Les chiffres 2014 des découvertes de séropositivité en France

En 2013, 6200 personnes ont découvert leur séropositivité en France. Comme les années précédentes, ce nombre est plutôt stable, mais dans un contexte d’augmentation, encore une fois, chez les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH), qui représentent 43% des découvertes.

Parmi ces 6200 personnes15800-6700, 23% sont des femmes hétérosexuelles nées à l’étranger, 15% des hommes hétérosexuels nés à l’étranger, 10% des femmes hétérosexuelles nées en France et 8% des hommes hétérosexuels nés en France. Les usagers de drogue injectable représentent 1% de ces découvertes. Dans tous ces groupes, on observe un pallier depuis 2012, mais dans un contexte montrant une tendance à la diminution, particulièrement chez les hétérosexuels non nés en France2Ces chiffres nous sont communiqués par l’Institut national de veille sanitaire (InVS).

Découvertes de séropositivités en 2013.

Découvertes de séropositivité par mode de contamination.

Chez les hommes migrants, on observe également que 32% des hommes déclarent avoir été contaminés dans le cadre dans d’un rapport avec un autre homme. Une proportion qui est d’ailleurs supérieur à 50%, dans les pays autres que l’Afrique Sub-Saharienne.

Découvertes précoces en hausse et tardives en baisse

Un dépistage précoce est essentiel pour une meilleure prise en charge des personnes vivant avec le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. mais aussi pour que le traitement comme prévention (Tasp) soit pleinement efficace. Pour 66% de ces personnes, cette découverte de séropositivité a lieu lors de la phase asymptomatique, et pour 11% lors du stade sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. Mais l’évolution récente est plus visible quand on s’intéresse au statut immunologique : 34% des personnes qui ont découvert leur séropositivité avaient plus de 500 CD4/mm3, un chiffre en augmentation. Parallèlement, 24% d’entre elles avaient moins de 200 CD4/mm3, une proportion en baisse.

Augmentation des diagnostics « précoces » et diminution des diagnostics « tardifs », avec des différences selon le mode de contamination

Plus précisément, on note que chez les HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes.  50% des diagnostics sont considérés comme précoces (à plus de 500 CD4/mm3 ou au PIV), un chiffre toujours haut. La proportion des diagnotics considérés comme tardif (moins de 200 CD4/mm3 ou stade sida) chez les hommes hétérosexuels est en baisse, à 37%.

Premiers chiffres concernant des personnes trans

La possibilité de déclarer une découverte de séropositivité chez une personne trans a été ajouté fin 2011. La déclaration obligatoire fait état de 20 découvertes de séropositivité, 19 concernant des femmes trans et une concernant un homme trans, d’une tranche d’âge de 24 à 60 ans.

Les autres variables n’ont été renseignées que pour 50% de ces découvertes sur la période 2012-2013, l’InVS n’a donc que peu de précisions sur ces personnes. Les motifs de dépistage (pour 19 d’entre elles) sont: une exposition récente (6 personnes) et des signes cliniques (5 personnes). Sur 17 diagnostics, 5 sont considérés comme précoces et 6 comme tardifs. La présence ou non d’IST a été déclarée pour 10 de ces personnes, 6 ont fait état d’une co-infection avec le syphilis. Enfin, dans 17 cas, la co-infection avec une hépatite a été renseignée, un seul cas d’infection au VHB a été trouvé, aucune au VHC.

Pratiques de dépistage

Les chiffres de dépistage du VIH nous proviennent des données InVS et des chiffres de la Direction générale de la santé (DGS), pour ce qui concerne le dépistage communautaire par Test rapide d’orientation au dépistage (TROD).

En 2013, 5,2 millions3(IC95%: [5,14-5,28]) de sérologies VIH ont été réalisées, soit 80 pour 1 000 habitants, nombre stable depuis 2011. Nous observons un nombre stable de sérologies réalisées en laboratoire, ce qui illustre bien les difficultés d’application du dépistage en population élargie en population générale4Recommandé fin 2010 dans le cadre du plan de lutte contre le VIH et les ISTIST Infections sexuellement transmissibles.  2010-2014..

Parmi ces sérologies, 11 2785[10 739-11 817]ont été confirmées positives, soit 172 par million d’habitants. Ce nombre a augmenté de 7% par rapport à 2011 à l’échelle nationale, augmentation observée dans les DOM et en métropole hors Île-de-France. Cette augmenation coïncide avec l’amélioration du délai de diagnostic.

Les régions qui dépistent le plus sont les Départements français d’amérique (DFA), Île-de-France et la Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), et ce sont les mêmes qui comptent le plus de découvertes de séropositivités.

Notons que le taux de positivité est beaucoup plus élevé parmi les TROD que parmi les sérologies classiques, même s’il diminue en raison de l’élargissement du public dépisté. Effectivement, on observe une montée en charge du dépistage communautaire, de 4000 en 2011 à 56 000 en 2013.

Sérologies VIH réalisées et sérologies confirmées positives, France, 2013, BEH, InVS.

Autre chiffre remarquable et en augmentation, 14% des réalisations des sérologies positives ont été réalisées après un dépistage orienté: Ces personnes ont été vues en consultation pour une pathologie autre que le VIH (IST, AEG, hépatites, etc.) ou dans un contexte suggérant une contamination possible (prise de risque datant de plus de 6 mois, arrivée d’un pays où l’épidémie est généralisée, etc.). Ce chiffre montre que de nouvelles occasions de dépistages ont été saisies. Les autotests, qui devraient être disponibles en jullet 2015, pourraient également permettre de créer de nouvelles occasions de dépistage.