A Vienne, en congrès une nouvelle fois

Du 18 au 23 juillet, une grande partie des acteurs de la lutte contre le sida sera à Vienne (Autriche) pour la 18e Conférence internationale sur le sida. A la fin de l’année 1814 et jusqu’en juin 1815, toute l’Europe se retrouvait déjà pour le fameux congrès de Vienne, à la suite de l’abdication de Napoléon 1er. Les familles régnantes d’Europe entendaient alors retrouver les frontières d’avant la Révolution française. Sans revenir sur les chaos que l’Europe traversa au début du 19e siècle, il est permis de craindre un parallèle avec la situation que nous connaissons actuellement dans la lutte contre le sida. Les dix dernières années ont montré que le progrès était possible. Aujourd’hui, certains évoquent même la possibilité d’arrêter l’épidémie. Mais aujourd’hui aussi, les dirigeants des grandes puissances du monde souhaitent mettre un frein à ces évolutions, certes imparfaites, mais qui peuvent tout de même se comptabiliser en millions de vies sauvées. Certains considèrent sans vergogne qu’on en a « déjà fait beaucoup contre le sida » ; d’autres surgissent pour réclamer des efforts sur d’autres causes, tout aussi légitimes, mais prenant ainsi le risque de générer une compétition dans les objectifs du Millénaire pour le développement. Ralentir ou freiner aujourd’hui le rythme de la lutte contre l’infection par le VIH, c’est retourner à la situation du début des années 2000, où les frontières du monde en lutte contre le sida étaient cruellement tracées : l’espoir d’une vie avec le VIH allongée dans les pays riches, la perspective d’une hécatombe dans les pays pauvres. De nombreux défis Cette 18e Conférence devrait plutôt proposer des outils afin de réduire la fracture entre « riches » et « pauvres » : une taxation des transactions financières internationales pour financer l’aide au développement, une négociation sur les coûts de la prise en charge (en particulier pour les traitements de 2e et 3e ligne, et pour la surveillance virologique), un plan d’urgence sur les ressources humaines en santé et sur la recherche sur le VIH, et un réel et immense investissement sur le respect des droits de l’homme, tant en la matière la situation ne cesse de se détériorer partout dans le monde. Pour la première fois, Sidaction est partenaire de l’International Aids Society pour cette Conférence mondiale, soutenant un satellite sur les réservoirs viraux et le programme de bourses. Par ailleurs, notre association vient d’être sélectionnée en tant que représentante de la société civile, parmi une vingtaine d’organisations candidates, pour rejoindre le comité d’organisation des conférences internationales de 2012 et de 2014. À Sidaction, nous considérons que cet honneur est avant tout la reconnaissance du travail réalisé par tous nos partenaires et par notre équipe. Dans le prochain numéro de Transversal, et durant toute la conférence sur www.sidaction.org nous reviendrons bien entendu sur Vienne 2010… Bis bald ! Éric Fleutelot, directeur général adjoint international de Sidaction http://www.sidaction.org/ewb_pages/c/conference_vienne_2010_edito.php