Atelier Casablanca 2010 — Conseil et test VIH dans les pays du Sud

Les données actuelles sur le dépistage conseil montrent clairement une augmentation de la disponibilité et de l’utilisation des services de Conseil et Dépistage VIH (CDV). Mais malgré tous ces progrès, 2/3 des individus ignorent toujours leur statut sérologique. Un synthèse d’atelier de la Conférence francophone de Casablanca 2010.

Mini-lecture du Dr Carla Makhlouf Obermeyer

Les données actuelles sur le dépistage conseil montrent clairement une augmentation de la disponibilité et de l’utilisation des services de Conseil et Dépistage VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. (CDV), comme en atteste par exemple le dédoublement du nombre de tests entre 2007 et 2008 due, en partie, à l’expansion et au développement du dépistage à l’initiative du soignant et au développement d’initiatives innovantes, comme le dépistage mobile ou les Journées Nationales du Dépistage.

Mais malgré tous ces progrès, 2/3 des individus ignorent toujours leur statut sérologique. En effet, de nombreux obstacles restent toujours posés dont celui de la discrimination et la stigmatisation dont sont victimes les PVVIHPVVIH Personne vivant avec le VIH Au Cameroun, par exemple, certains tests VIH sont pratiqués à l’insu du patient (« dépistages dissimulés ») à certaines occasions.

Beaucoup d’occasions manquées, nombreux obstacles qui peuvent être:

  • Facteurs pratiques : disponibilité et coût des tests, accessibilité, qualité des services et capacités de ceux qui prodiguent de soins;

  • Information et attitudes;

  • Facteurs liés au genre (dépistage plus fréquent et moins volontaire des femmes/pTME);

  • Stigmatisation/discrimination.

Enjeux et débats

On est parti de l’exceptionnalisme du VIH a «the right to know», puis accélération du dépistage parPITc and maintenant Treatment as prevention (TasP), on observe un changement des concepts à travers le temps.

Les changements des politiques et des programmes sont rapides. L’étude Multicountry Afican Testing and Counseling for HIV (MATCH) est une étude en cours dans plusieurs pays africains. Elle nous fournit quelques éléments de réponse :

– Modalités de dépistage : séparation ou fluidité CDV/PTME/PITC, il y a un overlapping;
– Les motivations du dépistage et des dépistages répétés;
– Concernant les indicateurs des 3C, il semble que les différences ne soient pas très grandes entre les différentes modalités de dépistage;
– Pratiques locales : l’étude donne aussi le vécu des prestataires et leur vécu, comprendre un peu mieux le contexte de la révélation et de l’annonce;

Evaluation de la campagne de comunication pour la Journée nationale de dépistage volontaire du VIH en Côte d’Ivoire

Un sondage rapide a été effectué pour évaluer les effets de communication sur la mobilisation de la population pour le CDV lors de la JND en Côte d’Ivoire, organisée dans 10 communes d’Abidjan : 37 sites fixes et 70 «points chauds».

Une campagne de communication a eu lieu 10 jours avant (affiches, spots télé, radio, ligne verte), ainsi qu’une mobilisation communautaire par le Réseau Ivoirien des PVVIH.

– 62% des enquêtés ont été informés grâce à la campagne;
– 70% ont changé leur comportement après le test (s’abstenir, mener une vie chaste), 6% faire régulièrement le test;
– 64% de 1er test;
– 90% de satisfaction.

Seuls 34% des conseillers se sont déclarés satisfaits : les opérations ont démarré de façon tardive en raison de la pluie diluvienne qui s’est abattue sur Abidjan ce jour là, lourde charge de travail et mauvaise organisation.

En conclusion, ce fut un succès. Le principal obstacle a été, non pas la crainte du résultat, mais surtout l’absence d’info sur le test et la localisation du CDV.

Pratiques et perceptions en matière de dépistage du VIH chez les patients suspects de tuberculose ou de co-infection VIH-TB au Cameroun

Comment les médecins procèdent-ils pour établir le diagnostic de coinfection TB-VIH au Cameroun? Une trentaine de médecins interrogés sur 4 sites et 21 infirmiers, 15 agents de relais communautaire et 10 assistants sociaux. Le dépistage de la tuberculose et du VIH est prescrit en routine et le counseling est prévu pour le dépistage VIH que parfois non systématique, surtout pour le dépistage « prescrit ».

Il existe 3 formes de dépistage :

  • Dépistage proposé ou stratégie opt-out : tests prescrits simultanément ou en léger différé, possibilité de refus;

  • Dépistage imposé : les 2 tests prescrits simultanément et le VIH est imposé bien que le patient en soit informé;

  • Dépistage dissimulé : les 2tests prescrits simultanément mais le test VIH est dissimulé à dessein et le résultat sera annoncé ou pas par le médecin une fois qu’il a un résultat. Cette situation est surtout vue en cas de symptômes très évocateurs de la coinfection TB-VIH.

La plus grande part des tests s’inscrit dans le cadre du dépistage dissimulé. Selon la perception des médecins, la tendance est à la banalisation du test VIH parmi les médecins qui ne s’accompagne pas toujours d’un recueil du consentement du patient. Mais ce dépistage dissimulé pose quelques problèmes aux médecins : patients sont les moins bien observants, difficulté d’annonce en cas de test positif. En conclusion, les dépistages des deux pathologies a du mal à être harmonisés.

Facteurs liés au suivi des clients séronégatifs après un premier dépistage: leçon apprises dans un centre de dépistage et de conseil au Bénin

Description des facteurs liés au suivi des clients séronégatifs après un premier dépistage effectué dans le Centre de dépistage de l’Hôpital d’Instruction des Armées du Bénin à Cotonou: Les clients ayant un test négatif sont priés de refaire un test un an plus tard et cette recommandation s’accompagne d’un paquet d’activités de conseil. Sur 876 clients, dépistage volontaire à 67%, âge médian 27 ans, femmes 51%, 22% de militaires seulement même si le centre est dans un hôpital militaire. Le retour au centre pour un nouveau test est de 18%.

Les facteurs en relation avec le retour sont: le jeune âge (<27 ans), de sexe féminin, des civils plus que militaires, le niveau d’études élevé, le statut marital (célibataires plus que les mariés). En conclusion, le retour du client est un défi, il faut renforcer le paquet d’activités de conseil pour le faire revenir.

L’expérience du conseil dépistage VIH au Burkina Faso chez des personnes séropositives

Le but est de définir les motivations de la demande du test chez les personnes séropositives et recueillir leur perception du principe des 3C. Des données ont été tirées de l’étude MATCH (qualitatives et quantitatives): Ont eu un Prétest 87%, avec consentement 96%, confiance en la confidentialité 84%

Les motivations du test sont : une maladie chronique qui traîne dans le temps, le décès du partenaire ou sa maladie, un enfant malade, une perte de poids.

Le counseling prétest n’est pas toujours systématique, le post test est sans annonce du résultat et avec référence vers le centre de CDV. Le caractère anonyme et confidentiel a été annoncé à tous mais il y a parfois des difficultés : les personnes peuvent être accompagnées, ce qui rompt la confidentialité et donne une assistance de moindre qualité comme première réaction de l’entourage.

Le consentement a été demandé la plupart du temps mais le caractère vraiment volontaire est parfois sujet à caution. En conclusion, on est plus dans une optique de dépistage diagnostique ce qui pose quelques problèmes au prestataire : doit-il à tout prix dépister pour traiter le plus tôt ou respecter le choix et la vie privée des patients?

CARESS: Prévention du VIH à base multisectorielle (Haïti)

La prévalencePrévalence Nombre de personnes atteintes par une infection ou autre maladie donnée dans une population déterminée. du VIH est de 2,2% à Haïti, la plus élevée dans l’hémisphère occidental. En 2005-2007, seuls 5% des hommes et 7% des femmes ont été testés au VIH, d’où l’initiative CARESS, une approche itinérante à assise communautaire. Les coûts de cette intervention sont très faibles, entre 0,8 et 5,6 USD par personne informée. Résultats: 5215 personnes testées en 40 jours contre 2500 par an et par site de CDV en moyenne dans le pays. Cette approche multisectorielle favorise la mise en commun des ressources existantes et la recherche de synergies et favorise la pérennité des actions.

>>> Casablanca 2010
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