VIH et Tabac — La varénicline est bien tolérée chez les séropositifs au VIH

La prévalence du tabagisme est très élevée dans la population séropositive au VIH (40 à 85% selon les études). Compte tenu du facteur aggravant que représente le tabagisme dans cette population (risque doublé de contracter une pneumonie, risque accru de bronchopneumopathie chronique obstructive [BPCO], de cancer, etc.), il est donc très important de prendre en charge l’arrêt du tabac chez ces patients. 

Cet article a été publié dans Swaps n°68.

Dans cette étude, les patients ont reçu une première intervention en face à face, puis 11 séances hebdomadaires par téléphone réalisées par une infirmière tabacologue. Pendant ces 12 semaines de traitement, 118 patients ont été traités par la varénicline (dose standard à 1 mg deux fois par jour après augmentation progressive des doses), et 110 patients ont été traités par l’association d’un patch à 21 mg par jour avec des gommes à 4 mg ad libitum (au maximum jusqu’à 24 gommes par jour). Les patients étaient encouragés à utiliser la varénicline, mais pouvaient choisir le traitement nicotinique de substitution (TNS) s’ils le désiraient, ou étaient assignés au TNS s’ils présentaient des antécédents de schizophrénie, de trouble bipolaire, ou s’ils avaient un score de dépression de Beck supérieur à 20. L’efficacité du traitement a été testée à 3 mois avec validation biologique (cotinine salivaire et/ou monoxyde de carbone [CO] si le patient continuait à prendre un TNS). Parmi les patients traités par varénicline, les événements indésirables les plus fréquents ont été les nausées, les troubles du sommeil et les troubles de l’humeur. Un patient a rapporté des idées suicidaires, mais aucune complication cardio-vasculaire n’a été notée. Il n’y a pas eu de différence d’événements indésirables selon que les patients étaient ou non sous association de traitements antiviraux. Il y a tout de même 14,4% des patients sous varénicline qui ont arrêté le traitement pour effets indésirables et ont été mis sous TNS (10 pour changement d’humeur, 4 pour nausées ou vomissements et 3 pour maux de tête ou fatigue). Les pourcentages d’abstinence confirmés à 3 mois ont été de 11,8% dans le groupe TNS et de 25,6% dans le groupe varénicline (OR = 2,54 ; IC95 : 1,43-4,49). Cet effet favorable de la varénicline par rapport au TNS a été confirmé dans plusieurs analyses prenant en compte différents facteurs (antécédents de dépression ou de trouble bipolaire ; indice de masse corporelle [IMC] < 10, IMC < 20), sans que l’OR perde sa significativité. Seule la schizophrénie n’a pas pu être prise en compte, car il n’y avait que 7 patients avec des antécédents de schizophrénie dans le groupe TNS et aucun dans le groupe varénicline.

La principale limitation de cette étude est qu’elle n’était ni randomisée, ni en double insu. Elle semble cependant confirmer la relative bonne tolérance de la varénicline dans un groupe de patients séropositifs au VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi.

Bibliographie

Safety of varenicline among smokers enrolled in the lung HIV study. 
Ferketich AK, Diaz P, Browning KK et al. 
Nicotine Tob Res. 2012 May 15. [Epub ahead of print]