Chroniques de Durban 2016 : «Ne pas seulement écouter mais ENTENDRE»

Steffanie Strathdee est une épidémiologiste qui travaille sur la prévention du HIV en Californie et qui a enthousiasmé la salle tout au long de son intervention lors de la plenière du 19 juillet en étant vraie, précise, concise.

Steffanie Strathdee est une épidémiologiste qui travaille sur la prévention du HIV en Californie et qui a enthousiasmé la salle tout au long de son intervention en étant vraie, précise, concise.

Elle a annoncé la diminution du nombre d’enfants séropositifs en Afrique du Sud qui a chuté, depuis 19 depuis 2009, de 76%; la transmission de la mère enfant passant à 4%. Pourtant, pourtant, il y a toujours 3,4 millions de personnes séropositives et, ce qui est catastrophique, 2400 adolescentes et jeunes filles qui se contaminent chaque semaine.

Du coté de l’Afrique subsaharienne, depuis 2000, le nombre de nouvelles infections a diminué de 41% et le nombre de morts a chuté de 34%.

Au niveau mondial, le nombre de séropositifs est de 36,7 millions alors même que 17 millions sont sous traitement ARV et on ne peut que constater une diminution du nombre de morts de 43 % depuis 2003.

Le gros point négatif étant, bien sûr, le nombre de nouvelles contaminations qui chaque année avoisine les 2 millions de personnes.

Concernant les progrès véritables, 85 pays ont éliminé au moins sur le papier la transmission de la mère à l’enfant.

A l’heure actuelle, l’Europe de l’est et l’Asie centrale compte 1,5 millions de séropositifs et surtout affiche une augmentation de nombre de cas de 57% depuis 2010, c’est la situation la plus brûlante actuellement.

Un tour du monde rapide, chiffres et études à l’appui montre que chez les gays, c’est parmi les plus jeunes gays de 18 à 24 ans que se trouve la plus forte progression des cas de contamination, c’est valable aux USA mais aussi dans bien d’autres pays.

Pourtant comme le rappelait Charlize Theron hier soir en ouverture, des outils existent et sont à notre disposition : de la PrepPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. (traitement pre-exposition) aux traitements comme prévention (Tasp), ou aussi avec les préservatifs intérieurs ou extérieurs additionnés de gel, nous avons un extraordinaire arsenal à notre disposition. La Prep à l’épreuve du coût/efficacité débouche sur un résultat décevant: traiter tout le monde —tous les gays qui le souhaiteraient— ne semblerait pas «coût efficace» mais ce résultat PEUT et DOIT être amélioré très nettement par une baisse très forte du prix des produits utilisés.

Et toujours les mêmes risques liés à la discrimination et à la stigmatisation: 45% séropositivité chez les gays au Nigeria; plus il y a de discrimination, plus il y a de contamination.

Les défis sont toujours les mêmes :

  • toujours financer plus le fonds mondial; 
  • réinscrire la lutte contre le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. dans un contexte de justice sociale et économique.

Stéphanie termine par ces mots là :

«Ne pas seulement regarder mais voir»
«Ne pas seulement réfléchir mais agir»
et ressort un vieux slogan toujours d’actualité, «silence = mort»

L’adaptation des systèmes de santé

La session se prolonge autour de d’adaptation des systèmes de santé.
Le discours qui est ENTENDU depuis le début de cette 21ème conférence Mondiale sur le sida est effectivement bien différent ce celui dont on nous remplissait les oreilles encore très récemment: «Il faut être raisonnable, pas trop demander, faire mieux avec moins!»

Depuis deux jours nous assistons à un retour sur la nécessité d’une d’un financement plus important est une adaptation des systèmes de santé, mais une santé plus militante, plus commnautaire, plus activiste …. On est bien loin des discours qui avait été entendus en 2010 à Vienne. Désormais, il est clair qu’il nous faut plus d’argent pour pouvoir en finir avec le sida, plus d’argent pour pouvoir agir mieux.

Mais aussi, il faut arriver à convaincre les décideurs, c’est ce qu’a martelé le juge Edwin Cameron, convaincre les décideurs qu’il soient au Zimbabwe ou au Canada, que criminaliser les personnes séropositives est une erreur, que ce n’est pas comme ça qu’on arrêtera les contaminations. Les juges au Canada ont condamné à plusieurs reprises des personnes alors qu’elles étaient séropositives sous traitement avec une charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. indétectable et qu’elles utilisaient des moyens de prévention. Le seul fait d’avoir un rapport sexuel alors qu’on est séropositifSéropositif Se dit d’un sujet dont le sérum contient des anticorps spécifiques dirigés contre un agent infectieux (toxo-plasme, rubéole, CMV, VIH, VHB, VHC). Terme employé, en langage courant, pour désigner une personne vivant avec le VIH. peut entrainer une condamnation dans certains pays.

  • Il faut pouvoir reconnaître le travail du sexe;
  • Il faut reconnaître les personnes trans* homme ou femme;
  • Il faut arrêter les criminalisation les homosexuels et de l’homosexualité dans tous les pays où cela est encore d’actualité;
  • Il faut pouvoir donner du matériel de prévention aux usagers de drogue injectable.

En résumé, c’est par l’acceptation et la reconnaissance des populations clés que l’on viendra à bout du sida.

On peut retenir le cri de Charlize Theron poussé hier soir pour conclure: «Ce n’est pas le sexe qui transmet le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. c’est le sexisme, le racisme, l’homophobie.»