CROI 2013 — PTME et Allaitement : Diminuer les risques pour le nouveau-né

En France, le taux de transmission du VIH de la mère à l’enfant est passé de plus de 25% à moins de 1%, grâce à la prescription systématique d’une multithérapie efficace à la mère pendant la grossesse. Cette réussite ne doit pas empêcher d’évaluer les risques de malformation que le traitement pourrait faire courir à l’enfant, en particulier dans les pays où les patients peuvent bénéficier de plusieurs options thérapeutiques.

Une évaluation systématique du risque de malformation congénitale associé à chaque molécule utilisée pendant la grossesse a été entreprise au sein de l’Enquête Périnatale Française (cohorte ANRC CO 1-EPF), la plus ancienne et l’une des plus grandes cohortes prospectives nationales sur la transmission mère-enfant du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi.

Présentée à la CROICROI «Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections», la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes annuelle où sont présentés les dernières et plus importantes décision scientifiques dans le champs de la recherche sur le VIH. par Jeanne Sibiude de l’Hôpital Louis Mourier à Colombes, l’analyse1Birth Defects and Antiretroviral Therapy in the EPF French Perinatal Cohort, a Prospective Exhaustive Study among 13,124 Live Births from 1994 to 2010 ; Jeanne Sibiude, Laurent Mandelbrot, Stéphane Blanche, Jérôme Le Chenadec, Naima Boullag-Bonnet, Albert Faye, Catherine Dollfus, Roland Tubiana, Babak Khoshnood, Josiane Warszawski, and ANRS CO1/CO10/CO11 montre une augmentation significative et spécifique d’un risque d’anomalie congénitale neurologique associée à l’exposition au premier trimestre de grossesse à l’Efavirenz. Le risque serait multiplié par 3 (OR ajusté: 3,2 IC 95%: 1,1-9,1; p=0,03).

En France, l’usage de l’Efavirenz n’est pas recommandé pendant la grossesse, des malformations neurologiques (anomalie de fermeture du tube neural) ont été rapportées chez des nouveau-nés de singes exposés pendant la grossesse. L’OMS en revanche a retiré récemment son conseil de ne pas utiliser l’Efavirenz chez la femme enceinte.

Une augmentation de la fréquence des malformations congénitales est également observée en cas d’exposition à l’AZT et la didanosine (DDI). Pour l’AZT, il existe un risque deux fois plus élevé d’anomalies congénitales du cœur (OR  : 2,3 [1,4-3,9]). La DDI, qui n’est plus beaucoup prescrite de nos jours, serait, quant à elle, liée à l’augmentation de malformations congénitales de la tête et du cou (OR: 2, 9 [1,0-8,1]).

Difficile d’établir un lien de causalité

Si le nombre des pathologies relevées est suffisant pour rendre les données signifiantes statistiquement, impossible pour autant d’établir un lien direct de causalité entre l’utilisation de ces molécules et ces malformations. Et ces chiffres, s’ils appellent à la prudence, ne remettent absolument pas en question l’intérêt thérapeutique de la PTME. Le bénéfice risque, en particulier dans un pays en voie de développement, est en faveur de l’utilisation des ARV pendant la grossesse.

En France, le traitement PTME est adapté selon la situation thérapeutique de la femme enceinte. Si elle n’est pas encore sous antirétroviraux, la prescription préconisée est une trithérapie associant Combivir (AZT+3TC) et Kaletra. Dans le cas contraire, on s’assure que le traitement de la femme ne présente pas de contre-indications connues en cas de grossesse (dont l’Efavirenz).

D’autres études sont attendues: l’essai ANRS 135 PRIMEVA a étudié l’efficacité d’une monothérapie avec inhibiteur de protéase sans AZT et a montré des premiers résultats encourageants en 2011.