Botswana — PTME: Un risque d’accouchement prématuré avec les antiprotéases?

Une étude randomisée (pdf, 142Ko), réalisée au Botswana, montre que, chez la femme enceinte, un traitement antirétroviral (ARV) comprenant un inhibiteur de protéase augmente le risque d’accouchement prématuré, par rapport à un traitement ne comprenant que des analogues nucléosidiques. Mais il n’augmente pas les hospitalisations ou la mortalité chez les nourrissons. Les résultats viennent d’en être publiés dans le Journal of Infectious Diseases (article en accès libre).

Cette étude a concerné 560 femmes enceintes, naïves de traitement antirétroviral, avec un taux de lymphocytes T CD4+ supérieur ou égal à 200/mm3, recrutées dans un programme de prévention de la transmission materno-foetale du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. (PTME). Entre la 26ème et la 34ème semaine de gestation, ces femmes ont été réparties par randomisation en deux groupes. Dans le premier bras, 265 femmes ont reçu un traitement associant un inhibiteur de protéase (IP), le lopinavir/ritonavir, à deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI), la zidovudine et la lamivudine ; dans le second bras, 263 femmes recevaient un traitement associant l’abacavir à la zidovudine et à la lamivudine, soit trois analogues nucléosidiques. La prématurité était définie par un accouchement survenant avant la 37ème semaine de grossesse.

Le taux d’accouchement prématuré est de 21,4% chez les 267 femmes du groupe IP et de 11,8% chez les 263 femmes du groupes INTI, une différence significative (P=0,003). En analyse univariée, le facteur prédictif de prématurité le plus signifiant est la prise d’une association d’ARV comprenant une antiprotéase qui double le risque (OR 2,03, IC 95% 1,26 à 3,27, P=0,004).

Les femmes du groupe IP ont un gain de poids inférieur à celles du groupe INTIINTI Les inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse du VIH ou INTI, sont des composés de synthèse utilisés dans le traitement du VIH et des hépatites. un mois après le début du traitement. Mais cette différence dans l’indice de masse corporelle (IMC) n’est pas associée à un accouchement prématuré (OR 0,81, IC 95% 0,52 à 1,24). Cependant, les chercheurs pensent que ce gain de poids en fin de grossesse moins élevé sous IP justifie des études plus poussées.

Des soins obstétricaux et néonataux qualifiés nécessaires

Les taux d’hospitalisation et de mortalité chez les enfants, dans les six mois suivant la délivrance, ne diffèrent pas de façon significative dans le groupe IP et dans le groupe INTI. «Bien que les IP ne soient pas associés à une augmentation de la morbidité et de la mortalité chez les enfants dans notre étude, notent les auteurs, des données complémentaires provenant d’enfants exposés in utero à des IP seraient nécessaires.»

Les chercheurs ajoutent que les associations d’ARV comprenant des IP «offrent des bénéfices indubitables en ce qui concerne la santé des mères et des enfants» mais suggèrent néanmoins que «des soins obstétricaux et néonataux qualifiés devraient être prévus pour la prise en charge d’accouchements prématurés afin d’optimiser les bénéfices d’une PTME basée sur des IP durant la grossesse».

> Increased risk of preterm delivery among HIV-infected women randomized to protease versus nucleoside reverse transcriptase inhibitor-based HAART during pregnancy (pdf, 142Ko) / K. M. Powis et al. – Journal of Infectious Diseases (The), vol. 204, n° 4, 15 août 2011. – Pp. 506-514.