Prep: 100% de protection dans une cohorte américaine

Alors que le Groupe d’expert recommande en France la prophylaxie pré-exposition (Prep) dans certaines populations, les preuves de son efficacité pour prévenir la transmission du VIH s’amoncellent. Dans une des plus grande cohorte de Prep états-unienne, personne n’a été contaminé depuis 2 ans et demi.

Plus de 600 personnes habitant San Francisco prennent ainsi du Truvada (tenofovir/emtricitabine) de manière quotidienne (contrairement à une prise «à la demande» dans l’étude iPergay, par exemple), dans le cadre d’une étude menée par Kaiser Permanente, dont les premiers chiffres ont été publiés dans la revue Clinical Infectious Diseases en septembre 2015.

Pendant 32 mois, 1045 personnes ont été dirigées vers le programme de PrepPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. du centre médical Kaiser Permanente de San Francisco. Du Truvada a été proposé à 835 d’entre eux, soit 80 pour cent, et 657 (82 pour cent de ce groupe) ont alors commencé une Prep.

L’âge moyen des participants était de 37 ans (de 20 à 68 ans), et 99% d’entre eux étaient des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes. Le groupe comprenait trois femmes hétérosexuelles et un homme transgenre ayant des rapports sexuels avec des hommes. Trois personnes ont déclarés être usager de drogue injectable et 15 avaient pris une prophylaxie post-exposition (PEP) durant les trois mois précédent le début de la PrEP.

Au bout de 6 mois, les médecins ont interrogé 143 participants de la cohorte au sujet de leur prise de risque. Une majorité d’entre eux (74%) ont déclaré que le nombre de leurs partenaires sexuels récents n’avait pas augmenté, tandis que 15% ont déclaré qu’il avait baissé. En ce qui concerne l’utilisation du préservatif, 56% ont affirmé ne pas avoir modifié la fréquence de leur usage, et 41% les utiliser moins. 

L’importance du nombre d’IST dépistées semblent en tout cas confirmer que les personnes constituant cette cohorte étaient très exposées à un risque de contamination et auraient pu être infectées, n’auraient-elles pas eu accès à la Prep (à pratiques constantes). Six mois après la début de la PrEP, 30% des utilisateurs ont en effet été diagnostiqués avec au moins une ISTIST Infections sexuellement transmissibles.  Au cours de leur première année sous PrEP, la moitié a contracté une ou plusieurs IST, dont 33% une IST rectale, 33% des chlamydias, 28% une gonorrhée et 5,5% une syphilis. Deux participants ont contracté le virus de l’hépatite C (VHC).

Ces résultats viennent confirmer ceux des essais PROUD, tout juste publiés dans The Lancet1Pre-exposure prophylaxis to prevent the acquisition of HIV-1 infection (PROUD): effectiveness results from the pilot phase of a pragmatic open-label randomised trial.
McCormack S, Dunn DT, Desai M, Dolling DI, Gafos M, Gilson R, Sullivan AK, Clarke A, Reeves I, Schembri G, Mackie N, Bowman C, Lacey CJ, Apea V, Brady M, Fox J, Taylor S, Antonucci S, Khoo SH, Rooney J, Nardone A, Fisher M, McOwan A, Phillips AN, Johnson AM, Gazzard B, Gill ON.
Lancet. 2015 Sep 9
, et iPergay, qui ont toutes les deux montré des taux de réductions du risque de transmission de 86%. Des dizaines d’autres études sont actuellement en cours pour évaluer l’efficacité de cette méthode de prévention dans les conditions du réel. Les données d’observance de la prise de Truvada dans la cohorte de Kaiser Permanente sont d’ailleurs encore attendues.