Souche — Un voyageur contaminé par le VIH-1 du groupe N au Togo

Le VIH-1 du groupe N a été identifié au Cameroun en 1998 et n’avait jamais été signalé que dans ce pays. Une équipe de l’hôpital Saint-Louis, à Paris, publie dans le Lancet l’observation clinique d’un voyageur qui s’est contaminé au Togo, posant des problèmes biologique et thérapeutique spécifiques.

Le 21 janvier 2011, un homme de 57 ans, habitant en France, se rend aux urgences huit jours après son retour du Togo. Une infection à VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. est évoquée devant le tableau clinique (fièvre, éruption cutanée, adénopathies et ulcération génitale) associé à l’évocation de relations sexuelles durant le séjour. ELISA et Western-Blot sont faiblement positifs.

Le 9 février, le patient développe une paralysie faciale. L’ARN VIH plasmatique est alors de 4,4 log10 copies/ml et le taux de lymphocytes T CD4+ de 219/µl. Les médecins décident la mise sous traitement antirétroviral. Au préalable, suivant les recommandations françaises en la matière, ils demandent un génotype du virus. Mais les biologistes ne peuvent amplifier les gènes de la transcriptase inverse et de la protéase, alors même que la charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. est élevée. Une recherche du sérotype viral est alors effectuée qui montre une réactivité vis-à-vis des antigènes spécifiques du groupe N. Le séquençage du génome entier confirme l’appartenance du VIH-1 au groupe N. Une pentathérapie antirétrovirale est débutée (ténofovir, emtricitabine, darunavir/ritonavir, raltégravir, maraviroc). Au bout de quatre semaines, la charge virale descend au-dessous des 20 copies/ml et les CD4 s’élèvent à 483/µl.

L’équipe de Saint-Louis conclut sur une mise en garde

Cette contamination survenue au Togo montre que le VIH-1 de groupe N a franchi les frontières du Cameroun. L’observation soulève plusieurs problèmes. Les kits de dépistage et de génotypage ne se sont pas montrés très efficaces dans cette situation. Les signes cliniques de l’infection sont très marqués et le déclin des CD4 rapide. Une quintuple association antirétrovirale a été d’emblée nécessaire. On ignore si son efficacité initiale, tant virologique qu’immunologique, se maintiendra dans le temps.

L’équipe de François Simon conclut sur une mise en garde. Des divergences entre les données de la charge virale et des tests moléculaires doivent attirer l’attention des cliniciens et des biologistes, et évoquer un VIH-1 du groupe N. 

> HIV-1 group N: travelling beyond Cameroon / C. Delaugerre et al. / Lancet (The), vol. 378, n° 9806, 26 novembre 2011. – P. 1894

> A lire aussi:  Cameroun: un nouveau variant du VIH / C. Roncier. – Vih.org, 3 août 2009