Sécurité transfusionnelle — Accès au don du sang des HSH : quel bilan à l’international ?

Globalement, peu de pays ont limité la durée d’exclusion des HSH du don de sang, qui reste permanente dans la majorité. L’accès au don du sang des HSH n’est pas corrélé à l’épidémiologie du VIH en population générale de ces pays.

En Europe, parmi les 18 pays pour lesquels l’information est disponible, seuls l’Italie et l’Espagne n’excluent pas les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) de façon permanente1Pillonel J, Semaille C., « Accès au don du sang des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et impact sur le risque de transmission du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. par transfusion : tour d’horizon international », Transfus Clin Biol, 2011 Apr;18:151-7. Au Royaume-Uni (Irlande du Nord exceptée), les HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes.  abstinents au cours des 12 mois précédant le don peuvent, depuis le 7 novembre 2011, donner leur sang. En Italie et en Espagne, pas de critère spécifique aux HSH : le multipartenariat ou un changement de partenaire sont considérés comme des comportements à risque quelle que soit l’orientation sexuelle. La période d’exclusion est de 4 mois en Italie, de 6 mois en Espagne. En Italie, ces critères sont appliqués depuis 2001 alors que l’Espagne les utilise depuis toujours. La différence d’attitude dans la sélection des donneurs de ces deux pays ne s’explique pas par une épidémiologie du VIH particulièrement favorable par rapport aux autres pays européens. La prévalencePrévalence Nombre de personnes atteintes par une infection ou autre maladie donnée dans une population déterminée. du VIH en population générale y est plus élevée et la proportion d’HSH parmi les nouveaux diagnostics comparable. Au Royaume-Uni, la prévalence du VIH (0,2 %) et la proportion d’HSH parmi les nouveaux diagnostics se situent dans la moyenne européenne (38 %), mais un récent rapport a montré qu’une réduction de l’exclusion des HSH à 12 mois n’augmenterait pas significativement le risque résiduel de transmettre le VIH par transfusion2SaBTO, Advisory Committee on the safety of Blood, Tissues and Organs. Donor Selection Criteria Review (April 2011), sous l’hypothèse d’une compliance inchangée par rapport à l’exclusion permanente.

En Amérique du Nord, le Canada et les Etats-Unis continuent à exclure de façon permanente les HSH. En Amérique du Sud, l’Argentine et le Brésil ne les excluent que pendant une période de 12 mois. Ces quatre pays ont des prévalences du VIH comparables, avec une proportion d’homosexuels parmi les nouveaux diagnostics plus faible au Brésil.

En Océanie, avec une prévalence d’environ 0,1%, l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont des pays peu touchés par le VIH, mais les nouveaux diagnostics sont majoritairement observés chez les HSH. Jusque dans le milieu des années 90, chaque Etat australien avait sa propre politique concernant la sélection des donneurs, allant d’une exclusion de 5 années à une exclusion permanente. Entre 1996 et 2000, tous ont changé pour une exclusion de 12 mois. Une récente étude a montré que le taux de dons VIH positifs n’avait pas été modifié par ce changement de politique. En Nouvelle-Zélande, depuis 1999 la période d’exclusion pour les HSH était de 10 ans, mais cette période a été ramenée à 5 ans suite à un rapport de 2008 du New Zealand Blood Service montrant par modélisation l’absence d’augmentation de risque liée à ce raccourcissement.

En Asie, dans les 3 pays pour lesquels les critères de sélection des donneurs sont connus, la situation épidémiologique vis-à-vis du VIH est tout à fait comparable avec une prévalence faible et une proportion d’HSH parmi les nouveaux diagnostics compris entre 40 % et 50 %. Seul le Japon permet aux HSH abstinents sur les 12 derniers mois de donner leur sang, Hong Kong et Singapour les excluant définitivement.

En Afrique du Sud, pays pour lequel la prévalence du VIH est très élevée en population générale, la période d’exclusion est de 6 mois.