SFLS — SFLS 2014: Le VHC dans les 20 ans à venir

Nous avons aujourd’hui les connaissances (épidémiologie, modes de contamination), les méthodes de dépistage avec les TRODs dont certains sont excellents et des traitements antiviraux avec une efficacité qui s’est considérablement améliorée ces dernières années  et des taux de guérison virologique qui sont de l’ordre de 90 – 95 % en 2014. 

 

Guérison virologique de l'hépatite chronique CTRODs VHC

Les bénéfices de la guérison virologique sont multiples qu’il s’agisse de la mortalité hépatique extra-hépatique ou de la qualité de vie. Pour autant, si l’on considère que la lutte contre l’hépatite C dans les 20 prochaines années doit se terminer par une victoire, les obstacles demeurent nombreux : réduction des risques, dépistage, accès aux soins, aux traitements ou obstacles liés aux traitements eux-mêmes. En termes de dépistage, la situation de la France à celle des pays voisins la fait apparaître comme le « bon élève » de l’Europe mais, en comparaison au dépistage chez les PPVIH, des progrès restent à faire.

Obstacles liés au dépistage du VHC

Qu’en est-il de l’épidémie cachée du VHC en France ? Les données du Rapport de Recommandations 2014 montrent que 32 % des patients ont eu une transfusion avant 1992, 14 % sont nés dans une zone de forte ou moyenne endémicité et 12 % ont expérimenté des drogues (i.v. ou nasale). Ceci veut dire aussi que dans plus de 40 % des cas, il n’existe pas de vision claire sur l’origine de la contamination … Concernant l’accès aux soins et bien que des traitements efficaces soient disponibles, seulement un faible pourcentage de patients sont traités. En Europe, seulement 3,5 % des patients VHC avaient reçu un traitement fin 2005. Toutefois, la proportion de patients traités varie de 16 % en France à moins de 1 % en Grèce et dans certaines parties de l’Europe de l’Est comme la Pologne et la Roumanie.

Aux USA, seulement 21 % des patients VHC avaient reçu un traitement fin 2007. L’inéligibilité ou une tolérance médiocre signifie que la plupart des patients VHC ne bénéficient pas du traitement. L’étude de marché Ipsos menée dans cinq pays européens (Italie, Espagne, Allemagne, France, Royaume-Uni) suggère que près de la moitié des patients (environ 47 %) suivis par un spécialiste (n = 274 000) sont inéligibles pour les traitements actuels.

Obstacles à l'accès aux soins

 

Il existe également des obstacles législatifs à la disponibilité des traitements avec des différences entre les ATUATU Autorisation Temporaire d’Utilisation. Autorisation permettant aux malades d’avoir un accès précoce aux médicaments, avant ou hors AMM. Procédures souvent utilisée dans l'histoire du sida. et les AMMAMM Autorisation de Mise sur le Marché. Procédure administrative qui autorise un laboratoire pharmaceutique à commercialiser une molécule. quand elles sont délivrées (exemple du daclatasvir avec une AMM à partir du 27 Octobre 2014 qui stipule que « La sécurité et l’efficacité de Daklinza dans le traitement des patients infectés par le VHC n’ont pas été établis chez les patients ayant une maladie hépatique décompensée, chez les patients avant ou après une transplantation hépatique ou une autre greffe d’organe, chez les patients co-infectés par le VIH”, soit une indication restreinte par rapport à l’ATU). Les obstacles à l’accès aux traitements sont aussi d’ordre financier (tableau) même s’il faut mettre en balance les coûts directs et indirects, le bénéfice sur la morbi-mortalité et la diminution de la transmission et la prise en compte dans une perspective longue…

Obstacles liés aux coûts dans l'accès aux traitements

Aujourd’hui, on estime que 130 à 170 millions de personnes sont infectées par le VHC, avec une prévalencePrévalence Nombre de personnes atteintes par une infection ou autre maladie donnée dans une population déterminée. élevée dans les pays en voie de développement. Face à ce problème majeur, les industriels ont déjà mis en place pour certains des politiques de partenariat avec les génériqueurs mais ceci pose quand même la question des différences inter-pays de l’organisation des politiques de santé et des initiatives industrielles.

En conclusion, le Pr Philippe Sogni a rappelé qu’il était nécessaire, en France, de renforcer la politique de réduction des risques, de poursuivre les recherches sur le dépistage et l’accès aux soins (tri-TRODs, autotests, réseaux de soins…), de définir des politiques coût-efficaces et justes d’accès au soins et aux traitements, de réunir les expériences individuelles pour avoir une action homogène sur tout le territoire et d’émettre régulièrement des recommandations d’experts.

Un article réalisé pour Edimark à l’occasion des journées de la SFLS 2014, d’après la communication de P. Sogni – Plénière 1.