgress du Lou, Parcours Study Group.