Le meilleur du VIH en 2011 (1/4) : retour sur un an de molécules

Début d’année, l’occasion des rétrospectives. Premier épisode, les 11 molécules dont les résultats sont à retenir.

Cet article a été publié sur Séronet.

Avant de dresser le bilan de cette année plutôt riche, précisons quelques termes couramment utilisés par les médecins, afin de rendre la lecture plus fluide.
Personnes naïves : elles n’ont jamais pris de traitement ;
Personnes prétraitées : c’est l’inverse ;
CV indétectable : c’est la charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. indétectable. Elle définit le succès thérapeutique ;
sinon, c’est l’échec ;
CV élevée : plus de 100 000 copies/ml de sang ;
Switch : c’est quand on passe d’une trithérapie efficace (CV indétectable, vous suivez ?) à une autre, et ce essentiellement pour des raisons de tolérance (d’effets indésirables) ;
Les différentes phases des essais chez l’humain : phase I (première phase chez l’homme, sûreté), phase IIA (dosage, première idée de l’efficacité et de la capacité à produire des réponses), IIB (validation du concept), phase III (efficacité). Ensuite, c’est l’AMM ou autorisation de mise sur le marché, suivi d’une surveillance du médicament en population générale (phase IV) ;
Profil de résistance : ce sont les différentes mutations du virus qui font que chaque antirétrovrial va être totalement, partiellement, ou pas du tout, efficace.
Ces précisions étant faites, c’est parti !

1. Raltégravir (Isentress) : marche longtemps, mais en deux prises
Deux nouvelles. La mauvaise : la prise en une fois par jour (2 comprimés) chez les personnes naïves est moins sûre que la double prise (2 x 1 comprimé : un le matin, un le soir, par exemple), surtout en cas de charge virale élevée, et semble-t-il également en switch. Mais, même au bout d’un an, les résultats restent bons dans les deux cas : 83% contre 89% (c’est très haut). Du coup, s’il n’y a pas de résistances à d’autres molécules, mais des difficultés d’observance en double prise, certains médecins « autorisent » la prise en une fois par jour. Attention à ne pas « griller » la molécule. Car la bonne nouvelle, c’est que l’efficacité d’Isentress se maintient après 4 ans chez les personnes naïves.

2. Viramune XR : la formulation en une prise par jour approuvée
La formulation à libération prolongée de la névirapine (Viramune XR), un non nucléoside, sera commercialisée au deuxième trimestre 2012. Elle a été approuvée en septembre par l’Agence européenne du médicament. Viramune XR (Extended release) s’utilise en une prise unique par jour (400 mg) alors que Viramune classique devait se prendre deux fois par jour (2 x 200 mg), même si certains médecins permettaient des prises en une seule fois. Le laboratoire indique que les prix n’augmenteront pas en France. La question d’une version générique de cette nouvelle formulation au Sud, où la névirapine est très utilisée, reste entière.

3. Rilpivirine : Edurant et Eviplera seront commercialisés en 2012
Ce sera le petit nouveau du 2e semestre 2012. Un nouveau non nucléoside en une prise par jour, développé par Janssen a été approuvé en Europe en octobre et sera commercialisé sous le nom Edurant. Ce comprimé a la taille d’un tic tac. C’est aussi efficace qu’efavirenz (Sustiva) mais avec beaucoup moins de vertiges, de rash (éruptions sur la peau), de cauchemars et de troubles des graisses dans le sang. Si l’AMM est valable chez les personnes naïves avec moins de 100 000 copies/ml, selon une étude, il serait possible de switcher sans danger d’efavirenz vers la rilpivirine. Un combo avec Truvada sera commercialisé au 2e semestre 2012, sous le nom Eviplera.

4. Cobicistat : un nouveau booster pour 2013
C’est sans doute un futur top des ventes. Ce booster expérimental a été conçu par Gilead pour concurrencer Norvir actuellement en situation de monopole sur le marché des boosters utilisés quasi systématiquement pour espacer les prises des antiprotéases. Gilead souhaite associer son booster dans des combos « deux-en-un ». On sait déjà que ça marche avec Reyataz : le « deux-en-un » devrait arriver en 2013. Plus lointain, un combo avec Prezista est également programmé.

5. Elvitégravir : aussi bon qu’Isentress, le Quad à la FDA
C’est l’anti-intégrase développée par Gilead, l’elvitégravir. Elle est aussi efficace qu’Isentress chez des personnes en multi-échec thérapeutique, avec des virus multi-résistants… Au bout de deux ans, avec l’un ou avec l’autre, environ une personne sur deux conserve une CV indétectable. Les effets indésirables sont similaires. L’elvitégravir s’utilise en une prise par jour, boosté par le cobicistat (avec qui il est co-formulé dans un comprimé). Gilead a dans ses tuyaux une nouvelle trithérapie en un comprimé par jour, le Quad, qui associe elvitégravir + cobicistat avec l’emtricitabine et le ténofovir (Truvada). Le dossier de demande d’AMM américaine a été déposé fin octobre, après les bons résultats en phase III chez les personnes naïves. Au bout d’un an, le Quad fait aussi bien qu’Atripla et que Truvada + Reyataz boosté.

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